De la souplesse pour souffler - L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009

 

Accueil

Du côté des associations

Relais parental géré par la Croix-Rouge, à Nantes, La Courte Échelle épaule les parents en situation de crise ou d'épuisement.

Malgré l'abondance des jouets, livres et coussins qui recouvrent le sol de la pièce principale, des pleurs s'élèvent, contrastant un moment avec l'atmosphère avenante qui y règne. Source de ces sanglots, un petit garçon qui n'a pas encore l'âge d'aller à l'école, comme les trois autres présents ce matin-là. « Il vient pour la première fois, intervient Geneviève Morel, auxiliaire-puéricultrice. C'est ce qu'on appelle la période d'adaptation, qui dure deux heures. Peut-être faudra-t-il une deuxième période de deux heures avant de l'accueillir plus longtemps... »

Sur un tableau sont notés les prénoms des enfants accueillis chaque jour, avec un code couleur permettant de savoir d'un coup d'oeil si tel ou tel est scolarisé ou non, et s'il faut aller le chercher à la sortie de l'école. Dans un classeur, des fiches aiguillent les quatorze salariés (1) qui se relaient à toute heure auprès des enfants : allergies, diabolos dans les oreilles, habitudes et préférences alimentaires, expression des signes de fatigue...

« Prendre du recul »

Bien plus qu'une crèche, La Courte Échelle se veut « un outil au service des parents qui traversent une situation de crise, lesquels peuvent avoir besoin de prendre du recul », décrit Louis de Sagazan, le directeur. Salarié de la Croix-Rouge, il a élaboré ce projet, et le porte au sein du département de Loire-Atlantique. « Les familles monoparentales représentent la grande majorité de notre public », précise-t-il. Le lieu accueille, à la demande des parents, douze enfants âgés de zéro à dix ans, pour des séjours pouvant durer de quelques heures à trois semaines, de jour comme de nuit. Sa spécificité est d'être un relais parental auquel les parents peuvent recourir directement, en dehors de toute mesure sociale, lorsqu'ils traversent des difficultés momentanées.

Maltraitance prévenue

Louis de Sagazan poursuit : « Nos missions sont le soutien à la parentalité et la prévention précoce de la maltraitance. Nous sommes attentifs à toute situation qui peut déboucher sur une fatigue, un épuisement. Besoin de repos, reprise d'un travail à temps partiel sans un moyen de garde adapté sous la main, hospitalisation... L'équipe est là pour aider les parents, sauf - et je tiens à le dire car il manque des structures adaptées à ces situations nombreuses - dans le cas des enfants lourdement handicapés, dont les parents se trouvent souvent dans une grande détresse, car ils sont isolés socialement. »

Placement évité

Créé pour la première fois en France à Gennevilliers (92) en 1985, ce type de structure souple se distingue des dispositifs sociaux traditionnels d'aide à l'enfance. À ce jour, seules les villes de Besançon, Montpellier, Cherbourg et Saint-Nazaire (en décembre 2008), en plus de Gennevilliers et Nantes, ont vu de tels relais s'ouvrir. « Ici, le conseil général a su comprendre l'utilité d'un relais parental, souligne Louis de Sagazan. Les milieux sociaux plus favorisés disposent généralement d'un entourage qui peut être une solution en cas d'imprévu. Mais quand une hospitalisation d'urgence s'impose et qu'une maman seule n'a personne vers qui se tourner, que fait-elle ? Un accueil même temporaire dans un foyer de l'enfance est particulièrement anxiogène, car la peur de ne pas récupérer l'enfant est là. Demander à des voisins que l'on ne connaît pas vraiment de garder son ou ses enfants n'est pas non plus une solution idéale. Notre relais permet d'éviter un placement, qui demande en outre un financement plus important... »

Une fois l'accueil effectué, l'équipe tente de donner le plus de sens possible à cette période. L'entretien d'accueil n'est pas intrusif, pour ne pas brusquer les parents. « Le relais est un outil à leur disposition, simple d'utilisation », précise le directeur qui entend se différencier des services sociaux : « Nous ne sommes pas un lieu de placement. » Aucune information ne peut être transmise à un travailleur social sans que les parents n'en aient fait la demande.

Projet commun

Quand le séjour s'étale un peu ou se répète, un bilan est dressé avec la famille et la psychologue. Comment le parent a-t-il vécu cette expérience ? Quel a été le comportement de l'enfant vis-à-vis de la séparation ? Comment imaginer ensemble l'organisation à mettre en place et à pérenniser ? Voici le type de questions qui sont abordées pour, au final, rééquilibrer les situations vécues. Pour le directeur, sans ce soutien, certains enfants auraient été placés car leurs parents auraient basculé dans une maltraitance passive ou active... « Des mères me l'ont dit », confie-t-il.

1- L'équipe comprend un directeur, trois auxiliaires-puéricultrices, une aide médico-psychologique, deux personnes titulaires du CAP petite enfance, quatre aides-auxiliaires, une maîtresse de maison, deux veilleurs de nuit, une puéricultrice (8 heures par semaine) et une psychologue (8 heures par semaine).

Contact

La Courte Échelle

151, boulevard du Massacre

44100 Nantes

Tél. : 02 40 58 15 78

relais-parental@wanadoo.fr

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