Ni connes Nicosie ! - L'Infirmière Magazine n° 245 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 245 du 01/01/2009

 

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Les infirmières chypriotes militent pour l'élargissement de leurs compétences.

Entre le petit port de plaisance et la maison de dionysos sertie de ses mosaïques millénaires, l'Association des infirmières et sages-femmes de Chypre (Cyna, pour Cyprus Nursing and Midwives Association) a choisi la ville de Paphos pour son congrès annuel en novembre dernier.

Pas vraiment de pénurie

Plus de 500 participantes, venues de tout le sud de l'île (partagée en deux depuis l'invasion turque au Nord, en 1974), ont assisté aux ateliers de formation continue et contribué aux grands chantiers de l'association. Le ministre de la Santé, Christos Patsalides, a d'ailleurs profité de sa participation à la conférence inaugurale pour promettre que l'un des problèmes majeurs des pays occidentaux, la pénurie d'infirmières, serait résolu à moyen terme à Chypre grâce au développement du diplôme universitaire. « Pour l'instant, le manque n'est pas flagrant ici, estime le président de l'association, Ioannis Leontiou. Nous sommes bien payés et l'éducation suit. Mais les services hospitaliers publics et privés se développent, et Chypre ambitionne de devenir le centre médical de toute la région s'étendant de la Libye au Liban. »

Pratiques informelles

En attendant, pour Cyna, le principal défi de la profession dans l'île est l'élargissement du rôle de l'infirmière. Ioannis Leontiou témoigne : « Dans les centres ruraux, les médecins ne sont pas présents 24 heures sur 24. Il faut que la législation évolue pour nous donner le droit de pratiquer certaines procédures, comme délivrer des médicaments sans ordonnance. Dans les hôpitaux urbains, c'est un peu la même chose. » L'Association milite donc pour que des pratiques informelles devenues monnaie courante soient légalement reconnues.

Formation continue

Cyna est également présente sur le front de la libéralisation de la profession. « Si je souhaite m'établir à mon compte aujourd'hui, c'est quasiment impossible », explique Ioannis Leontiou. Lui et son équipe viennent de proposer au gouvernement une grande réforme de l'autorisation d'exercer. « Avec l'actuelle loi, une fois que l'on obtient le diplôme, on n'a plus besoin de se remettre en cause, regrette le président. Nous voulons une obligation de formation continue, avec obtention de crédits à soumettre au conseil de l'ordre des infirmières et sages-femmes de Chypre. »

Une licence universitaire en quatre ans

Les élèves infirmières de la rentrée 2008 ont inauguré un tout nouveau cursus à chypre. Auparavant, les 4 000 soignantes de l'île se formaient en trois ans, à l'école. Depuis septembre, le diplôme est devenu universitaire, avec une année supplémentaire. « Ça permet d'acquérir davantage de connaissances scientifiques, mais pas seulement : l'intégration à l'université ouvre des perspectives pluridimensionnelles à la palette de cours », explique le président de l'Association des infirmières et sages-femmes de Chypre, Ioannis Leontiou. Le nouveau diplôme, une licence, est délivré par la faculté des sciences de l'université de Nicosie, qui accueille également les titulaires du diplôme de l'école d'infirmières pour harmoniser les formations. « 2 720 soignantes sont actuellement en formation continue sur deux ans et demi pour obtenir leur licence », affirme Ioannis Leontiou. Le but : éviter les différences de niveau dans les services.