Grippe et voyages - L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008

 

santé publique

Conduites à tenir

Pour partir à l'étranger, le virus grippal n'est pas le compagnon de route idéal. Avant le départ, la vaccination permet de prévenir certaines déconvenues.

VOYAGES EN GROUPE, HÉMISPHÈRE SUD ET ZONES INTERTROPICALES

Les voyages en avion et les déplacements en groupe favorisent les échanges interhumains de virus respiratoires. Le virus grippal, dont la contagiosité n'est plus à démontrer, se transmet d'autant mieux au sein de telles collectivités que les sujets asymptomatiques en phase d'incubation sont très contagieux. De plus, l'automne et l'hiver de l'hémisphère sud correspondent au printemps et à l'été de l'hémisphère nord.

En zone intertropicale, la saisonnalité de la grippe est différente : dans ces régions, il peut y avoir deux épidémies par an ce qui, en pratique, expose à la grippe toute l'année. Les vacances sont donc un moment favorable pour attraper et transmettre la grippe. Il faut penser à cette maladie et s'en prémunir même pendant la saison chaude. À noter : dans les Dom-Tom, les échanges avec la métropole influencent l'épidémiologie de la grippe. Il n'est pas rare d'observer plusieurs vagues épidémiques, les unes quasi synchrones avec celles de la métropole, les autres similaires à celles des zones tropicales environnantes.

PÈLERINAGE À LA MECQUE

Comme tous les grands rassemblements humains, le pélerinage de La Mecque est aussi un lieu propice aux épidémies : grande densité humaine, population venant par avion du monde entier, foules denses facilitant la transmission aérienne, etc. Des alertes épidémiologiques sont données régulièrement par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour aider les pèlerins à se protéger.

Avant de partir, les pèlerins français savent qu'il faut voir leur médecin pour se vacciner ou se revacciner contre plusieurs maladies infectieuses (méningites, typhoïde, hépatites, diphtérie, tétanos, poliomyélite...). Dans cette liste, on oublie souvent la grippe. De septembre à avril, elle peut être véhiculée par des pèlerins de l'hémisphère nord, de mai à octobre, par ceux de l'hémisphère sud, et pendant toute l'année par ceux des zones intertropicales. À chaque expiration, un malade grippé dissémine des millions de particules virales dans une zone circulaire d'environ deux mètres de rayon. Mieux vaut donc être vacciné.

QUE FAIRE FACE À UNE FIÈVRE D'ALLURE GRIPPALE ?

Pendant un voyage à l'étranger, le moindre petit problème de santé peut être angoissant. Par exemple, que faire si, brutalement, vous vous apercevez que vous avez de la fièvre ?

1. Gardez votre sang-froid (même si vous avez plus de 40°C !). L'intensité de la fièvre n'est pas, en soi, un signe de gravité.

2. Ne restez pas seul. Prévenez quelqu'un de votre entourage et demandez-lui de vous prêter secours si votre état s'aggrave sans que vous vous en rendiez compte.

3. Si vous êtes dans un pays chaud ou si vous avez été exposé au soleil, pensez à un coup de chaleur : le traitement repose sur l'absorption de sel ou d'aliments très salés (anchois, chorizo, saucisson, eau de mer...) puis, un peu plus tard, sur des boissons abondantes.

4. Si vous êtes dans une région exposée au paludisme, surtout si vous n'avez pas pris correctement votre médicament préventif, pensez à cette maladie et demandez un avis médical. Le diagnostic de paludisme est fait facilement avec un examen biologique simple, réalisable rapidement partout dans le monde (la « goutte épaisse »). Le traitement repose sur la prise de médicaments antipaludéens.

5. Votre fièvre peut être due à toutes sortes d'autres causes. Elles sont en général bénignes et faciles à soigner (les infections bénignes existent aussi à l'étranger). La fièvre disparaît d'ailleurs assez souvent après vingt-quatre heures de repos.

6. Quand faut-il demander un rapatriement sanitaire ? Cette décision est prise par le médecin local après concertation téléphonique avec l'équipe médicale de l'organisme d'assistance, en fonction de votre état, du contexte épidémique et des ressources médicales locales.

7. Quel médecin choisir ? En voyage, il y a souvent dans les parages un médecin lui aussi en voyage. Mieux vaut faire confiance à un médecin du cru. Tout aussi compétent, il a l'avantage de bien connaître les possibilités locales et leurs limites.

« AI-JE ATTRAPÉ LA GRIPPE AVIAIRE ? »

Si, au retour d'un voyage exotique, un patient submergé par l'angoisse vous évoque cette hypothèse, vous pouvez atténuer son angoisse rapidement en posant les questions suivantes, dans l'ordre :

1. Avez-vous séjourné dans un pays touché actuellement par la grippe aviaire ?

La liste de ces pays est mise à jour très régulièrement sur le site de l'Institut de veille sanitaire (http://www.invs.sante.fr).

2. Les signes de maladie ont-ils commencé moins de sept jours après le séjour en zone infectée ? Si non, inutile de s'inquiéter, la durée d'incubation dépasse rarement sept jours.

3. Dans le pays touché par la grippe aviaire, avez-vous séjourné dans une ferme contaminée ? Avez-vous eu des contacts étroits (moins de deux mètres) et répétés avec une ou des volailles infectées ?

Autrement dit, l'agence de voyages a-t-elle réussi à faire prendre une ferme infectée par la peste aviaire et « bouclée » par l'armée pour un hôtel à touristes ?

- Si oui, conseillez de voir un médecin qui appellera le 15 (et la Direction de la répression des fraudes).

- Si non, vous pouvez rappeler à ce patient qu'il n'y a pas que la grippe aviaire dans la vie ! Il existe d'autres infections épidémiques beaucoup plus répandues telles que, par exemple, la grippe saisonnière, le paludisme, la dengue et les maladies tropicales.