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Longtemps occultée, la question de la sexualité des handicapés commence à se poser en France. Reste à en définir le cadre juridique et éthique.
« Quand mes deux garçons myopathes sont devenus ados, je me suis sentie démunie, se souvient Jeanne. Ils étaient attirés par des filles, j'avais peur qu'ils souffrent d'un rejet. C'était un problème de plus. »
En France, lorsqu'un parent ou un professionnel de santé veut aider un handicapé à avoir un rapport sexuel, il agit le plus souvent dans le secret, en dehors de tout cadre juridique et éthique. Un soignant qui servirait d'intermédiaire entre un patient dépendant et une prostituée commettrait un délit, tandis que celui qui souhaiterait aider un handicapé à se mettre au lit avec son partenaire ou à enfiler un préservatif ne peut bénéficier d'aucune formation.
En Europe, plusieurs pays ont pris une longueur d'avance, relève Marcel Nuss, président de la Coordination handicap et autonomie : « En Suisse, une deuxième formation d'assistant sexuel est en train d'être mise en place pour des professionnels de santé et des ex-prostituées. Les candidats sont tous volontaires et filtrés. Ça ne peut évidemment pas être leur seule activité. » Aux Pays-Bas, un dispositif fonctionne depuis les années 1980, et des volontaires reçoivent une formation qui leur permet d'accompagner les handicapés, parfois jusqu'au coït.
Un modèle difficilement transposable : « En France, on n'imagine pas que la Sécu rembourse cet accompagnement. Et nous ne souhaitons pas qu'il soit considéré comme un soin. »
Et il ne faut pas résumer la question à celle de la « prostitution améliorée ». Dans les pays où un dispositif existe, la demande n'est pas forcément celle d'un passage à l'acte ; il s'agit plus souvent d'une demande affective, ou qui se limite à des caresses.
Pour les associations de handicapés, l'heure est au lobbying pour sensibiliser les pouvoirs publics à la question. L'Association française contre les myopathies, l'Association des paralysés de France, Handicap international et la Coordination handicap et autonomie se sont réunis le 7 mars dans une salle du Sénat pour jeter les bases de la réflexion sur les métiers et la formation nécessaires à cet accompagnement, dans le cadre du Collectif handicaps et sexualités (1).
1- Contact : collectif-handicaps-sexualites@googlegroups.com.