Les régions sont rentrées dans l'ordre - L'Infirmière Magazine n° 241 du 01/09/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 241 du 01/09/2008

 

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Participation plus forte, sièges mieux pourvus... l'étape régionale des élections de l'ordre infirmier a été plus sereine que celle des scrutins départementaux. Et les élus se plongent dans leurs dossiers.

élections, acte II. Le 25 juillet dernier, la profession s'est dotée de 23 conseils régionaux de l'ordre, trois mois après avoir élu ses représentants départementaux. Avec 1 350 votants sur 1 636 inscrits, selon le site Internet qui a organisé le vote électronique, le taux de participation a été de 82,5 %, soit six fois plus que lors des élections départementales où le taux n'était que de 13,73%. Presque un miracle, en pleine période estivale... même si le mode de scrutin explique en grande partie ce beau succès. En effet, seuls les conseillers départementaux titulaires pouvaient voter.

Libérales modèles

Cette fois encore, les infirmières libérales se sont montrées les plus motivées avec, en moyenne, plus de trois candidats pour un poste, contre moins de deux pour un dans le collège privé. Le collège public s'est également illustré, avec des taux de participation allant jusqu'à 100 % dans certaines régions, y compris en Île-de-France, où tous les électeurs inscrits au titre des collèges publics de Paris, de Seine-et-Marne et des Yvelines ont voté.

Sur les 451 postes de titulaires à pourvoir, 19 sont tout de même restés vacants, selon un décompte de L'Infirmière magazine. Le bonnet d'âne revient au Languedoc-Roussillon, avec cinq sièges non pourvus (deux dans le Gard et dans les Pyrénées-Orientales et un en Lozère). Faute de candidat, le collège public des Pyrénées-Orientales se retrouve même sans élu.

Si les sièges de titulaires ont globalement trouvé preneurs, en revanche il manque beaucoup de suppléants, sauf en Alsace et dans le Nord-Pas-de-Calais où le compte est bon.

Pas encore de budget

En attendant l'élection du Conseil national de l'ordre, le 25 novembre prochain, les conseils départementaux se sont mis en quête de locaux et ont commencé à se réunir. S'ils n'ont pas attendu pour se mettre au travail, la vitesse de croisière ne pourra être atteinte que lorsque l'ordre infirmier se sera doté d'un budget.

Or, le budget, qui dépend des cotisations dont les infirmières devront s'acquitter, est une prérogative du Conseil national. Les conseils départementaux ont cependant entamé la réflexion sur la délicate question du montant des cotisations, en s'inspirant des autres ordres professionnels.

« Pour équivaloir au budget national des kinés, qui sont dix fois moins nombreux que nous, il faudrait 30 euros par cotisation », calcule Ghislaine Meillerais, infirmière libérale dans le vignoble nantais et élue au conseil régional de l'ordre des Pays de la Loire. Si tel est « le prix de l'indépendance, c'est essentiel », estime- t-elle. « S'il le faut, on trouvera un moyen de réduire encore cette somme, mais je ne crois pas que la profession doive être à 10 ou 20 euros près lorsqu'il s'agit de son avenir. »

« Pouvoir peser »

Il faut dire qu'après de longues années d'attente, les élues sont dans les starting-blocks. « L'ordre va nous offrir la possibilité de nous positionner en nombre et de peser sur les politiques de santé », s'enthousiasme ainsi Hélène Schabanel, présidente du conseil départemental de l'ordre du Val- de-Marne et élue au conseil régional de l'ordre d'Île-de- France. Bien que les infirmières n'aient « pas l'habitude d'être représentées », observe-t-elle, « ça démarre très fort, il y a une bonne adhésion ».

Un regret cependant : le manque d'intérêt apparent des pouvoirs publics. « Aucun officiel, ni le préfet, ni le directeur de la Ddass, ne sont venus nous voir lors de la mise en place du conseil départemental de l'ordre de Paris », déplore Jean-Louis Bouvet, infirmier libéral dans le XVe arrondissement de la capitale.

Retrouvez la liste complète des élus titulaires de chaque région sur notre site Internet

http://www.espaceinfirmier.com.

Hélène Schabanel 60 ans, Île-de-France, élue du collège public (1)

Quels doivent être les chantiers prioritaires du conseil régional ?

Il va falloir guetter les intentions du gouvernement sur le décret de compétence et suivre l'avancement de la réforme LMD (lire pp. 10 et 12). Sans oublier le développement de l'ordre infirmier lui-même. Il faut en expliquer l'intérêt pour que les infirmières comprennent bien qu'il participe de la qualité des soins.

Quand le conseil régional d'Île-de-France se réunira-t-il ?

Ce sera tout début septembre, autour du 4.

Déjà élue au niveau départemental dans le Val-de-Marne et maintenant au conseil régional, envisagez-vous de vous présenter au Conseil national ?

Je pense que oui, même si ce n'est pas franchement arrêté.

Ne regrettez-vous pas que l'ordre soit constitué si tard alors que s'annoncent des échéances déterminantes pour la profession ?

Pour être complètement légitimes, nous devrons attendre la constitution du Conseil national, mais nous avons quand même notre légitimité d'élus. Les conseils départementaux ont déjà commencé à travailler et nous prendrons les décisions au moment où il le faudra. Nous n'attendrons pas pour nous faire entendre.

1- Cadre supérieur de santé, Hélène Schabanel est directrice des soins à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (AP-HP).

Sonia Paillard 49 ans, La Réunion-Mayotte, élue du collège privé

Pourquoi vous êtes-vous présentée ?

À l'hôpital pour enfants de Saint-Denis de La Réunion, où je travaille, nous sommes trois infirmières à avoir été élues. Nous l'avions déjà été au conseil départemental. La veille de la clôture des candidatures pour l'élection régionale, la Drass nous a dit qu'il n'y avait aucun candidat. Comme on voulait à tout prix que l'ordre existe, on s'est présentées.

Comment voyez-vous les travaux qui vous attendent pendant ce mandat ?

On ne sait pas exactement ce qui nous attend, quelles seront exactement nos missions, c'est un peu flou. Mais je pense que des sujets comme les projets d'évolution du décret d'actes infirmiers ou le champ de la prescription devraient être débattus.

Souffrez-vous d'un manque d'information dû à l'éloignement ?

C'est plutôt un problème de manque de temps et de disponibilité. Les moyens de communication, on les a. Mais si l'on est amenées à se rendre en métropole pour rencontrer les collègues de l'Hexagone, la question du financement se posera.

Souhaitez-vous vous présenter au Conseil national ?

Non, je ne pense pas. Il y a déjà fort à faire aux niveaux départemental et régional.

Ghislaine Meillerais 46 ans, Pays de la Loire, élue libérale (1)

Quels doivent être, selon vous, les chantiers prioritaires de l'ordre ?

D'abord, développer la cohésion entre nous, car même si l'on pratique un même métier, la profession est très cloisonnée. Ensuite, assurer la promotion de la profession. Enfin, sur les dossiers à proprement parler, il y a un enjeu évident qui est celui de la régulation démographique.

Les trois échelons départemental, régional et national étaient-ils vraiment nécessaires ?

Oui. Notre profession regroupe 500 000 personnes. La notion de proximité est très importante. C'est à l'échelon départemental, par exemple, que se situe la commission de conciliation. Jusqu'ici, cette fonction d'arbitrage des conflits était assumée par les syndicats professionnels. Cela va libérer les forces vives des syndicats qui vont pouvoir se concentrer sur les conditions de travail.

Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter à l'échelon régional ?

Dans un contexte européen et tandis que se profile une réforme de fond du système de santé, c'est au niveau régional que beaucoup de choses se passent en termes de politiques publiques.

1- Ghislaine Meillerais, par ailleurs vice-présidente du Sniil, exerce depuis huit ans au sein d'un cabinet de groupe dans une commune de 6 000 habitants.

Propos recueillis par C. A.

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