Les pathologies maritimes d'été - L'Infirmière Magazine n° 240 du 01/07/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 240 du 01/07/2008

 

santé publique

Cours

Chutes de falaises, traumatismes liés aux sports « extrêmes », piqûres de méduses, accidents de plongée... L'imprudence ou le manque d'information se paient chaque été d'un lourd bilan, alors que beaucoup d'accidents pourraient être facilement prévenus. En cas d'urgence, il faut savoir réagir de façon appropriée.

ACCIDENTS DU LITTORAL

Chutes de falaises

Clinique. Souvent associées à la consommation d'alcool et de drogues, les chutes de falaises induisent une traumatologie qui se présente sous différents degrés : plaies, fractures, polytraumatismes.

La plus redoutée par les services d'urgences est celle du plongeon dans les eaux peu profondes. Elle peut provoquer des traumatismes crâniens et des traumatismes du rachis cervical avec une section de moelle haute, ou encore une tétraplégie.

Traitement. La prise en charge thérapeutique est très lourde. Tous les stades de la détresse vitale peuvent être atteints. Des troubles neurologiques surgissent si un traumatisme crânien est associé à une section de la moelle épinière haute.

La gravité se manifeste également par une détresse respiratoire avec un retentissement sur la fréquence et l'amplitude respiratoire des patients. Par ailleurs, chez ces patients hospitalisés en service de réanimation, peuvent survenir des complications. Ils présentent des séquelles très lourdes.

Prévention. L'été est une période de désinhibition mais la consommation d'alcool ou de drogues nuit à la vigilance. De plus, il faut éviter de plonger en cas de méconnaissance du terrain.

Insolation

Clinique. Elle est liée à une exposition trop importante au soleil. Les signes sont une fièvre et des céphalées, voire des nausées. L'insolation peut évoluer vers le coup de chaleur.

Traitement. Mettre la personne sous une douche froide mais non glacée ou, à défaut, mouiller la peau avec des serviettes humides. Ne pas sécher, ni couvrir, mettre en courant d'air. Il faut aussi faire boire le patient.

Prévention. Se protéger du soleil (vêtements, chapeau, ombre) et s'hydrater souvent.

Coups de soleil

Les seuls effets bénéfiques de la lumière solaire chez l'homme sont la production cutanée de vitamine D et la synchronisation des rythmes biologiques.

Clinique. L'abus de l'exposition au soleil peut entraîner des brûlures et, à plus long terme, des lésions irréparables : la photodermatose ; le vieillissement prématuré de la peau ; des cancers cutanés, parmi lesquels les mélanomes sont d'une gravité particulière. Aussi, certains vacanciers sont pris en charge aux urgences pour des brûlures au premier degré.

Traitement. Le coup de soleil doit être soigné avec des préparations en vente libre contenant un dermocorticoïde. Ce type de crème ne doit pas être utilisé plus de trois jours ni être appliqué sur des surfaces très étendues. Si la douleur est trop intense, la prise d'antalgiques (ex : paracétamol) est recommandée. Dans tous les cas, il faut penser à se réhydrater (le coup de soleil est une brûlure) et surtout, ne plus s'exposer au soleil pendant plusieurs jours.

Prévention. Une exposition progressive avec une application d'une crème solaire, toutes les deux heures, est inévitable. Le port d'un chapeau et de vêtements légers et clairs est indispensable. Il faut éviter une exposition solaire entre 11 heures et 16 heures.

Coup de chaleur

Clinique. Le coup de chaleur survient à la suite d'une exposition à une température externe élevée. C'est un trouble qui peut devenir très grave, voire mortel, en peu de temps. La température corporelle centrale monte à plus de 40°C, voire 42° C. Il est associé à une altération de la conscience qui peut se traduire par un délire, des convulsions et, à l'extrême, un coma.

Les signes d'alerte sont l'élévation importante de la température, une asthénie, un syndrome confusionnel, des céphalées, des nausées, une soif intense, une TA pincée. Il peut être fatal aux personnes âgées, aux enfants et autres personnes à risques.

Traitement. Il ne peut être assuré qu'en milieu hospitalier et repose sur le refroidissement rapide de l'organisme, associé à un retour à l'équilibre hydroélectrolytique.

Prévention. Éviter de s'exposer dans des zones très chaudes. Porter des vêtements amples et se couvrir la tête. Boire en quantité suffisante sans attendre d'avoir soif. Lors de voyages en zone chaude, prendre le temps de s'acclimater avant de faire des efforts physiques.

Sports de plage

Le beach-volley, le sandball, le frisbee ou les jeux dans les boudins provoquent des accidents anecdotiques, qui ne suscitent pas de surfréquentation des services d'urgence.

Clinique. Les principaux accidents liés à ces activités sont la luxation isolée, l'entorse du pouce ou de la cheville, la fracture du poignet, la fracture du scaphoïde, la tendinite du genou ou du coude (épicondylalgie), mais aussi une neuropathie du nerf scapulaire (épaule), des lésions musculaires et des douleurs dorsales.

Traitement. Un traitement médical en ambulatoire est suffisant.

Prévention. Maintenir une activité sportive durant l'année.

ACCIDENTS MARITIMES

Polytraumatisé en mer

De par la cinétique et la violence des impacts, l'arrivée de nouveaux sports de mer incite à raisonner de la même façon qu'en accidentologie routière classique.

Kitesurf et jet ski. Le kitesurf est un sport dit « extrême », dont la particularité est d'être à la fois aérien et nautique. Les sportifs s'envolent avec leur planche sur des distances importantes, parfois à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, et risquent de quitter les zones aquatiques pour atterrir sur une nationale ou sur une voiture. De même, les accidents de jet ski provoquent fréquemment des traumatismes graves. Ces accidents sont importants et leur violence peut être comparée à celle que provoquent des accidents de voiture.

Clinique. Les conséquences sont graves : des traumatismes thoraciques ou abdominaux et des polyfractures.

Traitement. L'évacuation est réalisée en position horizontale selon des conditions contraignantes, liées à la flottabilité et à l'étanchéité du matériel de sauvetage. La prise en charge thérapeutique est bien souvent un traitement chirurgical en urgence, suivi d'un séjour en réanimation d'une dizaine de jours, en fonction de la nature des lésions.

Prévention. Afin de pratiquer le kitesurf en toute sécurité, il est fortement recommandé de commencer à le pratiquer dans une école. Des règles de sécurité essentielles sont à respecter pour éviter des accidents graves, voire mortels.

Quant au jet ski, il doit être pratiqué dans la zone d'utilisation imposée par la législation, qui se situe entre 300 mètres et 2 milles marins (c'est à dire 3700 mètres) à compter de la limite des eaux, tout en respectant les vitesses (vitesse maximum de 5 noeuds dans la zone des 300 mètres.) Dans la zone intérieure des 300 mètres, il faut utiliser les chenaux obligatoires.

Accidents par hélices de bateau. Ces accidents surviennent chez les plongeurs.

Clinique. Ils provoquent des lésions importantes des parties molles et des cuisses, et entraînent une traumatologie grave.

Traitement. Intervention chirurgicale.

Prévention. Il faut respecter les plages de baignade et les vitesses, et baliser son emplacement à l'aide de bouées flottantes en cas de pêche sous-marine, afin que les engins motorisés ou à hélice puissent localiser les plongeurs.

Plaies

Les plaies induites par des coquillages, des rochers ou des aiguilles sont fréquentes durant l'été. On observe une recrudescence des plaies par contact percutané (aiguille) à cette période. Après une réunion festive sur une plage mal nettoyée, les vacanciers, et plus particulièrement les enfants, peuvent être piqués par une aiguille souillée. Le traitement relève des procédures d'accidents d'exposition au sang des plaies. Les plaies créées par des corps étrangers sont localisées dans le doigt, dans les cuisses ou dans le cuir chevelu. Les hameçons causent de très nombreux accidents pendant l'été. Leur retrait nécessite un acte médical sous anesthésie locale. Le geste est complété par une évaluation septique de la plaie.

Hypothermie

Chez les plaisanciers, les circonstances de survenue de l'hypothermie sont liées au contact prolongé dans la mer. Les bateaux à moteur, les canots et les voiliers sont les embarcations de plaisance les plus populaires, mais un chavirement peut amener le plaisancier en état avancé d'hypothermie.

Clinique. L'hypothermie se définit par une température rectale inférieure à 35° C, associée à une pulsation lente et une tension artérielle imprenable. L'aspect du patient est évocateur : peau et lèvres bleues, pupilles fixes et dilatées, muscles rigides et mouvements respiratoires peu décelables. Mais ces personnes en hypothermie sévère peuvent être encore en vie !

Traitement médical. Il doit associer simultanément le réchauffement et le traitement des complications propres.

Prévention. Lors d'une navigation de plaisance, le port d'un dispositif de flottaison ou de protection contre l'hypothermie est indispensable.

Hydrocution

Clinique. Cette réaction de l'organisme est due à un choc différentiel entre le chaud et le froid. Le patient est en hyperthermie lors de son exposition solaire. Son sang afflue en périphérie, créant une vasodilatation. Puis, lorsqu'il s'immerge, une vasoconstriction apparaît. Un désamorçage de la pompe cardiaque est provoqué, induisant une hydrocution, très souvent suivie d'une noyade.

Traitement. Après l'extraction du corps de l'eau, le patient est pris en charge par le Samu. Un massage cardiaque est effectué. L'hospitalisation est systématique.

Prévention. Afin d'habituer le corps à la température de l'eau, la nuque, le dos et le thorax doivent être humectés progressivement, car ces localisations sont riches en récepteurs thermiques.

Noyades

Malgré une baisse du nombre des décès par noyade, ces accidents sont encore trop fréquents. Quelques conseils permettent d'éviter le drame.

Description. De nombreux types de noyade sont observés. Les noyades des personnes âgées peuvent être provoquées par un accident vasculaire cérébral, un infarctus du myocarde ou encore un trouble du rythme. Autre cas typique : le conducteur qui, fatigué d'avoir roulé toute la journée, se jette immédiatement à l'eau une fois arrivé sur son lieu de vacances.

Par ailleurs, certains vacanciers, après avoir consommé de la drogue ou de l'alcool, chutent à l'eau en raison d'une diminution de leurs capacités de vigilance. Ou encore, des nageurs piqués par une méduse peuvent faire un malaise. Des noyades peuvent également avoir lieu en eau peu profonde lorsque la surveillance est insuffisante.

Prévention. Pour éviter que de tels drames surviennent, certaines précautions s'imposent :

- Surveiller ses enfants, prévenir ses proches avant de se baigner ;

- Éviter toute consommation d'alcool et de drogues ;

- Rentrer progressivement dans l'eau, ne pas s'exposer longtemps au soleil, boire régulièrement de l'eau ;

- Choisir des zones de baignade surveillées. Se renseigner auprès de professionnels qualifiés et consulter la météo locale ;

- Ne pas lutter contre le courant et les vagues, s'allonger sur le dos, se laisser flotter dans la mesure du possible.

ACCIDENTS DE PLONGÉE

La plongée est une activité à risque potentiel. C'est pourquoi, quel que soit le type de la plongée, il est primordial de ne jamais négliger les symptômes apparus au cours d'une plongée. Deux types de plongée sont pratiquées : la plongée en apnée dont le risque principal est la noyade, la plongée à l'air comprimé, dont les risques sont les barotraumatismes et les accidents de décompression.

Plongée en apnée

Ce type de plongée ne provoque que très peu d'accidents. Parmi eux, le barotraumatisme de l'oreille interne qui induit des troubles de la perception et de l'équilibre. L'onde de pression est transmise mais n'est plus décodée. Le tympan est strictement normal mais une surdité post-traumatique apparaît. Une perte de connaissance peut être associée, ce qui génère un risque de noyade. Une oxygénothérapie est mise en place, ainsi qu'un traitement vasodilatateur et une corticothérapie en intraveineux.

Plongée en scaphandre

Dans ce cas, le plongeur est équipé d'une tenue spécifique.

Accidents barotraumatiques. Ce sont des traumatismes liés à la pression. Ces accidents mécaniques sont liés aux différences de variation de volume des espaces gazeux, liquidiens et solides de l'organisme sous l'effet de la pression. Ils ne surviennent que lors de changements de profondeur.

Accidents barotraumatiques ORL :

- Otite barotraumatique de l'oreille moyenne : lors de la descente, si l'équilibre des pressions ne s'effectue pas dans l'oreille moyenne, la dépression créée déforme le tympan, qui se tend à l'extrême et se congestionne.

Une otite soit d'origine constitutionnelle (déviation de cloison nasale, déformation de la partie osseuse de la trompe d'Eustache), soit fonctionnelle (rhinites, coryzas) est induite. Des otalgies, une hypoacousie, une otorragie sont observées. Une otoscopie (examen qui permet de visualiser le tympan et le conduit auditif externe) est réalisée afin de confirmer le diagnostic. Après recherche d'une éventuelle perforation, des gouttes auriculaires sont administrées, ainsi que des traitements anti-inflammatoires, antalgiques et antibiotiques.

Pour prévenir cet accident, il faut réaliser les manoeuvres d'équilibration que sont la déglutition, la méthode Valsalva (qui consiste à pincer son nez puis à souffler), la manoeuvre de Frenze, la béance tubaire volontaire.

- Barotraumatisme de l'oreille interne : lors de la phase de descente ou de remontée de la plongée, une mise en surpression brutale de l'oreille moyenne, en particulier lors d'un Valsalva violent, peut affecter l'oreille interne et menacer les centres de l'équilibre et de l'audition. Ce cas est une urgence médicale. Ce traumatisme induit des vertiges, une instabilité, une hypoacousie de perception, des acouphènes alors que l'otoscopie est normale (tympans normaux). En urgence des vasculotropes, des corticoïdes et des séances de caissons sont administrés.

Pour prévenir cet accident, il ne faut pas utiliser la méthode Valsalva appuyée, surtout lors de la remontée.

- Barotraumatismes sinusiens : ce sont des accidents rares liés aux variations de la pression ambiante sur une des grandes cavités des sinus de la face. Le plus souvent, une pathologie existe au préalable (rhinites, polype). Dans l'immense majorité des cas, leur expression se limite à des épistaxis minimes et à des douleurs localisées au sinus frontal ou maxillaire. Les complications graves (orbitaires ou encéphaliques) sont très exceptionnelles. Des douleurs sinusiennes aiguës apparaissent au niveau des maxillaires et du front. Leur prise en charge thérapeutique comprend des traitements anti-inflammatoires, antalgiques et antibiotiques.

La prévention des barotraumatismes sinusiens repose sur un examen d'aptitude spécialisé minutieux. Les manoeuvres d'équilibration sont à éviter.

- Barotraumatismes dentaires : lors de la descente, une carie contenant de l'air subit une pression qui se traduit par une douleur. Le plongeur remonte et va consulter un dentiste. Par contre, lors de la remontée, l'air qui s'est infiltré durant la descente dans une carie en caverne ou sous une couronne ne peut pas s'exhaler. Par pression, le plombage ou la couronne est expulsé, provoquant une fracture dentaire. Un traitement odontologique est suffisant.

Pour prévenir ces accidents, il convient d'assurer une surveillance et des soins dentaires réguliers.

Barotraumatisme intestinal du scaphandrier. Cette pathologie survient chez des plongeurs professionnels qui plongent longtemps et en grandes profondeurs en portant un scaphandre (casque plus propice à la discussion que le port d'un détendeur). Des gaz intestinaux se forment alors dans l'intestin et entraînent une dilatation viscérale lors de la remontée. Ce barotraumatisme se traduit par une pesanteur abdominale, des flatulences, des météorismes (ballonnements) des borborygmes (bruits intestinaux). Un traitement symptomatique suffit.

Certaines précautions alimentaires sont à prendre pour prévenir ces accidents. Les déglutitions au cours de la plongée sont à éviter.

Barotraumatisme gastrique. Cet accident, beaucoup plus aigu, survient lors d'une remontée rapide du plongeur non contrôlée, causée bien souvent par un problème de détendeur. Une dilatation gastrique liée à une ingestion de gaz est présente, entraînant une dilacération des cellules musculaires (pneumopéritoine, vomissements sanglants) voire une rupture gastrique (fuite abdominale), associées à des douleurs abdominales aiguës.

L'éructation associée à un traitement antispasmodique soulage le patient. Une prise en charge chirurgicale d'urgence est instaurée en cas de rupture gastrique, suivie d'un séjour en service de réanimation.

Pour prévenir ces accidents, l'éructation est conseillée lors de la remontée. Une vigilance particulière doit être apportée aux plongeurs porteurs d'anneaux gastriques, qui doivent être capables d'éructer. Une vérification radiographique est nécessaire.

Barotraumatisme pulmonaire : la surpression pulmonaire. Cet accident est le plus meurtrier des accidents de plongée. Il se traduit par une augmentation brutale de la pression intra-pulmonaire inhérente à l'existence d'un obstacle à la libre circulation des gaz. Il survient essentiellement chez le plongeur débutant en phase dynamique de remontée. Une inhalation d'eau, un moment de panique (blocage glottique volontaire), un essoufflement, une erreur technique, une syncope (blocage glottique réflexe)... peuvent être à l'origine de ce type d'accidents.

La surpression pulmonaire induit une distension des parois alvéolaires dont les symptômes sont des expectorations hémoptoïques (sanglantes) associées à une toux et à une gêne thoracique. Mais elle peut aussi provoquer une rupture des parois alvéolaires associée à un pneumothorax, à un pneumomédiastin ou à un aéro-embolisme cérébral. La symptomatologie peut se manifester après un délai compris entre quelques minutes et plusieurs heures. Elle va d'une simple fatigue au coma, à la paraplégie ou la tétraplégie, en passant par des paresthésies, des déficits moteurs ou sphinctériens, ou des algies musculo-tendineuses. La réversibilité partielle ou totale des troubles est essentiellement liée à la périodicité du traitement.

La distension pulmonaire ne nécessite aucun traitement. En cas de rupture alvéolaire, le pneumothorax impose un drainage pleural après une confirmation radiographique. Le pneumo médiastin évolue spontanément.

L'aéro-embolisme cérébral nécessite une thérapeutique par oxygénothérapie et une évacuation en urgence vers un caisson de recompression, pour une thérapeutique en milieu hyperbare.

Pour prévenir ces accidents, il faut éviter de bloquer sa respiration en phase de remontée, et éviter les remontées trop rapides.

Les exercices de remontée sans embout doivent être réalisés sous surveillance.

Placage de masque. Au cours de la descente, la pression augmente et comprime le volume de l'air contenu dans le masque jusqu'à sa limite d'élasticité. Le volume interne du masque est mis en dépression, provoquant un effet de ventouse sur les yeux et, progressivement, une dépression semblable à une aspiration. Une congestion oculaire apparaît, associée à des saignements et à des conjonctivites. Un collyre antiseptique est administré. Cet accident survient chez le plongeur débutant. Pour l'éviter, il suffit de souffler de l'air par le nez lors de la descente pour équilibrer la pression dans le masque.

Accidents toxiques. La tolérance de l'organisme à divers gaz varie selon la nature des gaz et la pression à laquelle ils sont inhalés. Les connaître permet de mieux appréhender ce type d'accidents, qui se gèrent essentiellement in situ.

Intoxication à l'oxygène ou hyperoxie. Le dioxygène (O2) devient toxique avec l'augmentation de sa pression partielle. Cet effet, nommé hyperoxie, est dû à la toxicité neurologique du dioxygène à partir d'une pression partielle de 1,6 bars. Il soumet le plongeur à un risque de crise épileptique (effet Paul Bert) et donc à une perte de connaissance conduisant à la noyade.

D'autre part, une exposition prolongée à une pression partielle de dioxygène de plus de 0,6 bars peut provoquer des lésions pulmonaires de type inflammatoire (effet Lorrain Smith). Le traitement médical consiste à diminuer la pression partielle d'oxygène. En termes de prévention, il faut savoir que la plongée à l'air est limitée à 65 mètres car c'est à partir de 66 mètres qu'intervient l'hyperoxie (effet Paul Bert).

Intoxication au gaz carbonique ou hypercapnie. L'intoxication au dioxyde de carbone (CO2) est un accident assez répandu, qui a généralement lieu à la suite d'un effort en plongée. Elle correspond à une quantité excessive de gaz carbonique dans le sang (pression partielle de CO2 supérieure à 45 mm de mercure) due à une hypoventilation pulmonaire. Elle survient lors d'un effort particulier (palmage vigoureux...) et est aggravée par la profondeur de la plongée et par le froid.

Cette intoxication se traduit par une rupture d'apnée chez les plongeurs en apnée, et par un essoufflement qui déclenche souvent une narcose (communément nommée « ivresse des profondeurs »), avec parfois une perte de conscience. En effet, l'augmentation de la ventilation pulmonaire provoquée par l'essoufflement provoque une augmentation très importante de la quantité de diazote absorbée. Une oxygénothérapie est mise en place. Pour prévenir ces accidents, il ne faut pas s'immerger avec un début d'essoufflement en surface, qui sera aggravée par l'augmentation de la pression partielle de CO2 en profondeur. Il est nécessaire de réaliser des expirations longues afin d'exhaler le plus de CO2 possible.

Intoxication à l'azote. À partir d'une pression partielle de 4 bars, l'azote est toxique. La narcose est un accident assez méconnu, car il ne survient pas de manière constante. En général, elle peut se manifester dès 30 mètres pour de jeunes plongeurs. Elle est systématique à 60 mètres, même pour les plongeurs expérimentés.

Inhérente au profil de chaque plongeur, à son accoutumance à la profondeur et à son état physique (fatigue), elle se traduit par des sentiments d'euphorie, d'anxiété ou d'agressivité, une diminution de l'attention, des comportements irraisonnés. Elle est associée à une impression d'effet de résonance céphalique à chaque respiration sur le détendeur, à une perte de sensibilité des membres inférieurs, jusqu'à une perte de connaissance.

En remontant de quelques mètres dès l'apparition de la narcose, ou à la surface en cas de perte de connaissance, les symtômes disparaissent, ne laissant aucune séquelle.

Pour prévenir ces accidents, il faut s'adapter progressivement à la profondeur et éviter de respirer à pleins poumons à partir de 40 mètres. En ne plongeant que jusqu'à cette limite, un plongeur n'est pas, en principe, exposé à l'intoxication par l'azote.

Accidents de désaturation (anciennement décompression). L'azote est un gaz neutre qui, grâce à son effet diluant, permet au corps humain de ne pas respirer de l'oxygène pur (cela induirait une toxicité cellulaire). Durant la plongée, l'azote est emmagasiné dans le corps humain jusqu'à ce qu'il se produise un phénomène de saturation, variable selon les personnes. Il est restitué à l'atmosphère lors de la diminution de la pression ambiante, durant six à douze heures. Si l'azote est mal restitué, un accident de désaturation survient et provoque la formation de bulles pathogènes.

Accidents bénins : type I.

Des bulles vont se former dans un endroit précis de l'organisme et ne vont pas circuler.

Dans le cas d'incidents cutanés, des bulles d'azote se forment sous la peau. Si cette localisation est isolée, aucun traitement n'est administré. Cet incident est résolutif.

Pour les accidents ostéo-arthro-musculaires, des bulles d'azote peuvent se localiser dans les parties articulaires périarticulaires, car ces sites saturent plus facilement que d'autres. Des douleurs localisées au niveau des grosses articulations apparaissent quatre à cinq heures après la plongée. Elles surviennent au repos, et sont ressenties en permanence. La sédation de ces douleurs s'effectue grâce aux nouveaux antalgiques. Le plongeur pense qu'il a effectué un faux mouvement, se traite avec du paracétamol et quelques antalgiques. Il ne va pas imputer cela à la plongée. Constatant que la douleur demeure au bout de trois heures, il ne consulte son médecin que tardivement. Ces douleurs nécessitent des séances de caisson hyperbare, mais le pronostic vital n'est pas en jeu.

Quelle que soit la symptomatologie qui survient au décours d'une plongée, il faut consulter immédiatement.

Accidents de type II :

- Accidents vestibulaires : la localisation peut se faire également au niveau de l'oreille interne qui présente une partie liquidienne prédisposée à absorber l'azote. Cette atteinte vestibulaire majeure de dégazage va entraîner la formation de bulles dans le liquide de l'oreille interne. Les centres de l'équilibre sont touchés. Brutalement, des grands vertiges rotatoires apparaissent, associés à des vomissements et des nausées, rendant la station debout et la marche impossible. Le patient est hospitalisé durant cinq jours, car plusieurs séances de caisson sont nécessaires pour induire une amélioration fonctionnelle : diminution des vertiges, des nausées et des vomissements, et récupération complète.

- Accidents cérébraux : ces accidents sont rarissimes car normalement, l'azote ne doit pas se retrouver dans le circuit artériel. Mais dans certains cas bien précis, un embole artériel peut apparaître, lié à un passage de gaz dans la circulation gauche.

C'est le même tableau clinique que le barotraumatisme pulmonaire induisant un aéro-embolisme cérébral. Des troubles hémiplégiques surviennent, car seul l'hémisphère cérébral est atteint. Ces troubles sont souvent associés à des paresthésies et à des problèmes sphinctériens. Une recompression relativement profonde (50 mètres) est instaurée lors d'une seule séance de caisson qui recomprime cette bulle et libère donc les vaisseaux cérébraux.

- Accidents médullaires : ils sont dus à une obstruction des veines épidurales par des bulles d'azote qui bloquent la circulation médullaire. Elles induisent des oedèmes périlésionnels qui compriment les différents tissus nerveux. Des lésions se forment de manière progressive au niveau des transmissions nerveuses, instaurant une paraplégie associée à des troubles sphinctériens. Par ailleurs, un embole gazeux crée une agrégation plaquettaire emprisonnant la bulle. Enfin, une lésion de la paroi endothéliale crée une fuite plasmatique qui entraîne une diminution de la fluidité sanguine, elle-même responsable d'une réduction de la circulation sanguine.

Ces troubles se manifestent chez le plongeur par une fatigue anormale lors de l'immersion par une dyspnée et un essoufflement. Mais ces signes généraux n'alertent pas toujours le plongeur. Puis secondairement, des troubles neurologiques apparaissent : des troubles sensitifs des membres inférieurs, des paresthésies à titre de fourmillement, des difficultés à mouvoir un membre. Une paraplégie s'instaure progressivement au bout de deux ou trois heures. Comme ces plongeurs consultent tardivement, il est difficile de garantir un résultat. Un traitement par oxygénothérapie sur le bateau réactive le système et donne l'impression d'améliorer l'état général. Mais dès l'arrêt de ce traitement, les symptômes initiaux réapparaissent.

La conduite à tenir est l'oxygénothérapie, sous masque à oxygène 15 litres/minutes afin de transmettre 100 % d'oxygène dans son poumon. Une réhydratation réduit l'hémoconcentration qui est phénoménale. Le plongeur est donc réhydraté (2 litres) de manière progressive par voie orale, sauf si des troubles de la conscience (risque de fausse route), des vomissements et une suspicion de lésions gastriques sont observés. En fonction de la prise en charge médicale, une réhydratation par voie veineuse a lieu à l'hôpital.

En cas d'agrégation plaquettaire, seul un anti-agrégant plaquettaire (500 mg d'aspirine) est efficace. Il est administré sur le bateau car, le temps d'arriver à l'hôpital, il est trop tard. Ensuite, même si l'état du patient s'est amélioré, il ne faut pas le considérer comme guéri. Une réaggravation secondaire peut se produire. Le processus d'hospitalisation doit être maintenu jusqu'au bout. Pour prévenir ces accidents, consulter très rapidement un médecin spécialisé dès l'apparition de troubles considérés comme bénins après une plongée.

Il faut s'hydrater avant de plonger, ne pas effectuer d'apnée pour économiser le gaz et éviter certaines plongées en fonction de son capital veineux, qui diminue avec l'âge.

Piqûres et plaies

Plaies venimeuses : les piqûres de vives et de rascasses (en Méditerranée) peuvent entraîner des plaies très douloureuses. Si aucune réaction anaphylactique ou allergique n'est observée, une désinfection et un traitement antalgique suffisent. Il est possible d'utiliser le chaud et le froid pour dénaturer les protéines du venin et casser son action algique. Aux urgences, le sèche-cheveux et la glace peuvent servir d'antalgiques.

Piqûres d'oursins : l'ablation des aiguilles étant impossible, elles sont maintenues en place et rejetées par l'organisme ultérieurement. Un traitement antiseptique et antalgique suffit.

Méduses : la piqûre est douloureuse. Si elle survient au large, elle peut provoquer par cascade un malaise vagal important, et donc la noyade. Rincer la plaie avec du sable et racler avec les moyens en sa possession (carte bancaire...) puis rincer avec de l'eau douce durant vingt-quatre à quarante-huit heures. En cas d'invasion de méduses, se baigner dans des lieux de baignade autorisée avec des combinaisons, afin que les piqûres ne soient localisées que sur les extrémités. Attention, une invasion importante est prévue cet été en Méditerranée.

Le Cross Méditerranée

Le Cross Méditerranée (centre regional opérationnel de surveillance et de sauvetage) assure la recherche et le sauvetage sur toute la façade méditerranéenne. Sous la responsabilité du préfet maritime de Toulon, le Cross assure la réception des alertes à partir d'une veille radio et téléphonique permanente. Le Cross est le point de contact français en Méditerranée et en mer Noire. À ce titre, il coordonne des opérations de sauvetage à caractère national et international dans cette zone. La saison estivale représente plus de la moitié des opérations de l'année.

La Méditerranée se caractérise par l'importance de la navigation de plaisance et par la pratique de loisirs nautiques, pour lesquels le vent reste le principal facteur de risque. Après une stabilisation, le bilan humain s'est aggravé en 2007 avec 51 morts et disparus, contre 41 en 2006. La majorité de ces cas a été enregistrée dans les sports subaquatiques et la baignade. Le bilan humain pour la plongée autonome est en augmentation (il est passé de 7 à 10 décès ou disparitions en 2007) ainsi que les chutes à la mer (9 en 2007, contre 5 en 2006).

Le Samu du Var

Le Samu 83 est aussi un Samu de coordination médicale maritime pour la façade Méditerranée, placé sous la direction opérationnelle du Cross.

Il permet d'assurer une écoute médicale permanente des appels d'urgence, d'utiliser les ressources disponibles pour soigner de manière optimale les patients, d'apporter les soins là où le patient se trouve grâce à l'intervention d'équipes médicales du service mobile d'urgence et de réanimation, d'organiser le transport vers un établissement de soins spécifiques.

La marine nationale met à disposition un hélicoptère pour assurer le sauvetage en mer.

Le caisson hyperbare

Le caisson hyperbare est une chambre métallique construite pour résister à la pression. La mise en pression des chambres se fait avec de l'air comprimé fourni par des compresseurs, l'oxygène étant administré par l'intermédiaire d'un masque facial le plus étanche possible, relié à un déverseur. Du matériel et des médicaments d'urgence se trouvent à l'intérieur du caisson, alors qu'à l'extérieur se trouvent des manomètres de contrôle (admission et échappement de l'air), de sécurité incendie (analyseur d'oxygène, arrosage sous pression), un scope ECG et un interphone. L'analyseur d'oxygène mesure, à l'aide d'une sonde située à l'intérieur de la chambre, le taux d'O2, qui ne doit pas dépasser 25 %. Au-delà, il faudra effectuer une ventilation forcée, afin d'éviter tout risque d'incendie.

L'infirmier hyperbariste

L'infirmier hyperbariste assure la surveillance médicale des chantiers de plongée, le traitement d'urgence des accidents de plongée, les soins en milieu hyperbare, la maintenance du matériel médical et des caissons de recompression affectés aux unités de plongeurs, le suivi de l'aptitude médicale des plongeurs.

Il est l'auxiliaire technique du médecin. La formation d'infirmier hyperbariste correspond à celle des infirmiers de la marine nationale, suivie de spécialisations. Implantée à Brest, au Centre d'instruction naval, l'École de maistrance dispense durant dix-sept semaines aux futurs officiers mariniers une formation initiale maritime et militaire (hormis les titulaires du diplôme d'État infirmier). Les maistranciers rejoignent l'École du personnel paramédical des armées, implantée à Toulon, pour y acquérir toutes les connaissances techniques. Cette formation est sanctionnée par la validation de l'ensemble des modules enseignés et par la réussite aux épreuves théoriques et pratiques du diplôme d'État d'infirmier.

Le caisson de l'hôpital Font-Pré, à Toulon

Le caisson hyperbare est une chambre de compression pouvant accueillir six patients valides ou deux malades alités, ainsi que le personnel accompagnant (médecin, infirmière). 500 patients sont traités chaque année dans le service.

Le caisson est disponible 24 heures sur 24 et une astreinte médicale spécifique est assurée quotidiennement par les médecins hyperbaristes. Les principales pathologies traitées sont : les accidents de plongée, les intoxications au monoxyde de carbone, les artériopathies chroniques et les infections des parties molles.