Les tumeurs primitives du système nerveux central - L'Infirmière Magazine n° 239 du 01/06/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 239 du 01/06/2008

 

neurologie

Conduites à tenir

Le traitement de ces tumeurs, qui n'est pas sans risque, suscite fréquemment l'inquiétude du patient et de son entourage. Il nécessite une surveillance attentive.

Que la tumeur soit primitive ou secondaire, elle est toujours ressentie par le patient et son entourage comme un signe de gravité car elle atteint les centres moteurs et sensitifs du malade. Le patient et sa famille redoutent l'intervention, ainsi que les séquelles possibles de la chirurgie et de la radiothérapie.

ACCUEIL

Le patient arrive dans le service précédé d'un dossier de consultation, ou en urgence. Il présente un ou plusieurs symptômes : céphalées, crises épileptiques partielles ou totales, signes d'hypertension intracrânienne, troubles de l'équilibre, absences, désorientation spatio-temporelle, troubles du langage, troubles visuels, etc. Le tableau peut revêtir toutes les formes, de la plus complète à la plus discrète.

Il est installé le plus confortablement possible et demi-assis, afin de réduire l'oedème cérébral. L'infirmière observe les mouvements anormaux et les transcrit sur le dossier de soins en les décrivant et en notant leur durée. Le bilan réalisé par l'infirmière permet d'évaluer le degré d'indépendance du patient et sera utile pour juger de l'évolution de la maladie.

SOINS

En cas de radiothérapie. La radiothérapie est externe, conformationnelle, tridimensionnelle, stéréotaxique, transcutanée, mais elle présente un risque (généralement faible) de diminution importante des capacités intellectuelles (test mini-mental de Folstein).

Les soins infirmiers à prodiguer lors d'une radiothérapie externe transcutanée nécessitent des précautions pour éviter les lésions à type de fissures impliquant l'arrêt du traitement : surveiller l'aspect du conduit auditif externe et du sillon rétro-auriculaire, qui peuvent être irrités par les rayons. Au cours du traitement, le patient peut présenter des signes d'hypertension intracrânienne dus à un oedème post-radiothérapie externe, ainsi qu'une grande fatigue. Il faut prévoir à chaque semaine de traitement un ou deux fonds d'oeil de contrôle et un audiogramme selon la région irradiée.

Les soins infirmiers portent sur la surveillance de l'état de conscience du patient et son comportement général : crises épileptoïdes, agitation, épisodes confusionnels, hypertension intracrânienne. L'infirmière donne au patient les informations liées à la nécessité de l'isolement pendant toute la durée du traitement.

En cas de chimiothérapie. La radiothérapie peut aussi être associée à une chimiothérapie. Cependant, la barrière hémato-encéphalique fait encore obstacle à la majorité des médicaments anticancéreux.

Certains protocoles de polychimiothérapie comportent des injections intrathécales de cytotoxiques qui ne passent pas la barrière méningée de façon naturelle, et de corticoïdes pour réduire les réactions inflammatoires locales.

En cas d'intervention chirurgicale. L'infirmière prévient le patient de la nécessité de lui raser une partie du cuir chevelu, après shampoing à la Betadine Scrub ®. Dans le cas où le chirurgien a réalisé une dérivation du liquide céphalo- rachidien, la surveillance du fonctionnement de la valve intracrânienne est classique. Il en est de même s'il a réalisé cette dérivation en externe : dépistage d'une infection éventuelle, d'un dysfonctionnement par obstruction ou déconnexion.

Les suites opératoires comportent :

- la surveillance des paramètres habituels en neurologie : état de conscience, modification de la taille des pupilles et leur réactivité à la lumière, recherche de crise d'épilepsie, d'un déficit moteur, de céphalées, de vomissements, de troubles visuels (témoins d'une hypertension intracrânienne aiguë ou d'une compression du nerf optique - les signaler au médecin et demander un fond d'oeil en urgence) ;

- la surveillance du pansement ; en cas d'hypertension intracrânienne, vérifier le volet de trépanation qui peut être soulevé par la pression intracrânienne ;

- la surveillance d'un éventuel écoulement et de sa nature au niveau de la cicatrice, des oreilles ou du nez, qui peut témoigner d'une brèche méningée laissant échapper du liquide céphalo-rachidien ;

- la surveillance de la diurèse, à la recherche de la décompensation d'un diabète insipide, si l'intervention a eu lieu dans la région hypothalamo-hypophysaire.

Toutes les anomalies doivent être signalées au plus vite au médecin ou au chirurgien afin de limiter les décompensations et les complications irréversibles.

Caractéristiques

Ces tumeurs cérébrales se caractérisent notamment par :

> une grande variété histologique : gliomes de haut grade, méningiomes, adénomes hypophysaires ;

> l'absence de métastases. C'est une particularité des tumeurs cérébrales, à l'exception des médulloblastomes ;

> la difficulté d'affirmer que l'exérèse chirurgicale a été totale ;

> le fait que la barrière hématoencéphalique a été, longtemps, un obstacle à la chimiothérapie, ce qui en a limité l'action.

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