Retour à la crèche - L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008

 

petite enfance

Dossier

De plus en plus demandées dans ces lieux d'accueil, les infirmières s'y voient confier une palette de responsabilités plus large qu'à l'hôpital.

La « crèche » de grand-maman aurait-elle fait son temps ? Aujourd'hui, pour parler le langage officiel, il faut dire « établissement ou service d'accueil des enfants de moins de 6 ans » ! L'appellation est un peu compliquée, mais elle permet de regrouper des structures dont les visages se sont multipliés en quelques décennies, de la crèche municipale à la halte-garderie en passant par la crèche familiale (lire l'encadré p. 6). Les missions données à ces structures ont, elles aussi, nettement évolué. Il y a encore une trentaine d'années, les crèches étaient chargées essentiellement de faire de la garde d'enfants. Aujourd'hui, il s'agit de lieux très réglementés, au sein desquels le personnel prend en considération la petite enfance dans toutes ses dimensions : sanitaire et sociale, mais aussi pédagogique et éducative, avec un important travail sur l'éveil et la psychomotricité.

Le rôle que les infirmières peuvent jouer dans ces structures a épousé ces évolutions. Avec une nouveauté intéressante : elles peuvent désormais s'y voir confier des postes de direction sans avoir le diplôme de puéricultrice. Conséquence des décrets du 1er août 2000 puis du 20 février 2007, une IDE, sous certaines conditions, peut devenir directrice adjointe d'une crèche. Et même, sur dérogation (1), prendre le poste de directrice.

De la garderie à l'éducation

Mais avant cela, l'histoire a fait un petit détour. Au début du XXe siècle, les premières crèches apparaissent, sous l'effet de l'industrialisation du pays et du travail des femmes. La PMI (protection maternelle et infantile) est créée en 1945, et entraîne la création dans son sillage de crèches, mises sous tutelle de l'État et de la médecine. À cette époque, la priorité est donnée à l'hygiène. On ne parle pas de l'épanouissement, et encore moins de la psychologie de l'enfant ! La crèche est avant tout un lieu de garde. Chasse aux microbes oblige, les parents n'entrent pas dans l'établissement. Ils déposent leur enfant, qui est immédiatement déshabillé et reste toute la journée en body. Dans les crèches, les infirmières jouent alors un rôle de premier plan.

L'enfant, un sujet social

Le tournant s'amorce autour de 1968. Désormais, les parents ne souhaitent plus que la crèche veille uniquement sur la santé et l'hygiène de leur enfant. Cette nouvelle mentalité va être à l'origine de la création des crèches parentales. Quant au diplôme d'éducatrice pour jeunes enfants (EJE), il voit le jour en 1973, notamment grâce aux recommandations des médecins-chercheurs ou psycho-sociologues René Spitz, Henri Wallon, Irène Lézine et Jean Piaget, qui focalisent leurs recherches sur le développement de l'enfant. Et pour la première fois, en 1974, le rôle des crèches est redéfini, et la relation avec les parents est évoquée.

À partir de 1975, les établissements de plus de 40 berceaux se voient dans l'obligation d'embaucher une EJE. Et en 1981, un rapport officiel préconise le respect des rythmes de vie de l'enfant et son éveil culturel. Le voilà reconnu comme un sujet social. La crèche devient un lieu où on met tout en place pour son épanouissement.

C'est aussi à cette période que l'embauche des infirmières (IDE) connaît une baisse, à l'avantage des EJE et des puéricultrices. La situation actuelle en est le reflet. En 2004, 80 % des directrices de crèches collectives (et 85 % pour les crèches familiales) étaient des puéricultrices. Et on constate, sous l'effet de la réglementation, que plus les structures d'accueil sont importantes, plus elles sont gérées par des puéricultrices. En revanche, les haltes-garderies, qui accueillent dans 90 % des cas moins de 20 enfants, sont gérées à 67 % par des éducatrices de jeunes enfants.

Moins dur qu'à l'hôpital

Quand les postes de direction ne sont pas occupés par des soignants (médecin, infirmière ou puéricultrice), une infirmière doit intervenir dans la crèche un certain nombre d'heures par semaine en fonction du nombre de berceaux : quatre heures pour dix berceaux, huit heures pour vingt berceaux, etc. Les infirmières missionnées sont soit en intérim, soit à temps partiel. Ou alors, elles travaillent de manière mutualisée, dans plusieurs crèches.

Anne, 52 ans, exerce depuis peu de temps dans la crèche interentreprises Les Violettes, à Toulon. « La directrice est une éducatrice de jeunes enfants. Je viens donc 8 heures par semaine, puisqu'elle a aujourd'hui une vingtaine de berceaux occupés. Mon travail consiste à superviser l'administration des médicaments, que seuls les soignants peuvent effectuer. J'assiste le médecin dans sa visite hebdomadaire. Je donne aussi des conseils sur l'hygiène et l'alimentation. » « Le reste du temps, poursuit-elle, je participe à l'éveil des enfants, avec le reste du personnel. J'apprécie énormément ce travail, qui concilie mon expérience de soignante et ma passion des enfants. J'aime le contact avec les tout-petits. Et celui-ci n'est pas le même avec des enfants sains qu'avec les petits malades de l'hôpital. À côté de ce travail, je réalise d'autres missions d'intérim, dans différents secteurs. »

« À l'hôpital, on travaille d'abord pour le confort physique de l'enfant, constate pour sa part Dominique, formatrice dans une école de puéricultrices. On voit régulièrement des enfants souffrir, le travail est souvent dur. Une infirmière ou une puéricultrice qui quitte ce milieu recherche fréquemment des horaires qui soient plus compatibles avec sa vie de famille. Ensuite, elle cherche à participer à l'éveil de l'enfant sur du long terme, en complémentarité avec les parents. C'est un travail axé sur le relationnel : il demande des capacités d'écoute, d'accompagnement et de rigueur. »

Et lorsque l'infirmière, ou la puéricultrice, devient elle-même directrice ou directrice adjointe, « on quitte la dimension de soignant pour passer à un rôle de cadre, porté sur l'accompagnement, poursuit Dominique. À l'hôpital, on exécute les soins. À la crèche, on encadre le personnel qui dispense les soins. Je pense aussi que dans ce secteur extra-hospitalier, on a plus de liberté d'action pour faire bouger les choses. »

Deviens puer' d'abord !

Il est encore rare qu'une infirmière titulaire d'un simple DE devienne directrice. C'est néanmoins possible, notamment pour celles qui ont acquis une bonne expérience en crèche ou en service pédiatrique, ou qui sont passées par le poste d'adjointe (1). Il arrive également - beaucoup plus souvent - que les employeurs demandent aux infirmières de devenir puéricultrice d'abord. Cela suppose de passer le concours d'une des écoles reconnues. Il comporte deux épreuves écrites : la première est constituée de questions à choix multiples, et la seconde de tests psychotechniques permettant d'évaluer les capacités d'analyse et de synthèse des candidates. Celles qui sont reçues à l'écrit passent ensuite une épreuve orale d'admission. Les cours durent une année (souvent de janvier à décembre), rythmée par de nombreux stages en services de pédiatrie, néonatalogie, maternité, crèches, PMI, etc.

Sandrine, 33 ans, infirmière depuis neuf ans, a travaillé six ans aux urgences pédiatriques de l'hôpital Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine). Début 2007, elle a postulé pour un poste de directrice de crèche. La condition de son embauche, c'était qu'elle passe son diplôme de puéricultrice. Elle a raté l'admission en école l'an passé, mais suit des cours par correspondance pour retenter l'épreuve. « Je prendrai le poste de directrice quand j'aurai ce diplôme. Je suis plutôt favorable à cette condition. J'ai l'habitude de travailler avec des enfants, mais le rapport n'est pas le même. Aux urgences, j'étais en contact avec eux pour un court moment et notre relation était essentiellement basée sur l'hygiène et la gestion de la douleur. J'avais un travail bien défini. À la crèche, c'est une multitude de tâches qu'on me demande ! Pour le moment, j'observe le fonctionnement de la crèche, le rôle de chacun. Ce qui me semble le plus complexe, c'est la gestion d'une équipe. »

Aide à la formation

Pour décrocher le diplôme de puéricultrice, il est possible de bénéficier d'une prise en charge dans le cadre de la formation professionnelle continue : la formation de l'infirmière est payée et son salaire maintenu (2). Ainsi, la mairie de Paris a mis en place un dispositif d'accompagnement pour les IDE devenues directrices ou directrices adjointes. « Elles pourront bénéficier d'une préparation au concours d'entrée des écoles de puériculture. Des cours leur seront dispensés pendant leurs heures de travail par des organismes professionnels. Une fois le concours en poche, la Ville prendra en charge les frais d'inscription de l'école et maintiendra leur salaire pendant l'année de formation. Ce dispositif débutera en 2008 », explique Cyrille Pajot, chef du bureau des personnels à la direction (municipale) des familles et de la petite enfance.

En 2006, 66 infirmières travaillaient dans des crèches de la Ville de Paris... contre 489 puéricultrices et 791 EJE. Mais, compte tenu notamment des possibilités offertes par les nouveaux décrets, « ce chiffre augmente chaque année depuis 2000 et devrait connaître une nette progression dans les années à venir », prévoit Cyrille Pajot. Ce retour en grâce est dû en grande partie à la situation de pénurie de personnel que connaissent les structures d'accueil de la petite enfance. Mais le résultat est là : après avoir été une espèce en voie de disparition, les infirmières de crèche se voient proposer de nouvelles responsabilités.

Multiples casquettes

D'ores et déjà, Sandrine, la future directrice, raconte avec plaisir qu'elle a été très bien accueillie, d'une part par l'équipe, mais également par les enfants et leurs parents. « Je sens qu'ils sont en demande. Peu de temps après mon arrivée, ils me posaient déjà des questions sur la santé ou l'hygiène de leur enfant, sur les gestes à faire pour éviter les gastro-entérites, ou encore sur les meilleures manières de moucher leur bébé. Je sens les parents rassurés, du moins intéressés par notre casquette d'infirmière », continue la jeune femme.

Justement, la fonction de directrice de crèche demande une grande polyvalence. Elle implique plusieurs types de compétences, que l'on pourrait situer sur quatre axes. Premier volet, l'encadrement et la gestion du personnel : il s'agit entre autres d'accueillir les personnes qui viennent d'être embauchées, répartir leurs tâches, les informer sur les formations, établir les plannings, réaliser des entretiens d'évaluation, gérer les conflits. Angélique (3), directrice d'une crèche du XIe arrondissement depuis vingt ans, explique que ce travail est passionnant mais complexe : « Nous travaillons essentiellement avec des auxiliaires de puériculture, dont l'orientation est devenue une voie de garage. En classe de troisième, on demande aux jeunes filles qui doivent se faire orienter si elles aiment les enfants... Et elles se retrouvent à suivre une formation d'auxiliaire, qui dure à peine une année ! Et comme on manque cruellement de personnel, elles sont toutes embauchées. Certaines sont formidables... mais c'est difficile de travailler avec celles qui ne sont pas motivées, qui n'adhèrent pas au programme pédagogique, ou qui font seulement du "gardiennage". Et c'est la Ville qui les recrute, pas nous. On ne peut pas se séparer de celles qui ne correspondent pas. »

Vigilance sur la santé

Le deuxième volet du métier des directrices d'établissement, c'est la prévention sanitaire, l'hygiène et la sécurité. Il englobe le suivi médical des enfants avec l'administration des médicaments, l'accueil des enfants handicapés, l'élaboration des menus dans le respect de la diététique, et la mise en oeuvre des conditions d'hygiène et de sécurité à tous les niveaux. Aurélie a 30 ans, elle est infirmière depuis huit ans et vient de décrocher son diplôme de puéricultrice. « J'ai été surprise de voir à quel point l'observation faisait partie du travail du personnel de crèche. Je me souviens d'un petit bonhomme de 17 mois qui ne marchait pas. Toute l'équipe se posait des questions. La directrice m'a demandé de l'observer. En me focalisant sur lui, mais aussi sur sa maman, j'ai compris que c'était un enfant qui manquait de sécurité affective. Sa mère l'élevait seule, elle l'avait confié tard à la crèche. Bref, il était insécurisé. Nous avons donc organisé une réunion et demandé à toute l'équipe de l'entourer davantage. Deux semaines plus tard, il galopait ! Notre travail, c'est d'observer leur développement psychomoteur, dépister d'éventuels retards ou des signes de maltraitance. C'est un lieu d'éveil où on leur apprend à s'autonomiser, grâce à une pédagogie adaptée et au respect de leur rythme. »

Projet d'établissement

La gestion, troisième volet, implique autant l'entretien et la maintenance des locaux que des aspects administratifs : constituer les dossiers d'admission, gérer le budget, etc. « Nous avons à la fois beaucoup de responsabilités mais en même temps peu d'autonomie. Nous sommes par exemple responsables des bâtiments, mais sans être habilitées à appeler le plombier. Nous devons passer par le bureau municipal des travaux, ce qui n'est pas toujours la voie la plus rapide ! On perd du temps avec ces histoires », regrette Christine, directrice d'un établissement de 60 berceaux.

Enfin, quatrième et dernier volet : l'élaboration et le suivi du projet d'établissement. Il s'agit d'élaborer un projet d'établissement avec trois volets, social, éducatif et pédagogique, préparé par le personnel de la crèche et validé avec les partenaires comme la CAF, la PMI, les collectivités locales, etc. « Qu'est ce qui fait que d'un groupe nous devenons une équipe ? C'est le suivi par tous du projet éducatif. Chez nous, il comprend quatre volets. D'abord, l'individualisation. C'est le respect de chacun, de son rythme, de son rituel. Par exemple, on préférera dire "Venez, Pierre, Paul, Jacques", à "Venez les enfants". Ensuite, les règles à inculquer aux enfants, notamment celles qui permettent d'éviter de se faire mal. Le troisième point, c'est le libre choix des activités. Enfin, nous avons opté pour une pédagogie active et non traditionnelle. Nous ne montrons pas à l'enfant comment faire un escargot en pâte à modeler. Nous l'invitons à le faire lui-même, afin qu'il trouve et qu'il découvre lui-même. Bien entendu, nous restons à ses côtés pour l'encourager ! », poursuit Angélique.

Inquiétudes

Si le travail est passionnant, la plupart des directrices trouvent désolant que le salaire ne soit pas en adéquation avec leurs responsabilités. « Nous sommes responsables des enfants, c'est nous qui devront rendre des comptes s'il leur arrive quelque chose », explique l'une d'elles. Elles sont également inquiètes de la tournure que prend le métier. « Le décret [de février 2007] ouvre le poste aux psychologues, aux institutrices et aux éducatrices (EJE) [suivant le nombre de berceaux, ndlr]... Je pense que cette fonction doit davantage revenir à des puéricultrices, qui connaissent parfaitement la petite enfance, de 3 mois à 3 ans. Tous les jours, nous avons plusieurs parents qui nous questionnent sur leur enfant : "Est-il trop maigre, trop petit, trop gros ? Pourquoi se réveille-t-il chaque nuit ? Pourquoi régurgite-t-il autant ? Comment le moucher correctement ?" Les parents sont rassurés de pouvoir nous poser ces questions, surtout pour leurs enfants de moins de 18 mois. Les mamans nous posent aussi de nombreuses questions sur l'allaitement prolongé. C'est plus facile pour un soignant, qui connaît cette question, de les accompagner efficacement. »

« Idem pour la diversification de l'alimentation, poursuit cette directrice. Vous me direz que c'est le rôle du pédiatre de répondre à ces questions... Mais dans la pratique, au quotidien, les parents ne dérangent pas le pédiatre au moindre doute pour ce genre de question. C'est donc à nous, personnel de santé, de les accompagner, de leur apporter des réponses professionnelles. C'est rassurant pour les mamans d'avoir une pro des bébés ! Ce décret dit en gros qu'on peut supprimer cette surveillance médicale. Et parallèlement à cela, il demande d'accueillir davantage d'enfants handicapés ou atteints de maladies chroniques ou d'allergies ! Ce décret minimise l'importance de la connaissance de la santé, mais venez donc voir sur le terrain si la problématique santé n'est pas abordée tout au long de la journée ! », proteste Christine, responsable d'établissement.

Mathilde (3), une éducatrice (EJE) qui travaille comme adjointe dans la crèche d'Angélique, est d'accord avec ce discours. Elle précise néanmoins qu'à partir des 18 mois de leur enfant, les parents sollicitent moins le personnel avec des questions sanitaires mais davantage sur des questions en rapport avec l'éveil de leur enfant. Et dans ce cas-là, elles sont autant à même de leur répondre... voire plus !

Binômes efficaces

Cyrille Pajot, à la direction de la famille et de la petite enfance de la Ville de Paris, précise que toutes les dérogations prévues par le décret ne seront pas forcément utilisées. « Nous avons créé ces dernières années de nombreuses places en crèches. Il nous faut donc embaucher du personnel et des dirigeants. Et face à la pénurie d'infirmières et donc de puéricultrices, il valait mieux prévoir un repli possible. Mais jusqu'à présent, du moins à Paris, nous n'avons pas eu à nous servir de ces dérogations ouvrant les postes à d'autres profils », poursuit M. Pajot. Ce dernier estime qu'évincer les puéricultrices serait une erreur. « Je constate que les binômes de dirigeants composés d'une puéricultrice et d'une éducatrice (EJE), ou d'une EJE et une infirmière fonctionnent et se complètent parfaitement. Nous avons tout intérêt à les préserver ». Autant dire que les puéricultrices et les infirmières ont encore de belles carrières en crèches devant elles !

1- a) Pour devenir directrice adjointe, une IDE doit justifier de deux ans d'expérience auprès de jeunes enfants.

b) Sur dérogation, une IDE avec trois ans d'expérience peut devenir directrice d'une crèche de moins de 20 places. C'est également possible dans une structure de plus de 40 places, notamment après avoir été directrice ou directrice adjointe d'une crèche pendant cinq ans. Se référer au guide Accueil de la petite enfance [encadré « À lire » ci-contre].

2- Il est possible de se renseigner sur la formation continue auprès des écoles de puéricultrices ou des conseils régionaux.

3- Son prénom a été modifié.

établissements

DES MODÈLES DIVERSIFIÉS

Il existe une grande variété de modes d'accueil des jeunes enfants. Le plus répandu est la crèche municipale, gérée par une collectivité locale, une mairie ou une communauté de communes. La crèche parentale, elle, est gérée par des parents regroupés en association. Ils s'occupent de la partie administrative et assurent une partie des heures d'encadrement des enfants, jusqu'à un quart du temps. Des professionnels de la petite enfance assurent le temps restant. Il existe également des crèches associatives, soutenues par les pouvoirs publics. La crèche privée, gérée par une entreprise privée, a pour objectif de faire des bénéfices. La crèche d'entreprise, de son côté, permet à un employeur de proposer un service de garde d'enfants à ses salariés.

Enfin, le concept de la crèche familiale est quelque peu différent. Les enfants sont gardés au domicile d'assistantes maternelles qui dépendent de cette crèche. Une fois par semaine environ, elles emmènent les enfants au relais d'assistantes maternelles (RAM), où ils pratiquent des activités. La directrice du relais est le plus souvent une puéricultrice.

témoignage

UNE CRÈCHE HOSPITALIÈRE

« C'est particulier, de travailler dans une crèche qui accueille les enfants des professionnels de l'hôpital, observe Martine Guiot, puéricultrice et directrice de la crèche de Bretonneau, à Paris. D'abord, parce que nous avons une grande flexibilité dans les horaires. Nous sommes ouverts de 6 h 30 à 21 h 30, le week-end également. Tous les enfants ont leur propre planning, calqué sur celui du ou des parents qui travaillent à l'hôpital. Les enfants peuvent venir seulement 8, 12 ou 15 jours dans le mois, mais pour de nombreuses heures d'affilée. Il faut que les petits aient des repères solides : les transmissions sont donc essentielles.

Notre autre spécificité est de nous situer au centre de l'hôpital, structuré en maisonnées pour personnes âgées. La rue intérieure de l'hôpital est commune, les enfants croisent donc quotidiennement les résidents, notamment quand ils jouent. La rencontre de ces deux générations est très enrichissante. Les anciens sont heureux de se sentir utiles, par exemple quand nous organisons des ateliers communs : gommettes, collages ou cuisine. Cela apprend aussi aux plus jeunes ce qu'est la vieillesse. Ils apprécient souvent la lenteur des anciens, leurs caresses douces, leur regard chargé d'émotions. Ce sont de très belles rencontres, qui égaient les journées de chacun d'entre nous. »

En chiffres

> En France, en 2005, 40 % des enfants qui n'étaient pas encore scolarisés étaient accueillis dans des structures d'accueil pour enfants de moins de six ans.

> En 2003, on comptait 9 607 établissements.

> Sur l'ensemble du pays, en 2004, 254 000 enfants avaient une place dans un établissement d'accueil collectif, et plus de 61 000 étaient gardés par une assistante maternelle dépendant d'une crèche familiale.

Sources : Drees

à l'étranger

PAS FACILE POUR TOUS...

En matière de garde des jeunes enfants, l'Angleterre est certainement le pays européen qui détient la plus mauvaise note. Moins de 2 % des petits Anglais sont gardés dans une institution financée par l'État. Entreprises, associations et familles créent elles-mêmes des garderies. Les Anglais font aussi appel à des éducatrices indépendantes (nounous) ou à des jardins d'enfants, souvent hors de prix.

En Allemagne, il faut souvent choisir entre maternité et carrière. C'est le pays européen où les femmes travaillent le moins et où elles ont le moins d'enfants (1,3 enfant par femme, contre 2 pour les Françaises). Seuls 6 % des petits Allemands ont une place en crèche publique. De nombreuses garderies privées existent, mais encore une fois très chères. Les pays scandinaves sont les seuls à nous faire rêver. La quasi-totalité des enfants ont des places en crèche. Certaines sont ouvertes 24 heures sur 24. Il existe également des crèches à thèmes, qui favorisent la musique pour l'une, le dessin ou l'informatique pour les autres. De quoi donner envie de faire beaucoup d'enfants !

Sources : Drees et Insee, 2000.

À lire

> Accueil de la petite enfance, guide pratique téléchargeable sur http://www.travail-solidarite.gouv.fr, rubrique « Famille-enfance ».

> L'Auxiliaire de puériculture en crèche, de C. Boussaroque, É. Haentjens et F. Jaquet, éd. Estem, 2006, 18 euros.

> Paroles de tout-petits, de G. Cullere-Crespin, Albin-Michel, 2006, 14 euros.

> L'Inconscient à la crèche, de D. Mellier et D. Houzel, éd. Érès, 2004, 25 euros.

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