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La Cour de cassation réactive le débat sur le statut de l'être prénatal.
Attention, terrain glissant ! Le 6 février, la Cour de cassation a lancé un pavé dans la mare en décidant que « tout foetus né sans vie à la suite d'un accouchement [pourrait] être inscrit sur les registres de décès de l'état civil, quel que soit son niveau de développement ».
Ces derniers mots ont fait tiquer le Mouvement français pour le planning familial : jusqu'à présent, l'inscription était possible, à la demande des parents, mais seulement après 22 semaines de gestation ou si le foetus pesait plus de 500 grammes. Le risque, selon l'association : une remise en cause du droit des femmes à l'IVG. L'association anti-avortement Alliance pour les droits de la vie s'est d'ailleurs engouffrée dans la brèche, se félicitant de cette nouvelle jurisprudence.
Des craintes fondées ? Non, répond Claude Sureau, ancien président de l'Académie de médecine et membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE). « Le droit à l'IVG, en France, c'est un problème complètement réglé. »
Même si le processus judiciaire n'est pas achevé (1), les trois arrêts similaires rendus par la Cour de cassation ouvrent néanmoins la porte à d'autres questions. « Cette absence de seuil pour inscrire un foetus à l'état civil pose un problème sérieux, note Claude Sureau. Une femme qui va subir une IVG pourra-t-elle demander cette inscription sur le livret de famille ? Quid d'une femme ayant demandé une fécondation in vitro, et dont l'embryon congelé n'est finalement pas viable ? La Cour de cassation n'a pas pris en compte toutes les implications médicales de ses arrêts. »
Le flou juridique qui entoure le statut de l'être prénatal sera-t-il dissipé par la future loi sur la bioéthique, qui devrait être discutée en 2009 ? Rien n'est moins sûr : « Les hommes politiques sont terrorisés par ces sujets », regrette Claude Sureau.
1- La décision de la Cour de cassation est renvoyée à la cour d'appel.