Contrôle prétransfusionnel et pose d'un concentré globulaire - L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008

 

hématologie

Modes opératoires

OBJECTIF

Réaliser un contrôle prétransfusionnel ultime selon la méthode de Beth Vincent et poser un concentré globulaire.

PRINCIPE ET BUT

Rechercher, à partir de sérums tests contenant des anticorps connus, le ou les antigènes fixés à la surface des hématies du patient et du concentré globulaire dans le but de vérifier la concordance entre le groupe sanguin du patient et le sang à transfuser, et éviter ainsi tout risque d'incompatibilité sanguine.

EFFECTUER LE CONTRÔLE PRÉTRANSFUSIONNEL

Matériel

- Lancette « pique-doigt » ;

- Échantillon du concentré globulaire (boudin accroché à la poche) ;

- Ciseaux ;

- Sérums tests anti-B, anti-A (vérifier dates de péremption) ;

- Support sur lequel on effectue le contrôle : il s'agit soit d'un kit unitaire de contrôle ultime prétransfusionnel de type Diagast ®, soit d'un carton délivré par le centre de transfusion sanguine ;

- Agitateur pour mélanger le sérum test et le sang ;

- Gants à usage unique.

Déroulement du soin. Le soin se réalise au lit du patient.

Pour les kits unitaires à usage unique. Se reporter aux indications du laboratoire (réhydratation des réactifs, temps de lecture, etc.).

Pour les cartons délivrés par le centre de transfusion sanguine. Sur le support, déposer deux gouttes du sang du patient (sang issu de la pose de la voie veineuse ou prélevé au doigt par une lancette). Sur la première de ces gouttes, déposer une goutte de sérum test anti-B et, sur la deuxième, une goutte de sérum test anti-A.

- Mélanger sérum test et goutte de sang à l'aide de l'agitateur, qui est essuyé entre chacune des manipulations.

- Procéder de même pour le concentré globulaire (sang issu des boudins de la poche sans les désolidariser de celle-ci).

- « Chalouper » le support afin d'obtenir un mélange homogène.

- Observer : les réactions doivent être identiques sur le sang du patient et sur le sang du concentré globulaire à transfuser. [Voir le tableau ci-contre].

POSER LE CONCENTRÉ GLOBULAIRE

Déroulement du soin.

Avant la transfusion.

- Vérifier :

- l'identité du patient (lui faire décliner son identité et/ou contrôler son identité sur la feuille d'admission) ;

- la carte de groupe sanguin du patient (deux déterminations sont obligatoires) avec date de naissance et sexe ;

- la date de la dernière RAI (recherche d'agglutinines irrégulières). Elle doit être inférieure à 72 heures en cas de transfusion antérieure ;

- la concordance entre la prescription médicale, le bordereau de livraison (numéro du concentré), la carte de groupe, le concentré globulaire (numéro du concentré).

- Noter, sur la feuille de traçabilité :

- le numéro du concentré globulaire ;

- la date et l'heure de la pose ;

- le nom de la personne qui a effectué le contrôle et qui va poser le concentré.

- Contrôler :

- la pression artérielle du patient ;

- la fréquence cardiaque ;

- la respiration ;

- la température.

- Noter ces chiffres sur la feuille de surveillance ; ils servent d'éléments de référence.

- Vérifier la perméabilité de la voie veineuse. À défaut, il faut choisir une veine de gros calibre pour obtenir un débit plus important ;

- Effectuer le contrôle ultime prétransfusionnel au lit du patient [comme expliqué précédemment] ;

- Procéder ensuite à la transfusion.

Pendant la transfusion.

- Commencer par un débit faible car les réactions éventuelles apparaissent très vite en début de transfusion.

- Rester près du patient pendant les dix minutes qui suivent la pose de la transfusion.

- Contrôler régulièrement la pression artérielle, la fréquence cardiaque et respiratoire et noter la valeur de ces paramètres sur la feuille de surveillance.

- Surveiller le débit de la transfusion, qui doit passer en 1 h 30 environ sans excéder deux heures.

- Si nécessaire, utiliser un manchon compressif pour accélérer le débit de la transfusion, compte tenu de la viscosité du sang.

- Dépister tout signe d'intolérance : pâleur, état cutané, tachycardie, essoufflement, douleur lombaire, céphalée, frissons, etc.

Après la transfusion :

- Retirer le dispositif. Éventuellement, le remplacer par une nouvelle tubulure et un soluté prescrit.

- Conserver la poche vide au minimum deux heures avant de la jeter.

- Mettre la plaquette du contrôle ultime dans le dossier du patient (attendre qu'elle soit sèche).

INCIDENTS

En règle générale, toutes les réactions à une transfusion sont graves et nécessitent l'appel du médecin et l'arrêt immédiat de la transfusion.

Choc anaphylactique. Conséquence d'une hémolyse par incompatibilité sanguine entre donneur et receveur. Les signes cliniques apparaissent quelques minutes après la pose de la transfusion.

Signes :

- dyspnée ;

- douleurs lombaires ;

- nausées ;

- céphalées ;

- tachycardie ;

- sensation de malaise.

Conduite à tenir. Il faut arrêter immédiatement la transfusion et :

- appeler le médecin ;

- garder la voie veineuse avec un glucosé ;

- effectuer des prélèvements pour une RAI (recherche d'agglutinines irrégulières) et un test de Coombs ;

- faire porter immédiatement au centre de transfusion sanguine, avec le concentré globulaire, la carte de groupe du patient et la feuille de traçabilité sur laquelle seront portés les signes cliniques observés ainsi que l'heure de leur apparition.

Réactions allergiques. Prescription d'antihistaminiques ou de corticoïdes.

Surchage volémique ou oedème aigu du poumon. Mise en place d'une réanimation.

Choc infectieux. Mise en place d'une réanimation et prescription d'antibiotiques.

CONSIGNES ET CONSEILS PRATIQUES

- Rappel : le principe fondamental en matière de transfusion sanguine consiste à effectuer des transfusions isogroupes et isorhésus.

- Pour toute transfusion, on doit :

- tenir compte des antigènes et des anticorps que présente le receveur ;

- vérifier les dates de péremption des sérums tests ainsi que leur bonne conservation ;

- utiliser une voie veineuse périphérique de bon calibre ;

- si le patient doit recevoir plusieurs concentrés globulaires, effectuer les contrôles prétransfusionnels les uns après les autres immédiatement avant de transfuser ;

- un seule et même personne doit effectuer le contrôle ultime prétransfusionnel et la pose du concentré globulaire.

ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DU SOIN

- Les étapes du contrôle ultime prétransfusionnel et de la pose sont scrupuleusement suivies :

- la voie veineuse est perméable ;

- le débit de la transfusion est conforme à la prescription ;

- l'état hémodynamique du patient (FC, PA, FR) est stable ;

- le patient ne présente aucune réaction secondaire (nausées, céphalées, dyspnée, frissons) ;

- le dossier transfusionnel est tenu à jour.

- Tous les événements indésirables qui ont entraîné l'arrêt de la transfusion doivent être scrupuleusement consignés. Ils devront faire l'objet d'une déclaration auprès du médecin responsable de l'hémovigilance au sein de l'établissement.

Ce que disent les textes

« L'infirmière est habilitée à accomplir sur prescription médicale écrite qualitative et quantitative, datée et signée, les actes ou soins infirmiers suivants, à condition qu'un médecin puisse intervenir à tout moment : injections et perfusions de produits d'origine humaine nécessitant préalablement à leur réalisation un contrôle de compatibilité obligatoire effectué par l'infirmière. »

Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004.