Un relais en ville - L'Infirmière Magazine n° 244 du 01/12/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 244 du 01/12/2008

 

Psychiatrie

Actualités

Profession

À Toulouse, un cabinet d'infirmiers libéraux s'est spécialisé dans la prise en charge de patients psychotiques sortant de l'hôpital.

Deux mois de travail, quelque 80 personnes auditionnées... la commission Couty, chargée de formuler des propositions de réforme sur l'organisation de la psychiatrie et de la santé mentale, rendra ses conclusions mi-décembre. Une expérience innovante a retenu son attention.

Il y a deux ans, à Toulouse, Pierre Malgouyres a créé un cabinet d'infirmiers libéraux spécialisé dans la prise en charge des patients psychotiques. Neuf infirmiers au total, possédant tous une expérience dans le secteur psychiatrique, rendent visite deux fois par jour à une soixantaine de malades aux pathologies souvent très lourdes.

Observance améliorée

« Nous assurons la continuité des soins pour les patients qui sortent de l'hôpital, explique Pierre Malgouyres. Cela évite qu'ils prennent mal ou pas du tout leur traitement et finissent par y retourner. » Et ça marche : 15 % de réhospitalisations en moyenne.

Avant tout, les infirmiers du cabinet Saint-Alban font de l'éducation thérapeutique en s'assurant que les malades prennent bien leur traitement, mais surtout qu'ils comprennent en quoi ces médicaments leur permettent de se sentir mieux, malgré les effets secondaires. Chaque visite est également l'occasion d'un entretien au cours duquel le patient est encouragé à parler, de tout, de rien, de ses angoisses, de sa maladie, mais aussi de sa vie quotidienne et de ses problèmes matériels. « C'est un travail très fin, il ne s'agit pas d'une simple conversation mais bien d'un acte technique qui nécessite une formation », précise Pierre Malgouyres. Au-delà de la parole, les infirmiers prennent la « tension psychique » des patients, anticipant les crises et permettant d'éviter des drames.

Chaque semaine, le groupe discute des cas rencontrés. « Pour aborder les problématiques des soins psychiques, il faut exercer en collectif afin de confronter les ressentis et les savoirs », souligne Julie Guffond, infirmière au cabinet Saint-Alban.

Responsabilités accrues ?

Intéressée par son initiative, la commission Couty a auditionné Pierre Malgouyres. Il a pu ainsi faire part de ses idées sur la manière de réformer la prise en charge en psychiatrie, notamment en ce qui concerne la répartition des tâches : « Il faut redéfinir les rôles et les compétences pour être plus efficace, estime-t-il. Les aides-soignants doivent prendre davantage de responsabilités. Et les infirmiers devraient pouvoir prescrire des psychotropes. »

Quelles que soient les conclusions de la commission, le cabinet Saint-Alban montre par son succès que les infirmiers ont un rôle à jouer dans cette réforme, y compris en libéral.