Prévenir la douleur lors d'un prélèvement sanguin - L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 236 du 01/03/2008

 

douleur liée aux soins

Conduites à tenir

Une bonne communication avec le patient, un geste maîtrisé et, si besoin, l'usage d'antalgiques permettent d'éviter les prises de sang douloureuses.

Le prélèvement sanguin veineux est un geste fréquent, dont la douleur est très certainement banalisée par les soignants. Sa répétitivité lors de pathologies chroniques ou au cours d'une hospitalisation peut être une source de douleur supplémentaire. Les moyens permettant d'éviter cette douleur ou d'en limiter l'intensité relèvent pour la plupart du rôle propre infirmier, et d'autres d'une prescription médicale. Ces moyens ont fait l'objet de recommandations (1) dans certains contextes de soins. L'évaluation de la douleur se fera avant, pendant et après le soin. L'ensemble des étapes décrites contribue à la diminution de la douleur.

AVANT LE PRÉLÈVEMENT

Examiner la nécessité de l'acte, la possibilité de regrouper les prélèvements, la technique et le matériel employés.

- Préparation du matériel :

- pour le prélèvement , préférer des épicraniennes à des trocards, un garrot autobloquant à un garrot en caoutchouc ;

- pour l'antalgie : crème analgésiante (Emla®, Anesderm Gé®), Méopa, etc.

- Organisation du soin : le prélèvement sera regroupé à d'autres soins pour respecter le repos du patient. Le soignant évitera de réveiller le patient, le soin se fera dans le calme.

- Échanges avec le patient sur :

- le but et le déroulement du geste ;

- le vécu antérieur du patient concernant le soin et la douleur ;

- les moyens antalgiques disponibles ;

- la présence possible d'une tierce personne (parent par exemple) ;

- l'apprentissage d'un moyen non pharmacologique (contrôle respiratoire, visualisation, distraction).

- Pose de la crème analgésiante : 1 heure au moins avant le soin. Pour éviter le retrait du patch, mettre la crème analgésiante à l'intérieur d'une rondelle de caoutchouc (de type doigtier ou tétine coupée) et couvrir d'un film alimentaire.

PENDANT LE PRÉLÈVEMENT

- Entrer en relation avec le patient : lui parler, poser la main sur l'avant-bras.

- L'installer confortablement : en position demi-assise, bras posé en appui, porte de la chambre fermée. Éviter le bruit, la lumière agressive, les sollicitations extérieures.

- Installation ergonomique et confortable du soignant.

- Informer le patient : convenir avec lui de l'information qu'il souhaite avoir (lui demander en particulier s'il souhaite être prévenu du moment de la piqûre et ne pas imposer systématiquement cette information).

- Choisir le site de ponction (si cela n'a pas été fait lors de l'application de crème analgésiante ) :

- débuter les prélèvements sur les extrémités, puis remonter progressivement vers le pli du coude afin de préserver le capital veineux ;

- éviter les zones déjà prélevées car les hématomes sont douloureux (lorsque le capital veineux est très abîmé, envisager le micro-prélèvement).

- Mettre en oeuvre les moyens antalgiques : méthodes de relaxation, de distraction, Méopa. Attendre le délai d'efficacité.

- Enlever la crème analgésiante : s'il s'agit d'un patch, soulever l'adhésif pour faire pénétrer l'air dessous, exercer une traction en maintenant la peau.

- Poser le garrot : de préférence sur le vêtement pour éviter de pincer la peau ;

- Pour favoriser le gonflement des veines, on peut :

- faire serrer le poing (dans ce cas, penser à dire de le desserrer lorsque la ponction est débutée ou ouvrir et fermer le poing si le prélèvement est long) ;

- masser légèrement l'avant-bras, du poignet vers le pli du coude en prenant soin de ne pas masser les hématomes. Ce massage favorisera également l'effet gate control (2) ;

- mettre les mains du patient dans de l'eau chaude.

- Effectuer le prélèvement d'un geste rapide et sûr. Être vigilant sur la technique : présentation du biseau de l'aiguille, maintien de la veine avec la main libre, retrait du garrot dès que l'aiguille est en place (bonne coordination des gestes) ;

- Si le patient utilise sa respiration pour se détendre pendant le soin, le faire souffler au moment de la piqûre ;

- Évaluer la douleur de la ponction, informer, échanger avec le patient, notamment si le prélèvement est long, ou poursuivre la méthode de distraction, d'hypnoanalgésie.

APRÈS LE PRÉLÈVEMENT

- Masser légèrement la zone prélevée ;

- Placer un pansement protecteur sur le point de ponction, préciser au patient quand il pourra l'enlever ;

- Réinstaller le patient ;

- Si un hématome s'est formé ou risque de se former, certains soignants utilisent un glaçon pour limiter son évolution, d'autres de la pommade Hémoclar ® ;

- Noter dans le dossier de soin les moyens antalgiques mis en oeuvre et leur efficacité. Cette évaluation permettra d'adapter et de réajuster les moyens antalgiques lors d'un prochain geste.

REMARQUE

Il n'y a pas de honte à ne pas réussir un prélèvement sanguin ; en cas de difficulté, solliciter un collègue.

1- Standards, options, recommandations sur le site de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (http://www.fnclcc.fr).

2- Sur le gate control, lire le cours, cas clinique, p. IX.

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