Voyages en avion et diabète - L'Infirmière Magazine n° 237 du 01/04/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 237 du 01/04/2008

 

santé publique

Conduites à tenir

Interdiction des liquides en cabine, aléas liés au circuit des bagages, horaires décalés... le transport et la prise des médicaments demandent de l'organisation.

Dans le contexte sécuritaire actuel, prendre l'avion lorsque l'on est diabétique insulinodépendant (c'est le cas d'environ 500 000 personnes en France) est devenu un vrai casse-tête. En effet, au nom de la prévention des risques d'attentats et des règles édictées en 2006 par les autorités mondiales de l'aviation civile - et en France par la Direction générale de l'aviation civile -, aucun liquide ne doit voyager en cabine.

TRANSPORT DE L'INSULINE

Cette disposition pose problème aux diabétiques qui ont besoin d'apports quotidiens en insuline (jusqu'à trois, quatre ou cinq fois par jour). De plus, les fabricants d'insuline interdisent formellement son transport en soute car elle risque de s'altérer à cause de la température (en cas de gel notamment).

Face à cette situation kafkaïenne, l'Association française des diabétiques (1) a souhaité que la Direction générale de l'aviation civile prenne position tant sur le transport de l'insuline en avion que sur les obligations et les droits du voyageur diabétique.

NOUVELLES DISPOSITIONS

Une réunion, organisée le 22 octobre 2007, a permis de garantir plusieurs dispositions d'importance.

Insuline en bagage à mains. Les passagers diabétiques peuvent emporter, en bagage à mains, l'insuline nécessaire pour la durée du vol et les quelques jours qui suivent.

« Les médicaments sont une exemption de la réglementation », précise la Direction générale de l'aviation civile, confirmant que l'on ne peut interdire à une personne diabétique de transporter en bagage à main l'insuline nécessaire à son traitement pour une durée de plusieurs jours.

Il n'y a pas de recommandation ou d'obligation concernant le fait de garder ou non l'emballage d'origine : il suffit que le produit puisse être clairement identifié avec les indications portées sur l'ordonnance.

Perte de bagages. En cas de perte de bagages, il est essentiel que la personne diabétique ait sur elle son traitement vital en insuline (et le matériel nécessaire pour la surveillance de la glycémie) pour une durée suffisante, qui lui laisse le temps et les moyens nécessaires de trouver une alternative médicale après son arrivée.

Personnel informé. Les professionnels du secteur doivent être informés afin d'éviter des comportements discriminatoires à l'embarquement.

Pièces justificatives. Une ordonnance en français au nom du patient et en cours de validité suffit pour justifier d'emporter en cabine insuline, aiguilles, stylos injecteurs et matériel nécessaire à la surveillance glycémique. Certificats médicaux et autres attestations dans d'autres langues ne sont pas nécessaires.

Relations avec la sûreté. En cas de difficulté avec les personnels des postes de sûreté, les passagers diabétiques peuvent faire appel au superviseur ou au chef de l'équipe de sûreté.

Par ailleurs, en vue d'informer les diabétiques et de mieux sensibiliser les professionnels du transport aérien et les agents de sécurité des aéroports, la Direction générale de l'aviation civile s'est engagée à réaliser un guide en partenariat avec l'Association française des diabétiques, qui devrait être publié d'ici à l'été 2008.

DÉCALAGE HORAIRE

Décalage égal ou inférieur à trois heures. En cas de décalage égal ou inférieur à trois heures, il est possible de jouer sur les horaires d'injection sans modifier le protocole.

Décalage supérieur à trois heures. Au-delà de trois heures, il faut compenser le décalage et modifier le schéma thérapeutique des diabétiques sous insuline. Il est donc conseillé d'anticiper, de mettre cet aménagement au point avec son diabétologue et de respecter quelques consignes pour l'organisation du voyage [lire l'encadré].

Pour les patients traités par antidiabétiques oraux, il n'y a aucun problème pour les patients traités par un inhibiteur des alpha-glycosidases (acarbose) ou un glinide (répaglinide), puisque ces médicaments sont pris avant les repas (2).

Lorsque les médicaments sont pris à raison de deux prises quotidiennes toutes les douze heures (metformine, sulfamide, glitazone) et si le décalage horaire rapproche cette prise biquotidienne, il est préférable de sauter une des deux prises et de se retrouver « un peu sucré » pendant la période suivante plutôt que de prendre le risque d'une hypoglycémie.

1- Association française des diabétiques, 14, rue du Clos, 75020 Paris. Tél. : 01 40 09 24 25. Internet : http://www.afd.asso.fr.

2- Source : « Diabète : adapter le schéma thérapeutique en fonction du décalage horaire », Gérard Reach, Le Concours médical, 12 juin 2007.

Décalage horaire

En cas de décalage de plus de trois heures :

> Partir de préférence le matin ou le soir pour bien déphaser les repas.

> Ne pas changer la montre d'heure avant l'arrivée et le premier repas dans le pays de destination (y compris si le voyage est très long, de plus de douze heures) : cela aide à conserver la notion du temps passé, à suivre la durée d'action de l'insuline et à répartir les prises alimentaires.

> En cas d'escales : ajouter une injection d'insuline ordinaire représentant un quart des besoins quotidiens habituels, associée à la prise des repas (à prévoir toutes les six heures).

> Se renseigner sur la possibilité d'une collation à bord, pour éviter les hypoglycémies.

> Contrôler la glycémie toutes les six heures et corriger si besoin avec un ajout d'insuline ordinaire si l'avion prend du retard.

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