Grippe à l'école, en entreprise, en milieu carcéral... - L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008

 

santé publique

Conduites à tenir

Toutes les collectivités qui rassemblent de nombreuses personnes dans un espace restreint doivent s'organiser de manière à éviter la propagation du virus.

MESURES BARRIÈRES

Les écoles, les hôpitaux, les lieux de travail, les transports en commun ou encore les prisons sont des milieux particulièrement favorables à la transmission des virus grippaux.

Pour les infirmières et les médecins qui y travaillent, ce sont donc des terrains où il faut, dans la mesure du possible, promouvoir les « mesures barrières » (lavages des mains fréquents, usage des solutés hydro-alcooliques, port du masque antiprojection en cas d'infection respiratoire, usage des antiviraux dès le début de la grippe, etc.).

L'expression « dans la mesure du possible » signifie que cela est souvent difficile en raison du contexte, de l'inertie administrative, du manque de moyens ou encore de l'indifférence des dirigeants. Pour autant, difficile ne veut pas dire impossible. Il existe des exemples de réussite dans ce domaine :

- Un nombre croissant d'entreprises proposent à leurs salariés une vaccination gratuite contre la grippe.

- L'usine PSA de Rennes a mis en place des campagnes d'information sur la grippe et participe à la détection des épidémies de grippe. Elle a ensuite été imitée par d'autres grandes entreprises (Hewlett-Packard, EDF, etc.), conduisant à la création du réseau Omer (Occupational Medicine, Epidemiology and Risks), animé par Open Rome (1).

- L'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes) diffuse gratuitement, sur demande, des affichettes et des dépliants permettant d'expliquer la façon d'utiliser les différentes « mesures barrières ».

« PLANS DE CONTINUITÉ »

Depuis 2005, la peur de la grippe aviaire puis la crainte de la survenue d'une pandémie ont conduit la majorité des grandes entreprises à concevoir des « plans de continuité » applicables en cas de vague d'absentéisme résultant d'une pandémie de grippe ou d'une catastrophe, de façon à pouvoir continuer leur activité.

Médecins et infirmières de santé au travail ont été sensibilisés à ces questions et sont souvent impliqués dans la conception de ces plans, aux côtés des animateurs des « cercles de qualité », des ingénieurs et des qualiticiens.

Les syndicats, qui représentent les salariés dans les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ont également compris que la grippe pouvait poser des problèmes organisationnels susceptibles de menacer les conditions de travail des employés, et même parfois, leur vie.

ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

La situation est un peu différente dans les établissements scolaires. Il est par exemple difficile de promouvoir les mesures barrières quand l'état des sanitaires de l'établissement est déplorable. Pourtant, le manque d'hygiène est un facteur essentiel de la propagation des épidémies respiratoires en milieu scolaire. Ce phénomène engendre un absentéisme important et peut provoquer des retentissements sanitaires graves chez les enfants asthmatiques ou porteurs d'autres facteurs de risque.

Pour convaincre les responsables de l'établissement ou leur hiérarchie, les infirmières de l'Éducation nationale peuvent s'appuyer sur les médecins scolaires et sur des ressources extrascolaires comme l'Inpes et le réseau des groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog). Les représentants de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN) peuvent eux aussi jouer un rôle important.

MILIEU PÉNITENTIAIRE

En milieu pénitentiaire, le risque de propagation des épidémies de grippe est très élevé. L'organisation de la prévention y est à la fois encore plus nécessaire et encore plus difficile que dans les autres collectivités. Ici aussi, n'hésitez pas à demander de l'aide à l'Inpes, à la Mutuelle de la justice et au réseau des Grog.

D'une façon générale, développer la prévention des épidémies de grippe est essentiel en collectivité. Quand cette prévention est inexistante ou inefficace, une infirmière seule peut difficilement changer la situation. En revanche, elle peut rechercher des alliés parmi les médecins et les dirigeants de l'entreprise puis jouer un rôle éducatif majeur grâce à son pouvoir de conviction et à sa proximité avec les salariés de l'entreprise.

1- Contacts : OMER, Open Rome, 67, rue du Poteau, 75018 Paris. Tél. : 01 56 55 51 51.

Open Rome (Organize and Promote Epidemiological Networks - Réseaux d'observation des maladies et des épidémies) est un organisme de recherche et d'intervention actif notamment dans la lutte contre les épidémies.

Aide des Grog

Dans certains environnements, tels que le milieu pénitentiaire, l'organisation de la prévention est à la fois essentielle et encore plus ardue que dans les autres collectivités. Les infirmières exerçant dans ce type de structures peuvent notamment s'appuyer sur l'aide des Groupes régionaux d'observation de la grippe.

Pour contacter les Grog :

- Dr Jean-Louis Bensoussan, président (courriel : jean-louis.bensoussan@grog.org) ;

- Dr Hervé Berche, secrétaire général (courriel : herve.berche@grog.org).