Le recueil des urines chez le nourrisson - L'Infirmière Magazine n° 233 du 01/12/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 233 du 01/12/2007

 

pédiatrie

Modes opératoires

OBJECTIF

- Recueillir les urines dans des conditions de stérilité, afin de dépister une infection urinaire.

- Récolter les urines, à intervalles réguliers, afin de suivre l'évolution de certains marqueurs urinaires (protéines, glucose, hématies, etc.) présents au cours d'affections aiguës ou chroniques.

- Surveiller la diurèse de l'enfant sur une période donnée, le plus souvent vingt-quatre heures. Dans les services de réanimation, les prélèvements peuvent être plus fréquents.

PRINCIPE ET BUT

Le recueil des urines chez le nourrisson consiste à installer un dispositif externe chez un jeune enfant pour qui la miction volontaire n'est pas encore acquise, afin de récolter une quantité d'urines suffisante en vue d'examens complémentaires :

- Soit le prélèvement doit être stérile et conditionne une technique rigoureuse afin que l'interprétation de l'examen cytobactériologique des urines (ECBU) soit fiable ;

- Soit le prélèvement s'inscrit dans une durée précise avec indication des périodes de recueil et des éventuelles pertes ou fuites.

MATÉRIEL

- Matériel antiseptique pour la toilette de la zone périnéale : solution de Dakin ou chlorhexidine ;

- Gants stériles ;

- Compresses stériles ;

- Poche à urines stérile adhésive, modèle fille ou garçon, avec embout collecteur muni d'un bouchon ;

- Flacon à ECBU avec étiquette du patient ;

- Bandelettes urinaires ;

- Couche neuve, paire de ciseaux, matériel de change ;

- Savon liquide et essuie-mains à usage unique à proximité.

TECHNIQUE

Déroulement du soin

- Installer le nourrisson sur le plan de change, à hauteur d'examen, sur un linge propre.

- Effectuer un change habituel avec toilette des parties génitales au savon liquide doux.

- Parler au nourrisson, le rassurer, afin qu'il soit le plus détendu possible (lui proposer un petit jouet à tenir dans la main) : toute crispation en adduction des membres inférieurs compromet l'adhérence parfaite du collecteur et donc la réussite de l'examen.

Procéder au soin :

- Se laver les mains ;

- Ouvrir les gants, les compresses et la poche stérile et fermer le collecteur avec le bouchon ;

- Imbiber les compresses d'antiseptique (garder quelques compresses sèches) ;

- Enfiler les gants ;

- Effectuer une désinfection soigneuse des organes génitaux en évitant de les toucher avec ses gants : chez la petite fille, utiliser une compresse par lèvre d'avant en arrière. Chez le petit garçon, décalotter avec précaution pour désinfecter correctement le méat urinaire ;

- Rincer à l'eau stérile et maintenir une compresse en place. Bien sécher le pourtour avec une compresse sèche ;

- Retirer la protection de l'autocollant et écarter les parois de la poche en la maintenant par le côté opposé à l'ouverture ;

- Bien coller la poche sur l'ensemble de l'adhésif ;

- Remettre une couche propre après avoir procédé à une incision dans le milieu afin de faire dépasser la poche (surveillance optimisée de la prochaine miction).

Recueil pour ECBU. Les conditions de réalisation du recueil sont primordiales pour permettre une interprétation valable de l'examen cytobactériologique.

Les difficultés pour prélever les urines dans de bonnes conditions sont nombreuses. Elles tiennent notamment aux écueils de la technique : décollage de la poche, fuite des urines, souillure fécale. En outre, la nécessité d'attendre une miction spontanée favorise la possibilité de contamination par les germes périnéaux. Il est recommandé de changer le collecteur toutes les trente minutes, en l'absence de miction, avec une technique de soin identique, et de poser un pansement colloïdal entre la peau et la poche en cas de pose répétée.

Dès la miction émise, le transfert des urines de la poche vers le flacon stérile est rapide et soigneux afin que le transport du prélèvement au laboratoire soit effectué (dans de la glace), dans un délai d'une heure. Sinon, le flacon est stocké à + 4°C pendant douze heures au maximum.

Les conditions de réalisation de l'examen sont transmises au laboratoire.

Recueil pour mesure de la diurèse. Il faut jeter les premières urines, puis noter l'heure et conserver toutes les urines émises par la suite dans un bocal fermé, pendant la période indiquée. La poche sera changée en cas de risque de fuites. Il est également possible de calculer la diurèse en pesant la couche après la miction pour évaluer le volume urinaire.

CONCLUSION

La technique du recueil par collecteur est la plus simple et la plus répandue en France, même si elle n'est pas considérée comme suffisamment fiable (30 à 65 % de faux positifs).

Pour compenser les défauts de cette méthode, il est préconisé d'effectuer au moins deux recueils distincts sur poche, puis de comparer les résultats. Certaines équipes recommandent d'attendre une miction et de recueillir l'urine, en milieu de jet, lors d'un change, ce qui demande beaucoup de patience mais garantit un moindre risque de contamination.

La ponction vésicale sus-pubienne et le sondage urétral ne sont utilisés que dans des cas précis de syndrome infectieux nécessitant une antibiothérapie rapide.

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