Pas de risque zéro - L'Infirmière Magazine n° 246 du 01/02/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 246 du 01/02/2009

 

Sécurité des soins

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De la négligence grave à l'erreur bénigne, les événements indésirables frappent partout dans le monde. Des études en ont pris la mesure.

« Un préjudice ou une blessure causée par le traitement d'un patient, par les professionnels de santé, et non attribuable à sa maladie ou à sa condition », voici la définition d'un événement indésirable selon l'Alliance mondiale des professions de santé. Au début des années 1990, une évaluation de la fréquence des événements indésirables a été menée à Harvard, aux États-Unis (1) : sur 30 195 patients étudiés, 3,8 % en ont été victimes. Parmi ces incidents, 14 % ont provoqué le décès et 70 % ont suscité de brèves incapacités.

Pas facile de comparer

Des études similaires ont été menées dans d'autres pays du monde. Elles ont abouti à des taux d'événements indésirables chez les patients hospitalisés de 17 % en Australie, 10 % en Grande-Bretagne, 13 % en Nouvelle-Zélande, 9 % au Danemark et 7,5 % au Canada.

En France, l'enquête Énéis [lire également p. 11] porte sur 8 754 patients admis dans 71 établissements (2). Mais elle ne retient que les événements graves (2,6 % des patients) et, de ce fait, ne peut pas être comparée aux autres.

Chirurgie en tête

En 2008, une synthèse internationale est publiée par Marja Boermeester et ses collègues de l'université d'Amsterdam. Elle concerne un total de 74 487 patients (3). Le taux moyen d'événements indésirables est là de 9,2 %. L'immense majorité de ces événements indésirables sont liés à des interventions chirurgicales (la moitié) ou à des médicaments (40 %). Sur la totalité, 7,4 % occasionnent un décès.

1- T. A. Brennan et alii, « Incidence of Adverse Events and Negligence in Hospitalized Patients », New England Journal of Medicine, 1991, 324 (6), 370-376.

2- P. Michel et alii, « Les événements indésirables graves liés aux soins observés dans les établissements de santé : premiers résultats d'une étude nationale », Études et résultats (Drees), 2005, 398, pp. 1-15.

3- E. N. De Vries et alii, « The incidence and nature of in-hospital adverse events », Quality and Safety in Health Care, 2008, 17, pp. 216-223.

Les Danois veulent apprendre des erreurs

Après le tollé qu'a occasionné au Danemark son étude sur les événements indésirables (1), le Dr Beth Lilja Pedersen a élaboré une politique nationale de prévention avec les associations de patients. En 2003, une loi inspirée de ces travaux a rendu obligatoire le signalement des incidents par fiches, et instauré l'enquête systématique. La réussite de ce dispositif repose sur la philosophie du no fault (pas de faute) selon laquelle on apprend de ses erreurs. Cette loi protège en effet de toute investigation ou poursuite judiciaire les soignants qui participent à la démarche.

1- T. Schiøler, H. Lipczak, B. Pedersen et alii, « Incidence of Adverse Events in Hospitals », Ugeskr Laeger, 2001, 163 (39), pp. 5370-5378.