Usage des antiviraux contre la grippe - L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 243 du 01/11/2008

 

santé publique

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DEUX FAMILLES

Les antiviraux utilisés actuellement appartiennent à deux familles chimiques différentes.

Anti-M2. La protéine M2 existe à la surface du virus grippal. La famille des anti-M2 comprend :

- l'amantadine (commercialisée en France sous le nom de Mantadix®) ;

- la rimantadine (commercialisée en France de 1987 à 1991 sous le nom de Roflual®).

Actifs contre les virus de types A et C, ils sélectionnent rapidement des souches grippales résistantes. De plus, ils ont des effets secondaires importants et fréquents, notamment sur le système nerveux (ce qui a justifié également un usage de l'amantadine comme antiparkinsonien).

Inhibiteurs de la neuraminidase. La famille des inhibiteurs de la neuraminidase comprend :

- l'oseltamivir (Tamiflu®) ;

- le zanamivir (Relenza®).

D'autres inhibiteurs de la neuraminidase sont en cours de développement.

Ils sont actifs contre tous les virus grippaux humains ou animaux, quel que soit leur type, A, B ou C. La fréquence des sensibilités diminuées aux inhibiteurs de la neuraminidase reste habituellement inférieure à 5 % des souches en Europe (à l'exception d'une lignée H1N1 apparue en 2007).

SCHÉMAS THÉRAPEUTIQUES

Les antiviraux spécifiques de la grippe complètent mais ne remplacent pas le vaccin. Ils freinent la multiplication virale, très forte pendant les heures qui précèdent ou qui suivent le début des signes cliniques. En période épidémique grippale, deux schémas thérapeutiques sont recommandés.

Traitement curatif précoce. Le « traitement curatif précoce » est très efficace s'il débute en urgence, dans les 12 heures qui suivent l'apparition des signes infectieux. Ensuite, plus le délai entre l'apparition des signes cliniques et le début du traitement est long, plus l'efficacité diminue. Après 48 heures, les antiviraux n'ont plus grand intérêt. Le traitement curatif précoce dure cinq jours. L'efficacité est directement liée à la précocité du traitement. De plus, cette façon de prendre un antiviral permet à la fois de faire disparaître les signes cliniques et d'acquérir une immunité contre le virus grippal.

Traitement post-contact. Le traitement peut également être commencé pendant l'incubation, après le contact avec un malade grippé et avant l'apparition des signes cliniques de l'infection. Pendant cette phase, la multiplication virale est très intense.

On parle alors de « traitement post-contact ». Le traitement post-contact dure dix jours. L'acquisition d'une immunité contre le virus est probable, même si elle n'est pas parfaitement démontrée.

Schémas thérapeutiques pour les adultes : VOIR TABLEAU

Schémas thérapeutiques pour les enfants. La posologie dépend du poids. L'oseltamivir peut être utilisé chez les enfants âgés d'un an ou plus. Il existe des formes pédiatriques (poudre 12 mg/ml) et des gélules dosées à 30 mg et à 45 mg.

Voici les posologies recommandées : VOIR TABLEAU

Le zanamivir peut être utilisé chez les enfants âgés de 5 ans ou plus. Il n'existe pas de forme pédiatrique.

L'amantadine peut être utilisée chez l'enfant âgé de plus d'un an à la dose maximale de 5 mg/kg/jour, sachant que chaque capsule contient 100 mg d'amantadine

Schémas thérapeutiques pour les femmes enceintes ou en âge de procréer. On manque de données sur une éventuelle toxicité de l'oseltamivir et du zanamivir chez les femmes enceintes. Dans le doute, mieux vaut s'en abstenir et privilégier une stratégie de cocooning (lire le cours).

L'amantadine est formellement contre-indiquée chez les femmes enceintes, en raison des effets tératogènes observés chez des souris.Contre-indications

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