Et en dehors de l'hôpital ? - L'Infirmière Magazine n° 245 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 245 du 01/01/2009

 

Soins palliatifs

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Les soins palliatifs peinent à s'imposer à domicile et dans le secteur médico-social, où l'on manque d'infirmières spécialement formées.

Pour bénéficier de soins palliatifs en france, mieux vaut finir sa vie à l'hôpital qu'en maison de retraite, à domicile ou, pire, en foyer d'accueil pour personnes handicapées. Les résultats d'une étude du Crédoc commandée par la Drees (1) et commentés lors d'un séminaire sur la démarche palliative, organisé début décembre à Paris, dépeignent une fracture béante entre les secteurs sanitaire et médico-social en la matière.

Présence infirmière

Réalisée en 2007 dans trois régions (Champagne-Ardenne, Languedoc-Roussillon et Île-de-France), l'étude porte sur 37 établissements du secteur médico-social (Ehpad, IME et MAS) et 31 établissements du secteur hospitalier et des soins à domicile. « À l'hôpital, les soignants considèrent que leur investissement dans la démarche palliative va jusqu'à la toilette mortuaire, a observé Bruno Maresca, directeur de recherche au Crédoc. Dans le médico-social, on est gêné par la perspective de la mort, dont on délègue souvent au dernier moment la gestion à des établissements sanitaires. C'est un secteur où l'approche antidouleur est peu répandue, y compris dans les Ehpad. C'est encore plus vrai dans les foyers d'accueil pour personnes handicapées. »

Alain Villez, conseiller technique chargé des personnes âgées à l'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux, a déploré « la carence dans les Ehpad d'une présence infirmière capable d'élaborer des stratégies antidouleur, notamment la nuit », regrettant que le Programme de développement des soins palliatifs pour 2008-2012 ne se soit saisi de ce problème qu'à titre expérimental. Celui-ci prévoit en effet que « dans le cadre du renouvellement des conventions tripartites des Ehpad, 25 établissements de plus de 200 places » puissent « expérimenter la présence la nuit d'une infirmière formée aux soins palliatifs par recrutement ou par recours à des infirmières libérales ».

Pour les Ehpad de moins de 200 places, l'expérimentation permettra la prise en charge des soins infirmiers la nuit par des infirmières libérales ou par une mutualisation de moyens avec des structures sanitaires ou médico-sociales de proximité.

« Parent pauvre »

Quant aux soins palliatifs à domicile, ils sont « le parent pauvre des soins palliatifs en France aujourd'hui », déplore le Dr Lucie Hacpille, médecin au CHU de Rouen et membre de la Société européenne de soins palliatifs. « Seules 2 personnes sur 10 peuvent décéder à domicile », renchérit Élisabeth Maylié, infirmière libérale, alors que 70 % des gens souhaitent mourir chez eux.

1- Crédoc : Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. Drees : Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques.

en chiffres

En France, on dénombrait fin 2007...

> 89 unités de soins palliatifs, totalisant 937 lits, soit 1,47 pour 100 000 habitants

> 340 équipes mobiles

> 3 075 lits identifiés soins palliatifs

> 110 réseaux

Source : Dhos