Prothèse de hanche posée par voie postérieure - L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 249 du 01/05/2009

 

rhumatologie

Conduites à tenir

Après l'opération, l'infirmière surveille le traitement et les éventuelles complications, et aide le patient à se mobiliser de la façon la plus sûre et confortable possible.

ANALYSE DE LA SITUATION

Quel diagnostic chirurgical a conduit à la pose de tel ou tel type de prothèse (prothèse totale, intermédiaire de hanche) ?

RÔLE INFIRMIER

Appliquer le traitement prescrit au patient :

- appliquer et surveiller l'efficacité des traitements anticoagulant et antalgique ;

- planifier les investigations prescrites par le médecin (radiographie de contrôle, par exemple) ;

- réaliser les pansements de la plaie opératoire de façon régulière (selon le protocole du service).

Rechercher les complications :

- Risque d'hémorragie au niveau de la plaie opératoire (surveiller l'état de la plaie opératoire, la couleur du faciès du patient) ;

- Risque d'infection relié à l'incision et l'implantation d'un corps étranger se manifestant par une hyperthermie, un écoulement au niveau des cicatrices.

- Risque d'altération de la mobilité physique relié à l'incision, à la douleur et à l'implantation d'un corps étranger se manifestant par :

- l'amplitude limitée des mouvements ;

- une diminution de la force et du contrôle musculaires avec un risque de luxation de la prothèse (évaluer et rechercher une douleur, un raccourcissement et une position vicieuse du membre opéré) ; un risque thromboembolique ; un risque d'escarre.

Objectif : évaluer la compréhension du patient vis-à-vis des gestes qu'il peut effectuer (lire aussi les conseils à dispenser, en fin d'article) ;

- Risque de douleur aiguë liée à l'intervention chirurgicale du fait de l'oedème et l'hématome postopératoires se manifestant par :

- une plainte du patient (échelle EVA de 1 à 10) ;

- un masque de douleur ;

- des signes non verbaux de douleur.

Objectifs : évaluer, inviter le patient à verbaliser ses sentiments face à la douleur, soulager la douleur du patient (traitement médicamenteux, installation adéquate du patient).

- Risque de manque de connaissances lié à la mise en place d'une prothèse de hanche se manifestant par une mobilisation inadéquate du patient porteur d'une prothèse de hanche avec risque de :

- luxation de la prothèse ;

- questionnement du patient concernant la prothèse.

Objectif éducatif : le patient sera capable avant la fin de son hospitalisation de comprendre la façon de se mouvoir avec une prothèse de hanche (se lever, se coucher, s'asseoir... pour éviter le risque de luxation).

Informer le patient. Plan d'éducation chez un patient porteur d'une prothèse totale de hanche par voie postérieure. Donner au patient la fiche de conseils pratiques et l'accompagner, répondre à ses questions.

Objectif général : le patient aura acquis avant la fin de son hospitalisation les connaissances et les gestes nécessaires afin de maintenir la prothèse dans l'axe anatomique de l'articulation, permettant le fonctionnement de celle-ci.

Objectifs intermédiaires :

- le patient devra être capable de se mobiliser dans son lit sans luxer sa prothèse ;

- le patient devra pouvoir se lever, s'asseoir, se relever, se coucher sans encourir de risque pour sa prothèse ;

- la personne soignée devra être capable d'effectuer sa toilette et de s'habiller ;

- le patient devra pouvoir marcher puis monter les escaliers.

CAPACITÉ À SE MOBILISER DANS LE LIT

Toilette. Pour la toilette du premier jour au lit, deux solutions existent, choisies selon les équipes chirurgicales :

- tourner le patient sur la cicatrice :

- pour : pas de luxation possible ;

- contre : douleurs, risque de souiller la plaie ;

- tourner le patient cicatrice en l'air avec un coussin d'abduction ou une attelle de Zimmer :

- pour : pas de douleurs, bonne hygiène ;

- contre : risque de luxation de hanche.

Installation au lit. L'installation au lit nécessite aussi quelques précautions :

- éviter la rotation interne : calage de la jambe dans l'axe, voire en légère rotation externe. Ce calage se fera avec une attelle de Zimmer ou une gouttière, des mousses creusées ou tout autre moyen de contention ;

- éviter l'hyperflexion : ne pas asseoir le patient s'il a les jambes repliées.

CAPACITÉ À SE LEVER, SE RECOUCHER, S'ASSEOIR, SE RELEVER

Lever du patient. L'asseoir au bord du lit : il faut placer le fauteuil côté cicatrice. Cette position évitera l'adduction, le sens du déplacement incitant à l'abduction.

Assise. Lors de l'assise, le patient doit veiller à :

- conserver les jambes bien parallèles ;

- s'aider systématiquement avec les mains en prenant appui sur les bras du fauteuil ou sur les bords du siège ;

- se pencher en avant.

Au fauteuil :

- éviter surtout le mouvement de la jambe opérée dans laquelle le genou rentre en dedans et le pied en dehors ;

- éviter de croiser les jambes ;

- l'idéal est un siège haut et ferme.

Couchage. La jambe avec la prothèse en premier.

CAPACITÉ AUX SOINS D'HYGIÈNE ET À L'HABILLAGE

Toilette. La toilette permet le maintien des soins d'hygiène afin d'assurer le confort du patient. Le deuxième jour : installation au lavabo tout en vérifiant si tout se passe bien.

- Dès l'ablation des drains de Redon, des fils et des agrafes, la douche est possible et doit être préférée au bain.

- Au déshabillage, sortir la jambe saine en premier, ceci afin d'éviter la rotation interne du genou.

Habillage. L'habillage permet au patient de garder son rôle social et de renvoyer une bonne image de lui pendant les visites.

Les premiers jours, il faut l'aider et lui enseigner les techniques de mobilisation correctes afin qu'il intègre les gestes à faire et à ne pas faire pour retrouver son autonomie.

Il faut donc :

- lui conseiller de s'asseoir, au bord du lit ou sur une chaise par exemple, toujours en gardant les jambes parallèles ;

- à l'habillage, enfiler la jambe avec la prothèse en premier ;

- au déshabillage, sortir la jambe saine en premier, afin d'éviter la rotation interne du genou.

CAPACITÉ À MARCHER, À MONTER ET DESCENDRE LES ESCALIERS

Marche. La marche est reprise à partir du troisième ou quatrième jour, avec l'aide de deux cannes anglaises qui seront abandonnées progressivement. Le patient doit conserver au moins une canne tant qu'il a tendance à boiter.

Il convient :

- d'alterner fréquemment les épisodes de marche et de repos ;

- d'éviter les stations prolongées.

Montée et descente des escaliers. Il faut monter les escaliers avec la jambe saine en premier et les descendre avec la prothèse en premier.

CONSEILS AU PATIENT

- Lui dire de consulter immédiatement son médecin en cas de :

- chute ou traumatisme, il lui prescrira une radiographie ;

- infection (urinaire, pulmonaire, ORL, etc.), il lui prescrira un traitement antibiotique adapté ;

- douleurs non expliquées au niveau de la prothèse.

- Lui conseiller la vigilance quant à son état bucco-dentaire.

- Lui rappeler qu'une partie de la prothèse est métallique et qu'elle est susceptible de déclencher les systèmes d'alarme associés aux portiques (banques, aéroports, musées...).

- Transmettre sur le dossier de soins tous les éléments qui facilitent la prise en charge pluridisciplinaire la plus adaptée au patient porteur d'une prothèse de hanche.

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