Le travail, plein le dos ! - L'Infirmière Magazine n° 238 du 01/05/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 238 du 01/05/2008

 

TMS

Actualités

Santé

Les troubles musculo-squelettiques, causés par des gestes de travail douloureux, touchent un quart des travailleurs européens.

Sept millions de journées de travail perdues en 2006, 710 millions d'euros de frais... Les troubles musculo-squelettiques (TMS), trop souvent sous-estimés, touchent environ un quart des travailleurs européens, évalue l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. 25 % se plaignent de maux de dos, et 23 % de douleurs musculaires.

ministère en campagne

« Les TMS provoquent de grandes souffrances chez les salariés, fait remarquer Jean-Denis Combrexelle, directeur général du Travail. Ils ne touchent pas que l'industrie, comme on le croit souvent. Les services à la personne sont concernés, et le travail sur ordinateur peut aussi générer ces troubles. » Le 9 avril, le ministère du Travail a lancé une campagne d'information sur les TMS pour inciter les salariés et les employeurs à mieux les prendre en compte. Des affiches et des vidéos mettent en scène une caissière, un employé du bâtiment, un homme devant un ordinateur et une ouvrière à la chaîne. Sur leur corps, une bouche ouverte criant de douleur représente le TMS.

canal carpien

Un site Internet (1) a également été mis en ligne et présente les principaux troubles. Le syndrome du canal carpien, par exemple, se manifeste par une forte douleur aux trois premiers doigts, causée par des prises d'objets répétées ou par la manipulation de matériel vibrant. Les lombalgies, elles, concernent ceux qui portent des charges lourdes. Moins connue, l'épicondylite provoque des douleurs au niveau de la partie externe du coude et des tendons extenseurs de la main et des doigts. Elle touche les salariés qui effectuent des mouvements répétés de l'avant-bras ou du poignet. Au même niveau, l'hygroma est une inflammation des bourses séreuses, qui crée un gonflement de la pointe du coude lorsque le travailleur s'appuie longuement dessus.

jusqu'à l'incapacité

Au total, ces troubles regroupent une quinzaine de maladies, reconnues comme des maladies professionnelles. Elles peuvent avoir des conséquences graves, allant parfois jusqu'à l'incapacité de travailler. Le plus souvent, les TMS peuvent être évités en changeant l'organisation du travail. « Les facteurs psychosociaux entrent également en jeu », relève Pierre Guinel, médecin du travail. Ces troubles se manifestent souvent de manière anodine : des fourmillements dans la main pendant la nuit, de légers engourdissements, des difficultés à se servir d'un tournevis... « Dans les services de santé au travail, on ne déclare pas les cas mineurs, mais on a tort », estime Pierre Guinel.

Et les infirmières ? Elles ne sont pas les premières concernées, malgré l'importance des risques professionnels associés à l'exercice. « Les gestes qu'elles accomplissent peuvent être parfois pénibles, mais pas répétitifs comme sur une chaîne, note le Dr Dominica Feron, du service de médecine du travail Durance-Lubéron. Par contre, elles sont sujettes à des lombalgies lorsqu'elles portent des patients, surtout à domicile, où les lits ne sont pas toujours adaptés. »

1- http://www.info-tms.fr.