Délégation hasardeuse - L'Infirmière Magazine n° 248 du 01/04/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 248 du 01/04/2009

 

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Santé

Des secrétaires médicales adaptent des doses d'anticoagulant à la place des médecins. Un syndicat infirmier s'insurge.

Dans la maison de santé de saint-amand-en-puisaye (nièvre), ce sont les secrétaires médicales, et non plus les médecins, qui adaptent les doses d'antivitamines K des patients. C'est via un document diffusé par la direction de la Sécurité sociale le 13 janvier, traitant des expérimentations des nouveaux modes de rémunération des professionnels de santé libéraux ou exerçant en centre de santé que la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a découvert l'existence de cette pratique et s'en est émue.

Philippe Tisserand, son président, s'inquiète des risques inhérents à une forme hasardeuse de transfert de tâche qui voit les médecins déléguer « non seulement une activité n'entrant pas dans la liste des actes médicaux pouvant être délégués aux auxiliaires médicaux, comme le prévoit le Code de la santé publique, mais de surcroît à des personnes n'ayant aucune qualification médicale ou pharmacologique ».

Risques iatrogéniques

Qualifiée « d'innovante » et de « modèle de référence » dans le document ministériel, l'expérience consiste pour les médecins généralistes à déléguer à des secrétaires médicales le suivi et l'adaptation des doses d'AVK en fonction des résultats d'INR (International Normalized Ratio). Dans la maison de santé « pilote », la DSS compte sur une réduction de 50 % des consultations médicales pour 60 patients, soit une économie de 6 600 euros sur un an. La FNI déplore qu'un « raisonnement économique d'aussi courte vue au regard des risques iatrogéniques » ait prévalu, d'autant qu'en l'occurrence, « les doses efficaces sont très proches des doses potentiellement létales ».