Les patients se rebiffent - L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008

 

Franchises médicales

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Partenaires de soins

Alors que quatre patients ont arrêté leur traitement pour protester contre le dispositif, Nicolas Sarkozy accumule les maladresses.

« En grève des soins ! » La levée de boucliers des patients contre les franchises médicales met le gouvernement dans l'embarras. Depuis le 1er janvier, date d'entrée en vigueur du nouveau dispositif, quatre patients ont annoncé qu'ils arrêtaient leur traitement en signe de protestation, mettant ainsi leur vie en danger.

« tester » le gréviste

Le premier à avoir sauté le pas est Bruno-Pascal Chevalier, un travailleur social séropositif de 45 ans. Depuis septembre dernier, il a arrêté sa trithérapie. « Je voulais être certain de ma décision, en mesurer tout l'enjeu, avant de la rendre publique , en janvier », a-t-il indiqué.

Embarrassée par ce nouveau mode de contestation, Roselyne Bachelot s'est empressée de recevoir Bruno-Pascal Chevalier. De son entrevue avec la ministre, ce dernier ne retient rien de concret : « Elle m'a écouté, m'a dit que je devais reprendre mon traitement. En fait, elle voulait surtout me tester, voir s'il y avait des gens derrière moi. »

« somme modeste » ?

Sur son site Internet(1), Bruno-Pascal Chevalier a mis en ligne la lettre qu'il a adressée à Nicolas Sarkozy. Dans sa réponse, datée du 14 janvier, le président de la République n'ouvre aucune porte à une remise en cause du dispositif. Et additionne les maladresses : ces franchises, plafonnées à 50 euros par an, correspondent à « une somme qui reste modeste », estime le chef de l'État, alors que Roselyne Bachelot avait eu toutes les peines du monde à faire oublier sa sortie du 17 août dans le quotidien Sud-Ouest : « Quelle est la personne qui ne peut pas payer quatre euros par mois ? » s'était demandée la ministre, avant de procéder à un rétropédalage en règle.

Deuxième bourde de Nicolas Sarkozy : «Les franchises sont assurables par les organismes complémentaires dans le cadre des contrats responsables», croit savoir le président, alors que la loi l'exclut expressément.

« sur la conscience »

Lors de ses voeux à la presse, le 18 janvier, Roselyne Bachelot n'a pas pu esquiver les questions sur les franchises. Demandant aux patients de reprendre leur traitement, elle s'est posée en « défenseur de la démocratie », insistant sur l'aspect « individuel » de la démarche des grévistes.

Les associations de patients sont nombreuses à s'être mobilisées, à l'instar d'Act Up ou de la Fédération nationale des insuffisants rénaux. Gérard Raymond, président de l'Association des diabétiques, a même mis en garde les responsables politiques contre « des morts » qu'ils pourraient avoir « sur la conscience ».

effets de seuil

Également en colère, les handicapés, qui brocardent les effets de seuil. Des malades vivent en effet en situation de précarité sans être affiliés à la CMU, comme certains handicapés. L'allocation aux adultes handicapés (AAH), fixée à 621,27 euros, dépasse ainsi de 15 euros le revenu maximum pour être affilié à la CMU complémentaire, relève la Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Or, l'affiliation à la CMU est un des trois critères pour échapper aux franchises. Conséquence : les handicapés seront « encore un peu plus » marginalisés.

Les franchises, notamment destinées à financer le plan Alzheimer, sont de 50 centimes par boîte de médicament et par acte paramédical, et de 2 euros par transport sanitaire. Elles s'ajoutent au forfait de 1 euro par consultation, également plafonné à 50 euros par an. Les femmes enceintes, les mineurs et les bénéficiaires de la CMU en sont exemptés.

1- http://www.grevedesoins.fr.