Maux et travaux - L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009

 

Santé mentale

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Santé

Le mal-être chez les salariés est fréquent, et touche davantage les femmes que les hommes, indique un nouveau dispositif d'étude.

Le programme samotrace, développé par l'Institut de veille sanitaire (InVS), commence à livrer ses enseignements (1). En phase pilote dans deux zones géographiques (centre de la France et Rhône-Alpes) avant pérennisation et extension à tout le territoire français, ce dispositif se veut un outil de surveillance de la santé mentale au travail, en s'appuyant sur les médecins du travail.

Le 26 mars (2), à Paris, Christine Cohidon, épidémiologiste à l'InVS, en a présenté les premiers résultats relatifs aux régions Centre, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes. Cent dix médecins du travail volontaires ont recueilli 6 056 questionnaires, à raison d'un salarié par semaine et par médecin pendant deux ans, dont 57 % d'hommes et 43 % de femmes, âgés en moyenne de 41 ans, à 95 % en CDI et à 83 % à temps plein.

L'analyse des données a révélé une « prévalence de mal-être » de près d'un quart (24 %) chez les hommes et de plus d'un tiers (37 %) chez les femmes. Ces dernières semblent plus exposées aux faibles récompenses et au surinvestissement au travail, mais pour la psychanalyste Marie Pezé (3), un autre facteur « peut largement expliquer » leur surreprésentation dans le mal-être au travail : la « charge importante » que constitue leur « double fonction de production et de reproduction ». Tous sexes confondus, certains secteurs d'activité présentent des prévalences supérieures à la moyenne, tels ceux des activités financières (les données ont été recueillies « avant la crise », précise Christine Cohidon) et de l'administration publique.

Drh à la traîne

Le stress, défini par l'épidémiologiste comme « un mécanisme physiologique ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé et les ressources disponibles », est un facteur majeur de mal-être. C'est pourquoi « il faut bannir la notion de stress positif », a estimé un médecin du travail pour qui les directions de ressources humaines « ont de grands progrès à faire » en la matière.

1- Santé mentale Observatoire Travail Rhône-Alpes Centre, 2006 et 2007.

2- Tous les propos rapportés dans cet article ont été tenus à Paris lors de la 4e journée scientifique du département santé-travail de l'InVS.

3- Auteur d'Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, 2008, Pearson (16,15 euros).

L'autopsie psychologique

Outil d'analyse du suicide en milieu de travail, l'autopsie psychologique est la méthode qui a été retenue pour un projet pilote dans la fonction publique d'État. Elle consiste à aller sur le lieu de travail, un à deux mois après le décès, pour recueillir des informations auprès de tous les collègues du suicidé par le biais d'entretiens individuels réalisés par un psychologue clinicien formé. Pour sa phase pilote, le projet est porté par le ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, qui compte quelque 100 000 agents. En 2008, 20 d'entre eux ont mis fin à leurs jours, et 13 % des suicides ou tentatives ont eu lieu sur le lieu de travail.