Le mégaphone pleure - L'Infirmière Magazine n° 240 du 01/07/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 240 du 01/07/2008

 

syndicalisme

Dossier

Malgré une forte culture revendicative dans la profession et le souvenir de la mobilisation de 1988, les syndicats infirmiers peinent à garnir leurs rangs. Cette faiblesse chronique nuit à la satisfaction de leurs exigences.

«Ni nonne, ni bonne, ni conne ! » Le slogan est encore dans toutes les mémoires. En 1988, la profession infirmière connaissait une mobilisation sans précédent dans son histoire. Le 13 octobre de cette année-là, 100 000 manifestants hospitaliers (l'effectif infirmier comptait à l'époque environ 300 000 membres) battaient le pavé parisien pour réclamer l'abrogation du « décret Barzach » (1) et, dans la foulée, l'amélioration des évolutions de carrière, une revalorisation des salaires et - déjà - la reconnaissance du diplôme d'État à Bac + 3 (2).

Engagement en berne

Victorieux, excepté sur la question du diplôme, ce mouvement, dont les coordinations infirmières furent le fer de lance, prenant souvent de court les syndicats traditionnels, connut un regain en octobre 1991. Ce baroud offrit de nouveaux acquis à la profession - sauf, là encore, la reconnaissance du diplôme à Bac + 3 ! Quelque vingt ans plus tard, alors que les motifs de mécontentement sont plus que jamais présents, que reste-t-il de ces journées d'automne et quelle est la place de l'action syndicale et de la lutte sociale dans le corps, et le coeur, des blouses blanches ? Si l'on se fonde sur les seuls chiffres, lâchés du bout des lèvres par les organisations, l'engagement syndical des infirmières est plus que jamais en berne. Aujourd'hui, seulement 4 % d'entre elles seraient adhérentes à un syndicat ou à une association professionnelle. Un pourcentage plus que faiblard par rapport au taux de syndicalisation dans l'Hexagone qui, s'il n'a rien de très folichon et décroît d'année en année, atteint malgré tout 8 % (3).

Une histoire oubliée

Démotivation, résignation, charge de travail, féminisation de la profession... tout le monde tente d'apporter ses lumières pour éclairer le sombre constat du désamour des infirmières à l'égard des syndicats, qu'ils soient confédéraux, corporatistes ou sous forme d'associations professionnelles. Pourtant, et contrairement à une idée reçue, il n'en a pas toujours été ainsi.

Christian Chevandier, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Paris-1 Panthéon-Sorbonne (lire la bibliographie p. 26) rappelle que « si le monde hospitalier n'a pas été, du moins jusqu'à la Libération, à la pointe des luttes sociales, la légende de groupes sociaux réticents à la syndicalisation ne se perpétue que parce que l'histoire syndicale des hôpitaux est peu connue ». Et de compléter : « Quelques plongées dans les archives permettent cependant de savoir qu'à la fin du XIXe siècle, presque les trois quarts des membres du personnel hospitalier parisien étaient syndiqués, et plus de 80 % aux lendemains de la Première Guerre mondiale. »

Pas simple de militer !

Même aux moments de la pire division syndicale, dans l'entre-deux-guerres, il a pu y avoir jusqu'à 40 % de syndiqués parmi eux. Quant aux mouvements sociaux qui ont agité le secteur hospitalier depuis la fin des années 1940, ils furent nombreux, s'agissant tout autant des grèves catégorielles ou sectorielles que de la participation des hospitaliers à des conflits interprofessionnels. Christian Chevandier rappelle que lors de la grève de l'été 1953, un ministre faisait part, lors du conseil du 19 août, de sa crainte « de voir les services passer sous les ordres d' [un] comité interprofessionnel [de grève] », suscitant ce commentaire du président de la République Vincent Auriol : « Déjà, il en est ainsi dans les hôpitaux. »

Ces heures fastes sont-elles révolues ? « Les infirmières éprouvent de la sympathie pour les syndicats, mais elles ont du mal à franchir le pas de l'adhésion, observe Patrick Nicolaon, infirmier psychiatrique et secrétaire fédéral de Sud Santé-Sociaux. Toutefois, cela ne les a pas empêchées d'être à l'origine des importants mouvements qui se sont produits à la charnière des années quatre-vingt-dix. » Élue, le 12 juin dernier, à la tête de la Coordination nationale infirmière, syndicat créé dans les pas de la Coordination infirmière, Nathalie Depoire appelle sans détour les infirmières à ne pas céder au découragement et à se remobiliser. « Certes, militer n'est pas simple, admet-elle. Mais si l'on veut défendre notre métier, nous n'avons pas le choix. Ne rien faire aujourd'hui, c'est d'emblée cautionner un système qui tend à faire disparaître la profession infirmière. »

Pour Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO Santé, infirmier psychiatrique de formation, « ce n'est pas parce que les infirmières ne se mobilisent pas massivement et qu'elles ne prennent pas spontanément une carte syndicale, comme le font les aides-soignantes, qu'elles sont atones. Les luttes syndicales existent, mais fluctuent et se déplacent d'un établissement à l'autre. » Une vision partagée par Christian Chevandier. « Depuis une soixantaine d'années et singulièrement au cours des deux dernières décennies, dit-il, les infirmières ont conduit nombre de mouvements sociaux, mais ces mouvements se sont manifestés site par site. Éclatés et par conséquent moins visibles, ils n'ont pas pu acquérir une dimension nationale. »

Émancipation des femmes

L'universitaire souligne par ailleurs que le caractère exceptionnel des mouvements de 1988 et 1991 ne peut être isolé de la réalité sociale et historique de l'époque, et est aussi lié au mouvement d'émancipation des femmes. « Vingt ans après mai 68, confie-t-il, le mouvement des infirmières fut marqué par une génération de femmes à l'esprit contestataire et rétives à la hiérarchie. Certaines participaient à des structures revendicatives alternatives comme les comités inter-écoles, ancêtres de ce qu'allait devenir la Coordination infirmière. »

Selon lui, « c'est bien comme un rejet de ces différentes formes de domination que doit se comprendre le slogan qui sonnait alors comme un rejet de l'histoire de la profession : "Ni nonne, ni bonne, ni conne." Peu importe alors que c'est précisément contre ces trois figures, celle de la religieuse, celle de la domestique et celle de la rustre illettrée que s'est bâtie la profession, c'est bien contre la mémoire d'une subordination que la Coordination [infirmière] s'est construite. » (4)

Solutions individuelles

Aujourd'hui, cependant, cette unité de corps et d'esprit semble s'être délitée sous l'effet de l'évolution de la société. Et la grogne, toujours en souffrance chez les infirmières, ne parvient pas à se traduire en acte syndical. Patrick Nicolaon note ainsi que « les infirmières sont plus souvent inscrites dans la recherche d'une solution individuelle. Celles qui estiment que ça n'avance pas alors qu'elles sont en butte à des difficultés changent d'établissement pour tenter d'obtenir de meilleures conditions de travail et un salaire plus élevé ». Bref, elles vont voir si l'herbe est plus verte chez le voisin ou font le choix du privé ou encore de l'exercice libéral. La pénurie de personnel favorise d'ailleurs cette mobilité du ras-le-bol. « Or, poursuit-il, la bataille syndicale est une lutte de longue haleine et les résultats ne sont ni immédiats ni garantis. De surcroît, "en face", il y a une vraie résistance. Les gouvernements se suivent et se ressemblent, notamment sur l'absence de réponse à apporter à nos doléances et propositions. »

Si les infirmières se détournent des syndicats, estime Annick Jouan, infirmière et fondatrice de L'Infirmière magazine (lire l'encadré ci-contre), « c'est qu'ils sont dans l'incapacité d'offrir des combats attractifs en adéquation avec les aspirations, les attentes et les besoins d'une profession qui subit, notamment, le travail de nuit et la pénibilité au travail ». Pour Olivier Meuillet, infirmier qui a décidé il y a quelques mois de quitter le métier après plus de quinze ans de service, le désengagement des infirmières dans les luttes syndicales est d'abord le résultat du désengagement des syndicats.

Très critique, il estime par ailleurs que les relations entre syndicats et directions des établissements ne sont pas saines. « J'ai plus souvent vu de la compromission que de la négociation », déclare-t-il. Et, pour lui, si la profession n'y croit plus, c'est qu'elle n'exerce plus sa profession. « Au quotidien, on est absorbé par des tâches administratives, des tonnes de paperasse à remplir, des comptes rendus à rédiger et des protocoles à suivre pour se protéger. Dans ce contexte, à quoi bon essayer de défendre notre métier ou de le préserver puisqu'il a été vidé de son sens ? », se résigne-t-il.

« Étude de marché »

Trentenaire et infirmière dans un CHU de la banlieue parisienne depuis six ans, Mathilde réfléchit, quant à elle, depuis quelques mois à adhérer à un syndicat « pour se faire entendre et faire bouger les choses. Nous sommes près de 500 000 à exercer la même profession, notre force est donc énorme. Et pourtant, nous sommes isolées et ignorées de tous ! », tempête-t-elle. Au fil des ans, elle a vu ses conditions de travail se dégrader, ses collègues se décourager ou d'autres partir faute d'entrevoir une évolution positive de leur environnement professionnel. « Je n'ai pas d'a priori sur les syndicats, mais lequel choisir ?, s'interroge Mathilde.

Après s'être livrée, comme elle l'explique, à une « étude de marché de l'offre syndicale », elle avoue s'y perdre. « Je suis tentée par une grande centrale, car elles ont plus de surface politique et médiatique. Mais sera-t-elle à même de comprendre nos maux et capable de relayer nos préoccupations ? Et, aujourd'hui, qu'est-ce qui les distingue véritablement les unes des autres ? Enfin, quand j'ai fait le tour des délégués syndicaux de mon établissement, j'ai eu du mal à m'identifier à eux. La plupart sont des hommes et ne sont pas des paramédicaux mais des salariés issus du secteur technique ou administratif. »

À l'inverse, estime Mathilde, si les organisations « corporatistes » ou les associations professionnelles connaissent mieux les problématiques du métier, la détérioration de la profession s'inscrit, selon elle, « dans des logiques politiques et salariales plus larges qui dépassent de loin notre seul univers ». Elle juge donc, globalement, « l'action catégorielle inadaptée à la situation ».

Le nez dans le guidon

Bref, pour l'heure, la jeune infirmière ne s'est pas encore décidée. Pour Bernard Sagez, infirmier, président fédéral de la CFTC Santé-Sociaux, la diversité de l'offre syndicale doit permettre à chacun de trouver l'organisation la plus à même de porter ses valeurs. Mais, admet-il, « on doit s'interroger pour voir de quelle manière modifier notre approche syndicale envers les infirmières ». Une démarche d'autant plus nécessaire que, par exemple, lors des dernières élections professionnelles de la fonction publique hospitalière, organisées en octobre dernier, les soignants, et particulièrement les infirmières, sont ceux qui ont le moins voté...

« Le patient passe avant tout et souvent avant nous. Le fait de nous mettre en retrait ne nous permet pas de percevoir que défendre nos intérêts, c'est aussi défendre ceux des patients », explique Claire Gallois, infirmière, déléguée du personnel et déléguée syndicale à Sud Santé-Sociaux. Entrée dans le syndicalisme par la porte de l'engagement citoyen aux côtés des sans-papiers, la jeune femme, qui prépare également le concours de cadre de santé, n'en démord pas : « Les directions d'établissements ne peuvent pas se passer des délégués syndicaux pour prendre des décisions. » Sous-entendu, si les infirmières veulent prendre la parole, à elles de donner de la voix.

Thierry Amouroux, infirmier hospitalier, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), dresse le même constat. « Les infirmières sont les premières victimes de leur inertie. Quelque 25 % des aides-soignantes sont syndiquées, et l'on mesure nettement l'évolution entre les deux professions au cours des dernières années », affirme-t-il. Pour Patrick Nicolaon, le non-engagement syndical des infirmières est aussi la résultante des conditions de travail qu'elles subissent. « Elles ont sans cesse le nez dans le guidon et la pénurie chronique de personnel accroît leur charge de travail. Et quand elles se déclarent en grève, elles sont assignées dans leur service ! Dans ces conditions, il ne faut peut-être pas trop leur en demander. Et ne pas s'étonner non plus qu'elles choisissent de prendre du repos plutôt que de participer à une réunion syndicale ou à une manifestation. »

Femmes à l'écart

La très forte féminisation de la profession - 87 % de femmes - ne serait pas non plus étrangère au faible taux de syndicalisation de la profession. Car même si la société a évolué, la plupart doivent encore mener de front activité professionnelle et vie familiale. En conséquence, le temps leur manque pour investir le champ social. De surcroît, le monde syndical reste très largement marqué par la figure masculine. « La place des femmes dans le syndicalisme est une question que l'on aborde régulièrement lors des formations syndicales, mais j'avoue que nous n'avons pas encore véritablement trouvé de solution à ce problème », indique Patrick Nicolaon. « Et même si l'on recherche la parité, explique Bernard Sagez, il est vrai que, globalement, on ne retrouve pas dans l'animation et l'encadrement de l'action syndicale de vraie représentativité des femmes. De la même façon, nombre de responsables syndicaux sont issus des rangs de la psychiatrie, secteur de soins où les hommes ont longtemps été en nombre. »

Même danger pour l'ordre

« La faiblesse du syndicalisme touche l'ensemble du salariat français, mais particulièrement nos catégories », témoigne Dominique Lahbib, infirmière, secrétaire générale de l'Ufmict CGT. Elle ajoute : « Quant on fait le bilan des acquis de la profession de la fin des années quatre-vingt et qu'on les met en perspective avec les grignotages qui s'opèrent depuis plusieurs années, c'est sans doute un sentiment de résignation qui domine chez les collègues. »

La responsable note cependant un regain d'activité depuis quelques mois, dû à la mise en place de l'ordre infirmier. « C'est plus vrai encore chez les jeunes syndiquées qui s'étaient engagées pour défendre leurs intérêts de salariées mais qui, désormais, souhaitent également protéger leurs intérêts professionnels. Ainsi, le très faible taux de participation aux scrutins départementaux [13, 73 %, ndlr] nous satisfait. Penser que l'ordre va tout changer est un leurre. Si les infirmières ne s'investissent pas davantage pour faire avancer leurs revendications, l'ordre ne fera pas mieux que les syndicats. »

Dans le même temps, Dominique Lahbib admet que l'abstention peut aussi se lire comme un désintérêt des infirmières pour leur profession. « Ça peut être inquiétant », relève-t-elle. A contrario, pour Thierry Amouroux, dont le syndicat est l'un des très rares à avoir soutenu la création de l'ordre infirmier, le résultat enregistré lors du dernier scrutin n'est pas de bon augure pour le syndicalisme. « Pour ma part, j'observe que toutes les professions qui se sont dotées d'un ordre professionnel ont des syndicats puissants, à l'image des médecins, des avocats et des magistrats, note-t-il. De plus, en Europe, à chaque fois que s'est créée une telle instance, le diplôme infirmier est devenu universitaire l'année suivante ! »

Méconnaissance

« Pendant des années, j'ai tenu le discours type de l'infirmière hospitalière, voire de l'ensemble des salariés : se syndiquer ne sert à rien ! Les syndicats ne font rien ! On n'a pas le droit de grève, sauf à se mettre un bout de sparadrap sur la blouse ! », lance Corinne Guyon, infirmière au service médical d'urgence de l'aéroport d'Orly. Depuis son engagement syndical, elle constate que sa vision a nettement évolué. « Aujourd'hui, je pense que les centrales sont à même de défendre les intérêts des infirmières pour peu que des représentants soient présents dans les établissements... Dans l'ensemble, je constate qu'il y a de la part de la très grande majorité des infirmières une ignorance de ce que sont et de ce que peuvent faire les syndicats. »

Pour Corinne Guyon, cette méconnaissance est souvent imputable aux syndicats eux-mêmes, guère présents dans les établissements. « On peut rester des années dans le même hôpital sans savoir qui sont les délégués syndicaux, constate-t-elle. Et puis, les autres catégories de personnels, ouvriers, techniciens, administratifs... sont surreprésentés par rapport à l'effectif infirmier. Mais eux, il est vrai, n'ont jamais eu à porter la cornette. Ceci explique sans doute cela... »

1- Un décret signé en décembre 1987 par Michelle Barzach, ministre de la Santé, prévoyait que les mères de famille, les sportifs de haut niveau et les personnes justifiant de cinq années de travail salarié pourraient accéder, sans le baccalauréat, au concours d'entrée des écoles infirmières. Sur fond de revendications latentes, cette disposition fut perçue par les infirmières comme une négation de leur qualification.

2- Pour en savoir plus, lire notre dossier sur vingt ans de mouvements infirmiers : « Les Années blanches », Adrien Le Gal, L'Infirmière magazine, octobre 2007, pp. 30-41.

3- Selon un sondage TNS-Sofres de janvier 2005, les causes de non-syndicalisation sont : pour 38 % des personnes interrogées, que les syndicats ne comprennent pas leur problème ; pour 36 %, la peur de représailles de leur direction ; et pour 34 %, la division syndicale.

Quelque 80 % des sondés estiment, par ailleurs, qu'il y a trop de syndicats en France.

4- Extrait d'une contribution présentée lors d'un colloque auquel a participé il y a quelques semaines Christian Chevandier et qui s'intitulait « Uni(e)s dans l'action : les infirmières coordonnées ».

À retenir

> Les infirmières ne manquent pas d'esprit contestataire ni de revendications, mais les syndicats ont du mal à mobiliser les troupes.

> Les mouvements sociaux sont souvent fragmentés site par site, et peu visibles à l'échelon national.

> À l'hôpital, les infirmières se sentent souvent mal représentées par leurs délégués, qui sont rarement des soignants, et souvent des hommes.

témoignage

« SYNDIQUEZ-VOUS ! »

« En Grande-Bretagne, où le taux de syndicalisation chez les infirmières est très important, pas une loi sur la santé n'est votée sans que la profession ne soit consultée, au même titre que les médecins, indique Annick Jouan, infirmière et fondatrice de L'Infirmière magazine. De fait, j'ai envie de dire aux infirmières : "Syndiquez-vous !" Il faut se battre pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. Récemment, je suis intervenue dans un Ifsi pour témoigner de mon parcours professionnel et j'ai constaté que près de 60 % des étudiants ne souhaitaient pas travailler à l'hôpital.

Les raisons avancées sont principalement les conditions de travail, l'absence de reconnaissance professionnelle et la faiblesse des salaires. Une vraie faillite ! La profession ne peut faire l'économie d'une réflexion sur elle-même : les syndicats doivent se bouger et aller à la rencontre des infirmières. Toutefois, soyons optimistes, les difficultés étant ce quelles sont et le ras-le-bol dans tous les esprits, pourquoi ne pas imaginer une nouvelle mobilisation infirmière, qui pourrait d'ailleurs s'inscrire dans un mouvement social plus large ? »

À lire

> Dans son ouvrage Les Métiers de l'hôpital paru à La Découverte (collection Repères, 1997, 128 pages), Christian Chevandier a consacré un chapitre aux mouvements sociaux et au syndicalisme dans les hôpitaux. Il est également l'auteur d'Infirmières à Paris, émergence d'une profession, 1900-1950, éditions de l'Atelier, 2007.

> Le Syndicalisme en France, René Mouriaux, PUF, 2005. Du même auteur, Le Syndicalisme en France depuis 1945, La Découverte, 2004.

> Les Syndicats en France, Dominique Andolfatto (collectif), La Documentation française, 2007.

> Cornettes et blouses blanches, les infirmières dans la société française, 1880-1980, Yvonne Knibiehler, Hachette, 1984.

éducation nationale

LES BONNES ÉLÈVES DE L'ENGAGEMENT SYNDICAL

Au nombre de 7 000 environ dans l'Éducation nationale et l'enseignement supérieur, les infirmières scolaires affichent un taux de syndicalisation tournant autour des 30 % ! Le Syndicat national des infirmier(e)s conseiller(e) s de santé (Snics), affilié à la Fédération syndicale unitaire (FSU), et le Syndicat national des infirmiers(ères) éducateurs(trices) de santé (Snies), adhérente à l'Unsa-Éducation (l'ex-FEN), sont les deux principales composantes du secteur.

Ainsi, en décembre 2007, lors des dernières élections professionnelles, qui donnent le pouls de la représentativité des « forces en présence », le Snics et le Snies ont obtenu respectivement 2 877 et 1 341 voix, soit 70 % des suffrages. Deux raisons viendraient expliquer le fort taux de syndicalisation des infirmières scolaires. La première tient à leur mode d'exercice. Isolées dans leur établissement,

elles se tourneraient davantage vers les syndicats professionnels. La seconde serait due à l'environnement socioculturel dans lequel elles évoluent. Chez les personnels de l'Éducation nationale, et singulièrement les enseignants, l'engagement syndical est traditionnellement fort.

initiative

LA MOBILISATION EN ACTION

Sous l'appellation « Unité pour le LMD », une vingtaine de syndicats confédéraux, professionnels et étudiants, ainsi que des associations professionnelles se sont regroupés autour d'une plate-forme de propositions et de revendications afin de réclamer au ministère de la Santé la mise en oeuvre du LMD pour la profession infirmière. Outre l'équivalence licence pour les infirmières en activité déjà diplômées, le groupe exige, entre autres, « le lancement d'une réforme globale de la filière de formation infirmière (formation initiale et post-diplôme) dans le cadre de l'enseignement supérieur » ; « la création d'une discipline des sciences infirmières dans le champ académique » ; « l'attribution du diplôme de licence en sciences des soins infirmiers à l'entrée dans la profession infirmière conjointement à l'attribution du diplôme d'État par le ministère de Santé ». Mais aussi la création d'un « master en sciences infirmières donnant accès aux domaines d'activités cliniques infirmiers post-diplôme avec attribution conjointe d'un diplôme d'État. »

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