Licence frelatée ? - L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009

 

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Le nouveau cursus de formation ne débouche pas sur un diplôme universitaire.

Le référentiel de formation nouveau est arrivé ! Après une concertation marathon, le programme qui entrera en vigueur en septembre, remplaçant celui de 1992, a été présenté le 5 mai. Articulé autour de l'acquisition de dix compétences en trois ans, le nouveau référentiel prévoit un temps de formation réduit à 34 mois (contre 38 aujourd'hui, voir encadré).

Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas vraiment plébiscité par les représentants de la profession. Principal grief ? Ce programme a l'aspect, l'odeur et la saveur de la licence promise par les autorités, mais ce n'est pas une licence.

Grade versus diplôme

Certes, la formation infirmière sera désormais reconnue à bac + 3, mais elle ne conférera aux étudiants qu'un « grade » et en aucun cas un diplôme universitaire. Les organisations infirmières ont obtenu le maintien du diplôme d'État, mais il n'y aura pas de double diplôme comme réclamé, les Ifsi devant se lier aux universités par des conventions à formaliser avant fin juin 2010.

De même, l'eurocompatibilité des crédits qui, ajoutés les uns aux autres, permettront de valider cet ersatz de licence n'est pas assurée. Sans parler de la possibilité de poursuivre des études en master ou en doctorat. Le groupe de travail chargé de réfléchir à l'après-licence (l'un des quatre mis en place en novembre 2008) n'a d'ailleurs pas fini ses travaux.

Après l'annonce du nouveau cursus, les réactions ne se sont pas fait attendre. Dans un rare élan d'unanimité, syndicats et conseil national de l'ordre infirmier ont pointé le fossé entre la volonté politique affichée de revaloriser les études infirmières et la traduction édulcorée qu'en a livrée l'administration.

L'absence de réelle intégration universitaire cristallise les critiques. « Il est incompréhensible de nous dire qu'une filière en sciences infirmières est irréalisable en France alors qu'elle existe déjà dans de nombreux pays européens », s'insurge ainsi le SNPI-CFE-CGC qui déplore par ailleurs la part trop importante à ses yeux (un tiers) du travail personnel comptabilisé dans les heures de formation.

En ce qui concerne les stages, leur nombre va baisser, mais ils seront plus longs, ce qui est intéressant du point de vue de l'évaluation. Encore faut-il veiller à dégager du temps pour l'encadrement des stagiaires dans les établissements, observe Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière. « Le choix d'une formation centrée sur un tutorat de terrain augmentera de facto la charge de travail des infirmiers en poste », renchérit le conseil national de l'ordre.

Quel calendrier ?

Quant au Cefiec, s'il semble moins remonté que d'autres, il « ne saute pas au plafond » pour autant, se défend son président Christian Camou. Pour lui, le grade licence est « un pas » vers l'universitarisation. « On ne pas tout avoir en même temps », estime-t-il, emboîtant le pas à la Conférence des présidents d'université qui demande aux ministères concernés de préciser « très rapidement le calendrier de l'intégration des formations en soins infirmiers dans les universités ».

En chiffres

> Six semestres de 20 semaines

> 4 200 heures au lieu de 4 760 actuellement

> 180 crédits ECTS

> Six stages d'une durée de 5 à 15 semaines.