Utiliser le Méopa - L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 235 du 01/02/2008

 

Soins douloureux

Thérapeutiques

En pédiatrie, comme chez les adultes, ce produit gazeux est souvent administré pour soulager la douleur et l'anxiété liée aux soins.

Même si son principe actif est connu depuis plus de 200 ans, l'utilisation du Méopa (mélange équimoléculaire oxygène-protoxyde d'azote) comme analgésique est longtemps restée marginale. Dans les années 1990, les fabricants ont amélioré le système d'inhalation de ce gaz et l'ont adapté à l'enfant : valve anti-retour, masques colorés et parfumés, etc. Depuis 2001, il est commercialisé sous deux noms : Kalinox ® et Medimix ®.

indications

Ce produit est recommandé dans tous les services médicaux, chirurgicaux et d'urgences de pédiatrie. « Il doit être proposé pour tous les soins engendrant une douleur légère à modérée », indiquait l'Anaes (1). Une étude récente (2), réalisée dans une trentaine d'hôpitaux français sur des enfants de zéro à dix-huit ans, a montré que le Méopa avait été utilisé à 28 % pour des ponctions lombaires, à 23 % pour des myélogrammes, à 21 % pour des points de suture, à 7 % pour des soins comme des pansements ou des ablations de drains. Viennent ensuite des cas de petite chirurgie, ponctions diverses, fractures et fibroscopies bronchiques.

effets

L'inhalation de ce gaz modifie l'état de conscience du patient mais celui-ci réagit toujours et peut communiquer avec son entourage. Le Méopa permet au patient de se détendre grâce à son aspect anxiolytique et euphorisant. Il lui offre également une facette antalgique.

Quasi inexistants, les effets indésirables (nausées, vomissements, sensation de planer, angoisses, euphorie...) disparaissent dans les minutes qui suivent l'arrêt de l'inhalation. Le Méopa est néanmoins déconseillé chez les enfants dont l'altération de l'état de conscience empêche la coopération. Ainsi, la présence des parents est primordiale pour rassurer les plus petits. « Quand les enfants pleurent, ils ne respirent pas correctement le gaz et l'effet est amoindri », explique Delphine Fénérol, infirmière aux urgences de Poissy. « Quand l'enfant coopère, ça se passe toujours bien. C'est rapide et efficace », poursuit-elle.

qui peut l'utiliser ?

L'administration du Meopa ne demande pas obligatoirement la présence d'un médecin. Les infirmiers peuvent pratiquer cette opération s'ils y ont été formés. Le texte de l'autorisation de mise sur le marché précise que les connaissances de ce personnel paramédical devront être réévaluées régulièrement. Un médecin devra vérifier que l'enfant ne présente aucune contre-indication à cette inhalation.

conseils

- Il est indispensable de préparer attentivement l'enfant, lui expliquer en détail ce qu'on va lui faire et quels seront les effets.

- Se rappeler que le gaz n'est pas assez puissant pour effacer la peur de l'enfant et qu'il faut attendre trois minutes, une fois le masque posé, pour que le gaz fasse effet.

- Attendre que l'enfant soit calme, détendu, avant de lui expliquer le processus. Engager par exemple la conversation avec lui, sur un tout autre sujet.

- Associer éventuellement l'un des parents, en lui expliquant son rôle.

- Une fois qu'on sent l'enfant en confiance, lui montrer le masque et le sifflet qui seront utilisés. L'idéal, pour les plus jeunes, est de leur faire choisir les couleurs et les parfums des masques, afin qu'ils se sentent acteurs de l'opération.

- Décrire à l'enfant l'état par lequel il va passer. Par exemple : « Tu vas avoir envie de rigoler, tu vas te sentir tout bizarre, mais ça te permettra d'avoir moins mal, voire de ne presque rien sentir quand on va te retirer ton drain. »

- Si l'enfant est angoissé et agité, il ne faut pas lui appliquer le masque de force. Sa respiration hachée risque de faire échouer l'opération, laquelle pourrait être traumatisante.

- Surveiller l'enfant en permanence. Euphorique ou désorienté, il risque de tomber de la table d'examen. Il faut par ailleurs s'assurer qu'aucune fuite ne s'échappe du masque.

- Pendant tout le temps de l'inhalation, parler avec l'enfant pour suivre son état.

- L'effet se dissipant rapidement, l'enfant pourra repartir une fois le soin effectué, sans passer par la salle de réveil.

1- Cette agence a été intégrée à la Haute Autorité de santé en 2004.

2- Pediatrics, avril 2000.