Le respect porte ses fruits - L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008

 

Handicap mental

Du côté des associations

L'Afaser aide à améliorer la prise en charge et l'insertion des personnes handicapées mentales, ainsi que le regard porté sur elles.

« Avant la fin des années cinquante, les handicapés moyens et profonds étaient confinés dans des hospices ou des hôpitaux psychiatriques. La création d'un système de protection sociale et les initiatives qui ont suivi ont changé beaucoup de choses », rappelle Gérard Zribi. Âgé de 60 ans, ce docteur en psychologie a construit toute sa carrière au sein de l'Afaser, l'Association des familles et amis pour l'accueil, les soutiens, l'éducation et la recherche en faveur des personnes handicapées mentales. Il en est aujourd'hui le président. L'association a vu le jour en 1960, de la volonté d'une équipe de psychiatres et de pédagogues. À présent, professionnels et familles siègent ensemble au sein de son conseil d'administration.

tous les âges

L'Afaser agit dans cinq départements d'Île-de-France, où elle compte 18 établissements. Elle regroupe quelque 300 adhérents et un millier d'usagers. Maisons d'accueil spécialisées, foyers, centres d'aide par le travail... elle a su adapter son offre à la variété des profils : des enfants, dès 3 ans, aux adultes. Certains sont très handicapés, d'autres plus autonomes. « Pour favoriser l'intégration, les structures sont au maximum tournées vers l'extérieur », explique Gérard Zribi. Ces établissements sont financés grâce à l'aide sociale, l'assurance-maladie ou les conseils généraux. Ils nouent des partenariats avec des hôpitaux et d'autres centres d'accueil, dans l'objectif de toujours travailler en réseau.

Au total, l'équipe soignante compte 560 salariés. Parmi les projets en cours, la création d'un foyer de vie pour personnes handicapées vieillissantes dans le Val-de-Marne. Les infirmières sont les chevilles ouvrières de cette prise en charge : « Leur présence est de plus en plus nécessaire et importante, car les patients vivent de plus en plus longtemps, et développent des problèmes de santé liés à l'âge (diabète, pathologies cardiaques...) en plus de leur handicap. » Autre rôle essentiel des infirmières : la coordination d'équipes pluridisciplinaires (psychiatres, pédiatres, kinésithérapeutes, psychomotriciens...)

réinsertion

Si certains handicapés très lourds (psychiques et mentaux), auront certainement besoin d'encadrement toute leur vie, d'autres peuvent gagner chaque jour en autonomie. L'Afaser met à leur disposition des appartements qu'elle loue, et offre 350 places dans des Ésat (établissements et services d'aide par le travail). Fierté de son président, la création récente d'une blanchisserie à Montreuil, qui fait travailler une quinzaine de personnes : « C'était un pari un peu impossible, mais à force de volonté et d'énergie, on y est parvenu ! »

Une volonté guidée par le leitmotiv de l'Afaser : aider les personnes handicapées à faire le meilleur choix de vie possible. Gérard Zribi raconte avec émotion le cas de cette femme d'une quarantaine d'années : « Elle est arrivée chez nous à 17 ans. Elle avait passé énormément de temps en hôpital psychiatrique, et était en mille morceaux. Aujourd'hui, elle a trouvé un emploi dans une cafétéria, elle vit dans son appartement et a un copain. Quand on se souvient que c'était une femme très violente, c'est une belle victoire ! Cela signifie que l'on a su jouer sur les bons ressorts pour que l'instinct de vie prime sur l'autodestruction. »

formation soutenue

Si de telles réussites sont possibles, c'est que le personnel soignant de l'Afaser est bien formé à la question du handicap. En plus de son bagage initial, un tiers du personnel suit au moins une fois par an des formations pour améliorer la relation avec le patient : savoir communiquer avec les familles, gérer l'agressivité et le passage à l'acte, comprendre la personne. « Ma plus grande satisfaction, dit Gérard Zribi, c'est quand je constate qu'il existe un véritable respect de l'intégrité corporelle et de la subjectivité du patient ! »

passion

Un travail mené dans des services innovants, notamment les communautés de vie créées par l'association, comme à Chennevières ou à Fontenay-sous-Bois. « Ce sont des structures contraignantes, où il y a des passages à l'acte spectaculaires et des emplois du temps très lourds pour le personnel, détaille Gérard Zribi. Mais ce sont aussi des lieux de vie, où on a su développer les contacts, le plaisir d'être ensemble, et où il y a beaucoup de motivation et de passion. » Une passion qui contribue chaque jour à changer le regard sur le handicap. « Il y a trente ans, conclut le président, les parents ne se promenaient pas dans la rue avec leur enfant déficient mental, aujourd'hui si... même si le chemin est encore long. »

Site Internet : http://www.afaser.com.

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