Panique au Mexique - L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009

 

Grippe

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Les infirmières ont été mises à rude épreuve par la nouvelle souche A (H1N1).

Enfin, dina golver peut souffler un peu. À 48 ans, dont 22 passés à l'Institut national des maladies respiratoires (l'un des hôpitaux les plus réputés de Mexico), l'infirmière n'avait jamais connu rythme aussi épuisant... Ni une telle angoisse. « Au début, on pensait que c'était juste la grippe saisonnière qui durait plus longtemps que d'habitude... On utilisait les masques et les gants, mais rien de plus. » Et puis, il y a eu de plus en plus de malades. Parfois, huit ou neuf patients à la fois devaient être intubés, ce qui n'arrive jamais d'habitude. « D'un jour à l'autre, les patients passaient d'un état peu préoccupant à un état très grave. Ils avaient besoin de traitements plus puissants et leur métabolisme ne réagissait pas. Alors on s'est vraiment dit qu'il se passait quelque chose. »

Infirmières malades

C'est à l'Institut qu'ont été conduits les premiers malades diagnostiqués par la suite comme porteurs du virus A(H1N1). Vingt y sont morts, sur les soixante-six décès que compte le bilan officiel du pays (1). Quant au personnel de santé... L'administration nie qu'il y ait eu des cas d'infection. Mais Dina l'avoue à demi-mot : « Certaines d'entre nous sont tombées... un peu malades. Mais c'était au moment où le gouvernement n'avait pas encore pris des mesures de grande ampleur. » Ensuite, des mesures drastiques ont été prises. « Dès que l'une d'entre nous enlevait son masque, on lui ordonnait de le remettre. C'est comme ça qu'on se protégeait. Bien sûr, on avait toutes peur de l'attraper, et de contaminer nos enfants ou nos maris. On est pourtant habituées à travailler avec des malades du sida, par exemple. Mais la différence, c'est qu'on a l'expérience, on sait comment se protéger ; alors que pour la grippe, il y avait encore beaucoup de questions en suspens... On espérait toutes pouvoir être debout le jour suivant ! », se souvient Dina. La crise est passée, mais les mesures de sécurité restent au plus haut niveau : derrière l'accoutrement qui la couvre en entier et qu'il lui faut changer tous les jours, on ne devine pas grand-chose de Dina...

Une chambre d'isolement de 30 lits a été aménagée au début de la crise. À la mi-mai, il y avait encore 23 malades du H1N1 à l'Institut, mais la plupart en convalescence et sortis de confinement. Au total, 120 cas de grippe A ont été traités ici. « Les mesures de sécurité resteront inchangées jusqu'à ce que nous n'ayons plus de malades », explique Lilia Damian Yanez, l'infirmière en chef. « Nos infirmières ont été très courageuses ; on a eu très peu d'absences pendant la crise. Le gouvernement s'est juste assuré que celles qui étaient enceintes ou qui allaitaient un bébé de moins de six mois bénéficient d'un congé spécial. »

Cours de biosécurité

Tout le personnel de l'hôpital a dû passer par des cours de biosécurité : des infirmières, aux dames de service, en passant par l'équipe de cuisine. Un branle-bas de combat sanitaire sans précédent dans ce pays où le gouvernement ne tient pas vraiment à faire connaître les chiffres des infrastructures médicales : on compte 0,8 lit d'hôpital pour mille habitants, contre quatre en moyenne dans les pays développés...

1- À l'heure où nous écrivons.