La sonde gastrique - L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008

 

douleur liée aux soins

Conduites à tenir

La pose, la fixation et la surveillance de ce dispositif s'accompagnent souvent d'effets indésirables, qui doivent être prévenus avec méthode.

La pose d'une sonde gastrique est indiquée pour réaliser une aspiration digestive, un lavage gastrique ou assurer une nutrition entérale. La douleur est exprimée par les patients à plusieurs étapes :

- la pose : le patient peut ressentir une douleur lors du passage de la sonde, en particulier au niveau de la narine puis du carrefour pharyngé, et avoir des difficultés à déglutir, ou un réflexe de toux. Cette étape du soin s'accompagne souvent d'inquiétude, d'anxiété, voire de panique.

- la sonde reste en place : le patient se plaint souvent d'une gêne, voire d'une douleur dans la gorge. L'autre source de douleur est liée à la fixation de la sonde au niveau de la narine.

Il n'existe pas de littérature concernant la fréquence, l'intensité et les moyens de prévenir ou de limiter la douleur provoquée par ce geste. Néanmoins, des actions relevant le plus souvent du rôle infirmier permettent d'en limiter les effets indésirables.

AVANT LA POSE

Pose de sonde. Le choix du type de sonde dépend de l'indication. Pour les aspirations et les lavages : sondes de Salem ou sondes de Replogle (à double courant). Pour l'alimentation entérale : sondes siliconées, plus souples, mieux tolérées et renouvelées moins fréquemment. La taille de la sonde est adaptée à la morphologie du patient. Seringue et stéthoscope permettront de vérifier que la sonde est bien en place.

Antalgie :

- Prévoir un lubrifiant : eau stérile ou sérum physiologique, compresses.

- Pour l'antalgie de la narine : xylocaïne visqueuse à 2% sur prescription médicale (1 à 2 ml pour 10 kg).

- Le Méopa pourra être prescrit en particulier chez les patients très phobiques. Utiliser un masque percé qui permet l'introduction de la sonde.

Fixation. La fixation est essentielle à deux niveaux : le maintien de la sonde au bon repère, l'absence de lésion de la narine par une traction sur la sonde. La simple fixation avec un adhésif ordinaire doit être évitée. La technique de fixation sans adhésif est préférable.

Prévoir un cordon en coton, du sparadrap de largeur de plus de 3 cm (Elastoplaste ®), une plaque de pansement hydrocolloïdal (type Coomfield ®, Duoderm ®, Algoplaque ®), des ciseaux.

AU MOMENT DE LA POSE

Entrer en relation avec le patient. Informer le patient du soin, lui expliquer le but et le déroulement du geste.

Bien installer le patient :

- Préférer une position demi-assise quand cela est possible, favoriser une flexion de la tête vers l'avant, en particulier au moment du passage de la sonde.

- Réaliser le soin dans un environnement calme.

Moyens antalgiques :

- Xylocaïne® visqueuse à 2 % : l'appliquer dans la narine 5 minutes avant le geste.

- Méopa : attendre 3 minutes avant le début de la pose.

- Distraction, relaxation, hypnoanalgésie : contrôler l'efficacité de la méthode.

Pose de la sonde :

- Lubrifier la sonde.

- Introduire doucement la sonde dans la narine, la pousser doucement jusqu'au carrefour rhino-pharyngé en demandant au patient de continuer à respirer calmement, profondément. Attendre que le patient déglutisse ou, lorsque cela est possible, l'aider en lui faisant avaler une gorgée d'eau pour pousser la sonde dans l'oesophage. Puis continuer à faire progresser doucement la sonde jusqu'au repère souhaité.

- S'assurer que la sonde est bien en place (test de la seringue).

Maîtrise du geste. Le calme, la réassurance dont fait preuve le soignant qui maîtrise ce geste sont déterminants pour la réalisation de ce soin.

Technique de pose. La pose d'une sonde gastrique nécessite de la dextérité et de la douceur. Elle doit être accompagnée de gestes, de paroles qui aident le patient à participer au geste. Selon la méthode non pharmacologique utilisée, on peut s'aider d'images, de métaphores favorisant une déglutition aisée : boisson agréable, fraîche, soulageant la gorge, notion de douceur, etc.

Fixation de la sonde. Elle se fait en trois temps :

- la sonde est fixée par un Élastoplaste ® sur le cordon ;

- le cordon est passé au cou du patient et noué derrière la tête. Si cela n'est pas possible, utiliser un adhésif hypoallergénique, poser la fixation sur une plaque de pansement hydrocolloïdal posé sur la lèvre supérieure, limiter la surface d'adhésif ;

- pour éviter une traction de la sonde (risque d'irritation de la narine, voire d'escarre), ou l'arrachement intempestif de la sonde, une boucle de sécurité est réalisée. Elle sera fixée sur la plaque d'hydrocolloïdal posée sur la joue ou la tempe du patient.

APRÈS LA POSE

- Réinstaller confortablement le patient.

- Selon l'indication, mettre en place l'aspiration, la nutrition, réaliser le lavage.

- Noter les différents éléments dans le dossier de soin du patient.

PARTICULARITÉS

- Dans le cadre d'un lavage de l'estomac pour intoxication : tiédir le liquide de lavage, dédramatiser, ne pas juger, ne pas culpabiliser le patient et son entourage.

- Chez le bébé de moins de 2 mois : passer la sonde par la bouche.

- Nutrition entérale : lorsque le patient est alimenté régulièrement par une nutrition entérale par sonde gastrique, il apprend à poser sa sonde lui-même.