Une faim de résultats - L'Infirmière Magazine n° 244 du 01/12/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 244 du 01/12/2008

 

Troubles alimentaires

Du côté des réseaux

Basé à Bayonne, le réseau Dabanta mise sur la pluridisciplinarité pour prendre en charge le plus tôt possible l'anorexie et la boulimie.

au départ, le projet est né d'une interrogation : que faire pour améliorer l'hospitalisation des jeunes anorexiques et boulimiques ? Comment l'éviter même ? Cette question taraudait Gilles Bibette, psychiatre libéral et médecin adjoint au centre médico-psycho-pédagogiques (CMPP) de Bayonne. Pour y répondre, il a misé sur la concertation : faire équipe avec d'autres praticiens, un collègue nutritionniste, des psychologues... Cette approche pluridisciplinaire s'est très vite enrichie grâce aux groupes de parole de patients et de parents mis en place au CMPP.

L'introduction de thérapies corporelles dans l'offre de soins fut l'occasion de formaliser cette action, avec la création en 1999 d'une association : ResoDabanta (Réseau d'études et de soins pour les désordres alimentaires boulimiques et anorexiques en territoire aquitain). Un espace unique, intervenant sur un territoire - la côte basque, la partie ouest du Pays basque intérieur et le sud des Landes - où il existait peu de structures médicales pour les adolescents, et encore moins pour ceux qui souffraient de troubles du comportement alimentaire (TCA).

peu d'hospitalisations

La philosophie ? « Agir rapidement, en amont de l'hospitalisation, en mobilisant les gestes et les savoirs professionnels du plus grand nombre », résume Gilles Bibette... Les résultats sont là : « Sur les 120 dossiers d'anorexie-boulimie ouverts en 2007, seules trois adolescentes, qui nous avaient été adressées très tard, ont dû être hospitalisées », souligne le psychiatre. Dabanta est désormais bien connu des familles et des médecins de la région. Dès qu'une adolescente maigrit de façon inquiétante, elle peut lui être adressée et être immédiatement prise en charge.

En septembre 2004, l'association a pu accéder à un financement de la Dotation régionale de développement des réseaux de santé (aujourd'hui Fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins). La construction en réseau, couplée à un adossement au CMPP pour les moins de 15 ans, permet une quasi-gratuité des soins. À cette occasion, Dabanta a fait le choix d'étendre son champ d'intervention, afin de prendre également en charge les adultes, et des patients atteints d'obésité ou de surpoids.

demande croissante

Aujourd'hui, l'équipe compte 18 personnes (soit 9 équivalents temps plein) : un psychiatre, sept psychologues, deux psychomotriciennes, deux art-thérapeutes, deux diététiciennes, une infirmière spécialisée en relaxation, un coordinateur administratif et deux secrétaires. Les demandes de prise en charge ne cessent de croître : 170 en 2005, 376 en 2007... et près de 450 pour 2008. Ces demandes peuvent être individuelles, mais émanent le plus souvent de soignants. Autant d'infirmiers, de diététiciens, de médecins spécialistes et surtout de médecins traitants, que Dabanta associe au suivi et au traitement organisés par le réseau, notamment en les conviant aux réunions hebdomadaires de synthèse, ou en travaillant par audio-conférence.

Chaque patient orienté vers le réseau est d'abord reçu par un « médecin référent » - souvent Gilles Bibette ou le médecin traitant - afin de définir l'architecture de la prise en charge à mettre en place, en travaillant notamment à partir du questionnaire Eating Disorder Examination, qui vise à évaluer la psychopathologie spécifique du comportement alimentaire via une approche dimensionnelle et catégorielle. En général, une psychothérapie individuelle est proposée dans la foulée.

le corps retrouvé

Par la suite, le réseau adapte ses modalités de prise en charge en fonction des besoins de chacun. Thérapies individuelles ou en groupe, pour prendre conscience de ses automatismes alimentaires et de leurs conséquences au quotidien. Thérapies familiales alliant l'entourage du patient au soin et créant, explique Brigitte Berméjo, psychologue, « un espace sécurisant où la parole peut émerger ».

Des séances de travail corporel par le biais de la relaxation permettent « de reprendre conscience de son corps, se le réapproprier côté plaisir » selon les mots de Marie-Claude Forzan, infirmière. Des ateliers d'art-thérapie sont là pour réapprendre le plaisir de faire ; des repas thérapeutiques et ateliers autour du goût sont proposés aux anorexiques-boulimiques, des séances de psychomotricité et des ateliers danse aux enfants obèses, des ateliers autour de son image ou de la gym et des jeux aquatiques aux adultes en surpoids. Des groupes de parole proposent à tous de verbaliser leurs difficultés, leur vécu.

L'équipe de Dabanta multiplie aussi les formations : auprès des médecins, en Ifsi, dans les lycées... Sachant par ailleurs que la prise en charge d'un patient à Dabanta coûte environ 1 000 euros par an, soit la moitié du prix d'une journée d'hospitalisation en pédiatrie, la démarche a de quoi séduire !

Contact

Réseau Dabanta

CMPP, 55 bis, avenue du Docteur-Moynac

64100 Bayonne

Tél. : 05 59 63 16 40 Fax : 05 59 52 98 74

resodabanta@pep64.org