Au chevet de l'hôpital - L'Infirmière Magazine n° 246 du 01/02/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 246 du 01/02/2009

 

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Déficit astronomique, moral des troupes en berne... la réforme aura lieu dans un climat tendu.

2009, année de l'hôpital ! C'est Nicolas Sarkozy qui l'a dit le 9 janvier, lors de ses voeux aux professionnels de santé. Chic, serait-on tenté de penser. Sauf qu'un bref état des lieux de la situation hospitalière fait apparaître un déficit abyssal, de près d'un milliard d'euros fin 2008. Et pour 2009, déplore Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), l'enveloppe votée par le Parlement comporte d'emblée un trou de 500 millions d'euros. Pour le retour à l'équilibre de tous les hôpitaux en 2012 comme l'a souhaité le président de la République, ce n'est pas gagné.

L'Élysée et le gouvernement le martèlent : il n'y pas de manque de moyens... La preuve, le budget des hôpitaux a augmenté « de près de 50% » en dix ans, soit « 23 milliards d'euros de plus », a rappelé le chef de l'État. Vrai, répond le président de la FHF Claude Évin, mais il n'empêche que ces moyens ne sont pas à la hauteur des missions demandées aux hôpitaux, constate-t-il.

Que nenni, rétorque Nicolas Sarkozy, « le défi, aujourd'hui, c'est que cet argent soit plus efficace ». « Il n'y a aucune fatalité à ce que certains hôpitaux soient désorganisés et parfois mal gérés », insiste-t-il. En se gardant bien de préciser que pour lui, bonne gestion rime avec suppression. De services et de postes.

«Souplesse »

En effet, l'emploi est la seule variable sur laquelle peuvent jouer les hôpitaux pour réduire leurs déficits, constate Claude Évin. La FHF a chiffré à au moins 30 000 le nombre d'emplois à supprimer pour revenir à l'équilibre et de fait, les annonces de réduction d'effectifs hospitaliers se succèdent partout en France.

Face aux inquiétudes, le Président brandit le joker du projet de loi « Hôpital, santé, patients, territoires », qui devrait être débattu au Parlement en février. Il s'agit d'« instaurer la nécessaire coopération entre les différents établissements » dans le cadre de communautés hospitalières de territoire avec mutualisation de moyens et répartition des rôles à la clé, pour en finir avec les doublons, fait-il valoir. Au niveau de chaque hôpital, il faut « renforcer l'autorité du directeur », que le chef de l'État rêve en véritable « patron ».

Et « donner davantage de liberté à l'hôpital pour s'organiser », qu'il s'agisse du recrutement ou des achats. « La souplesse est la condition de la performance et de la qualité des soins », insiste Nicolas Sarkozy. Il a par ailleurs annoncé quelques mesures pour moderniser l'hôpital, comme le développement des liaisons sanitaires par hélicoptère et des outils de télémédecine.

Une commission pour les CHU

Nicolas Sarkozy a confié à Alain Marescaux, « chirurgien de renommée internationale, remarquable enseignant et très grand chercheur », la présidence d'une commission de plus de 30 membres, chargée de « proposer un nouveau modèle pour les CHU », cinquante ans après leur création. Le président de la République a réclamé une évaluation du résultat des CHU, dans leurs trois missions « de recherche jugée sur la base des productions », « de formation des étudiants et des jeunes médecins » et « de promotion professionnelle ».