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Juillet et août , deux mois interminables pour les enfants hospitalisés. C'est pour que l'été leur paraisse moins long que l'association Matelots de la vie a créé un jeu qui les fait participer, via Internet, à une aventure en mer. Le principe est simple : des enfants qui sont passés, eux aussi, par la maladie embarquent sur un voilier et font partager leur expédition à ceux qui sont toujours à l'hôpital. L'objectif est double : délivrer un message d'espoir en montrant qu'en se battant, certains ont pu guérir et, d'autre part, participer à la sensibilisation aux menaces qui pèsent sur l'environnement.

scientifiques en visite

Ainsi, à l'été 2007, seize jeunes « matelots » embarquent sur le Fleur de Lampaul, bateau prêté par la Fondation Nicolas-Hulot. Quelques mois plus tôt, les neuf hôpitaux partenaires sélectionnaient des enfants susceptibles, au stade de leur maladie, de pouvoir partir. La vingtaine d'adolescents choisis suit alors un stage de voile. Puis ils se familiarisent avec la vidéo ou les techniques d'interview, indispensables pour recueillir en mer les propos des scientifiques en visite sur le bateau.

À l'issue de ce stage, l'association a choisi seize garçons et filles, aptes à embarquer. « Ceux qui partent sont guéris ou en rémission, explique Françoise Levaux, présidente des Matelots de la vie. Hospitalisés pendant de nombreux mois, ils ont perdu une part de leur autonomie, de leur distance par rapport à la famille. Ils réapprennent à vivre en groupe, à relativiser leur histoire. Ce sont des enfants gais, qui ont la joie de vivre, ce qui est indispensable car ils sont en relation avec ceux qui restent dans leur lit. »

cap sur la corse

Huit de ces adolescents sont partis trois semaines en juillet, les autres ont embarqué en août. Départ de Marseille, destination la Corse. Leur curiosité s'est portée sur les écosystèmes, le plancton, le cycle du carbone ou encore la pêche locale. « Nos matelots sont passés par le chas de l'aiguille, raconte Mme Levaux. Ils se sont battus en faisant preuve d'un sacré courage. Ils sont d'autant plus à même de défendre les valeurs de la vie, de la santé et de l'environnement. » À bord, l'équipage du voilier et quatre adultes de l'association : chef d'expédition, infirmière, éducateur spécialisé et cadreur chargé de monter les films tournés par les matelots, et de mettre en ligne photographies et vidéos.

médecin au bout du fil

Au fil du voyage, en cas de souci avec un enfant, l'infirmière peut joindre en permanence le médecin de l'association, Jean-Yves Chauve, habitué des grandes courses à la voile. L'infirmière contrôle la prise du traitement de chaque matelot et le voilier ne s'éloigne jamais trop des côtes : « On doit pouvoir effectuer une évacuation sanitaire ou des bilans sanguins réguliers, pour les enfants greffés notamment », souligne Françoise Levaux.

Mais pour ce qui est de l'itinéraire du voilier, ce sont les enfants hospitalisés à Paris, Liège, Saint-Nazaire ou Clermont- Ferrand qui étaient à la barre. Chaque jour, ils recevaient une énigme. À eux de la résoudre pour diriger ensuite le bateau et ses matelots vers une zone à étudier. Exemple : en reconstituant un puzzle, les joueurs découvrent une baleine. Les matelots doivent alors se diriger vers une zone riche en plancton, connue pour abriter des cétacés. Un scientifique vient à bord effectuer des prélèvements, puis emmène les enfants dans son laboratoire.

visioconférences

Photos, vidéos et interviews sont rapidement mises en ligne, l'interaction étant régulièrement complétée par des visioconférences entre matelots et jeunes malades. Résultat : dans les salles communes des neuf hôpitaux partenaires, c'était parfois l'effervescence pour chercher la réponse. « Les énigmes étaient suffisamment compliquées, raconte Mme Levaux, pour mobiliser enfants et adultes, dédramatiser la blouse blanche, susciter dialogue, convivialité et solidarité à l'intérieur de l'hôpital. » D'autant que tous les jours, les enfants participaient à la réalisation d'une fresque murale, objet d'un concours entre les hôpitaux. De quoi se distraire, s'animer, et même rêver malgré les moments difficiles.

quête de soutiens

Au cours de l'été 2008, pas d'expédition prévue. La Fondation Nicolas-Hulot, partenaire des Matelots de la vie pendant deux ans, n'a pas souhaité renouveler l'engagement. L'entretien du Fleur de Lampaul est onéreux ; le bateau et son équipage seront désormais loués. Trop cher pour les Matelots de la vie, qui s'efforcent actuellement de négocier partenariats, logistique et location d'un autre bateau, en vue des expéditions suivantes, avec des projets de destinations plus lointaines. En attendant, les bénévoles préparent activement l'organisation du jeu de l'été suivant pour les enfants des hôpitaux.