Le propre de l'autonome - L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009

 

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À Phnom Penh, l'hôpital Kossamak s'efforce d'améliorer l'hygiène. L'hôpital d'Arras, qui lui vient en aide, parie sur l'équipe infirmière.

Pas d'hygiène, pas d'argent... Pour les soignants de l'hôpital Kossamak, le passage à l'autonomie budgétaire s'annonce rude. Cet établissement de Phnom Penh, connu pour son accueil des « indigents », qu'il a pour obligation de soigner gratuitement, n'a plus que quelques mois pour transformer ses pratiques. C'est pour l'aider à se remettre à niveau que l'hôpital d'Arras a dépêché, fin mars, une équipe technique spécialisée dans l'hygiène.

Rôle du cadre

« Si l'hôpital veut intégrer le projet de micro-assurance, mis en place par une ONG, et ainsi recevoir des patients payants, il doit absolument faire des efforts et remplir les conditions en termes d'hygiène », note Marc Vandenbrouck, directeur des soins à l'hôpital d'Arras, membre de la mission. Avec lui, deux cadres de santé, qui ont travaillé pendant une semaine avec l'équipe infirmière cambodgienne.

« Les pratiques d'hygiène sont ancrées dans un schéma à la française, qui s'est peu à peu délité, et aujourd'hui, le minimum vital n'est pas toujours respecté », déplore Caroline Bray, cadre supérieur de santé hygiéniste. Ainsi, au bloc opératoire, le circuit de stérilisation n'empêchait pas le propre et le sale de se côtoyer. Nathalie Kaczmarek, cadre Ibode, a dû déplacer des armoires dans le bloc opératoire pour obliger les soignants à passer par les vestiaires. Alors que le cadre de santé n'existe pas dans la hiérarchie cambodgienne, elle a aussi conseillé à l'adjoint du médecin responsable du bloc, un infirmier, d'affirmer son rôle pour contribuer à améliorer les pratiques.

Corruption endémique

L'hôpital Kossamak, géré par des médecins sans formation de gestion, est pénalisé par les défaillances de son management. Comme dans beaucoup d'autres structures de soins, la corruption y est généralisée, et il est habituel de voir des transferts d'argent liquide dans les salles de soins. Les patients, même les plus pauvres, vivent dans la peur de ne pas recevoir de soins s'ils n'achètent pas la bienveillance des soignants.

Le bâtiment principal n'a pas d'ascenseur, ce qui oblige les accidentés de la route à s'entasser au rez-de-chaussée, alors que presque tous les étages sont vides. Enfin, pendant des années, l'hôpital n'a pas cherché à coordonner l'action des très nombreuses ONG qui lui sont venues en aide, parfois de façon inappropriée. Depuis l'an dernier, la direction semble avoir repris les choses en main. Un bureau des relations internationales a été créé pour faire le tri entre les projets humanitaires, et l'hôpital d'Arras a financé une salle de télémédecine, première du genre dans le pays, pour assurer un lien entre les deux établissements.

Débats en vidéo

Plusieurs fois par mois, des réunions de staff par vidéo rassemblent les soignants français et cambodgiens, pour débattre de points techniques en gynéco-obstétrique, de l'organisation générale de l'hôpital, ou encore de sa comptabilité. Kossamak est tenu à une obligation de résultats : en 2009, la mission d'appui pilotée par l'hôpital d'Arras devrait coûter près de 72 000 euros.