Le doute persiste - L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008

 

Hépatite B

Actualités

Santé

Alors que la polémique bat son plein, des sociétés savantes accentuent le lobbying pour reprendre la vaccination universelle.

« Rebondissez ! » À l'heure où la justice se penche sur le vaccin contre l'hépatite B, plusieurs sociétés savantes semblent avoir repris pour elles le slogan de la 3e Journée nationale hépatite, le 19 janvier. L'Association française pour l'étude du foie et l'Association nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales accentuent en effet le lobbying en faveur de la vaccination universelle des nourrissons, et d'un programme de rattrapage pour les enfants et les adolescents qui n'ont pas été vaccinés.

contre-feu

Les conclusions du Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 25 décembre plaident en ce sens : entre 2004 et 2006, 469 cas d'hépatite B aiguë ont été repérés en France. La moitié d'entre eux auraient été évités « si les recommandations de vaccination en vigueur avaient été respectées et le dépistage autour d'un cas effectué », soulignent les auteurs de l'article.

Pour les partisans du vaccin, il s'agit surtout d'allumer un contre-feu lors de l'audition, en tant que témoins assistés, des laboratoires qui ont fabriqué le produit, GlaxoSmithKline et Aventis. À l'origine de l'affaire, une plainte contre X de six personnes qui ont développé des atteintes démyélinisantes qu'elles imputent au vaccin. L'instruction, menée par la juge Marie-Odile Bertella-Geoffroy au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris, devra se prononcer sur les accusations d'« homicide et blessures involontaires » et de « tromperie aggravée ».

« comme le sida »

Pendant la campagne de vaccination massive, entre 1994 et 1998, des dépliants distribués présentaient l'hépatite B comme un virus aussi dangereux que le sida, et transmissible par la salive.

Le lien entre le vaccin et les atteintes démyélinisantes n'a jamais été prouvé. « Les laboratoires nient d'ailleurs tout lien de causalité », relève Bernard Fau, avocat de plusieurs parties civiles. Les études et expertises sur le sujet se contredisent.

Néanmoins, en mars 2007, le Conseil d'État a reconnu la sclérose en plaques d'une infirmière de l'hôpital de Sarreguemines (Moselle) comme un accident du travail, le vaccin contre l'hépatite B lui ayant été imposé par l'administration.

« manque de confiance »

« C'est le statut de la fonction publique qui reconnaît aux professionnels de santé le droit à l'indemnisation, sans qu'il soit nécessaire d'établir un lien de causalité », relativise Bernard Fau. Reste l'accusation de tromperie aggravée, pour laquelle ce lien n'a pas à être établi.

La polémique n'entame pas la confiance de Patrick Marcellin, du service hépatologie de l'hôpital Beaujon, à Clichy. « L'ensemble des professionnels de santé pense que la vaccination est une priorité contre l'hépatite B. » « La couverture vaccinale de la France est parmi les plus faibles. C'est d'autant plus stupide que les risques sont clairement identifiés », renchérit Jean-Pierre Zarski, président de la Fédération nationale des pôles de références et réseaux Hépatite. Ce qui n'empêche pas Anne-Marie Jullien, de la Direction générale des soins, de relever « le manque de confiance » qui existe aujourd'hui vis-à-vis du vaccin, y compris dans la communauté médicale.