Face à la douleur - L'Infirmière Magazine n° 233 du 01/12/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 233 du 01/12/2007

 

Prise en charge

Juridique

En France, si l'infirmière occupe un rôle clé dans la prise en charge de la douleur, elle est encore privée du droit de prescription, contrairement à bon nombre de ses collègues européennes.

« Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l'urgence des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont l'efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales avérées, prévoit le Code de la santé publique à l'article L. 1110-5. Les actes de prévention, d'investigation ou de soins ne doivent pas, en l'état des connaissances médicales, lui faire courir de risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté. »

Ces actes ne doivent pas être poursuivis avec une obstination déraisonnable. Lorsqu'ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris. Dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et soutient la qualité de sa vie en dispensant des soins palliatifs.

soins palliatifs

D'une manière générale, les professionnels de santé doivent déployer tous les moyens dont ils disposent pour assurer à chacun une vie digne jusqu'à la mort. Si le médecin constate qu'il ne peut soulager la souffrance d'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qu'en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d'abréger sa vie, il doit en informer le malade.

À ce titre, les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage.

humaniser

En cela, les soins palliatifs sont destinées à humaniser, autant que possible, le temps qui reste à ceux qui rentrent dans la dernière phase de leur vie. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques ainsi que les autres symptômes et de prendre en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle. Ils n'ont plus de visée curative et s'opposent, en cela, à tout acharnement thérapeutique.

proximité

Conformément à l'article R. 4311-2 du Code de la santé publique, « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l'évolution des sciences et des techniques. Les soins infirmiers ont ainsi pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle, [...] de participer à la prévention, à l'évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes, particulièrement en fin de vie au moyen des soins palliatifs, et d'accompagner, en tant que de besoin, leur entourage ».

À ce titre, l'infirmière joue un rôle primordial. Par sa proximité directe avec le malade et sa capacité d'écoute, elle est le véritable lien humain entre le médecin et le patient. Et justement, ses attributions en matière de prise en charge de la douleur tendent à s'étoffer.

indépendance

Dans de nombreux États étrangers, certaines infirmières sont autorisées à prescrire des médicaments dans le cadre des soins palliatifs. Dans près de quinze États d'Amérique du Nord, c'est le modèle de l'indépendance qui a été retenu. Les infirmières spécialisées dans le domaine de la douleur peuvent prescrire seules les opiacés. Dans une vingtaine d'États américains, c'est le système de la collaboration qui prévaut : après la signature de la prescription par le médecin, l'infirmière est habilitée à changer les doses ou la fréquence de l'administration.

protocole

Dans plusieurs États africains, et face à l'épidémie du sida, les infirmières peuvent prescrire, seules, de la morphine. En Suisse, c'est le modèle de « groupe protocolaire » qui a été retenu, permettant aux infirmières d'administrer des médicaments dans le cadre d'un protocole prédéterminé. Le Royaume-Uni, quant à lui, a décidé de former plusieurs milliers d'infirmières travaillant en milieu de soins palliatifs, afin de leur garantir un libre accès à l'ensemble des médicaments destinés à soulager la douleur.

Ces exemples étrangers renforcent l'idée qu'à l'avenir, l'amélioration de la prise en charge de la douleur ne pourra se faire sans s'appuyer sur un rôle de plus en plus important du corps infirmier, et sur la reconnaissance d'un droit à la prescription autonome, dans le cadre d'une formation adaptée.

À RETENIR

> Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée.

> Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade.

Ils sont réalisés en tenant compte de l'évolution des sciences et des techniques.

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