Ruée vers le libéral - L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 250 du 01/06/2009

 

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L'arrivée des restrictions à l'installation a précipité les vocations.

Lorsque david guillon, infirmier libéral à nice, a découvert les chiffres de la caisse primaire d'assurance-maladie de son département, il n'en a pas cru ses yeux : 74 installations entre janvier et septembre 2008 et 94 entre octobre et le 31 janvier 2009. « Je n'ai pas les chiffres de la Sécu pour les mois de février et mars, mais on pense que ça a continué comme ça. Ce qui amènerait à 150 installations en six mois contre 100 par an en général », s'étonne-t-il encore. À l'Argil 06, réseau de coordination des soins dont fait partie David Guillon, « trois à quatre candidats au libéral par semaine se sont présentés, contre quatre par mois » d'habitude.

Saturation

Autre constat établi par cet infirmier : « Notre activité est tombée de 100-120 à 50-70 demandes de prise en charge par mois pour les mois de décembre à mars. » Et ça ne s'arrête pas là puisque la liste des infirmières qui ont des disponibilités a triplé depuis cette même période. Pour M. Guillon, c'est la « preuve que les patients décédés ou placés ne sont plus remplacés - nous avons reçu des mails d'IDE en ce sens - puisque les patients en attente semblent avoir été placés automatiquement auprès des nouveaux installés qui avaient probablement démarché les médecins et pharmaciens de quartiers. »

Conséquence dans l'exercice au quotidien : « Alors qu'avant, nous étions capables d'orienter une installation sur un secteur en manque d'IDE, cela nous est impossible depuis six mois. À la limite, c'est devenu le contraire : on connaît les secteurs où il est devenu inutile d'essayer de s'installer », ajoute l'infirmier.

La dernière mise à jour du fichier des IDE du département remonte au mois de mars et reflète aussi ce grand nombre d'installations nouvelles. Cette « ruée vers le libéral », David Guillon se l'explique par la conjonction de plusieurs éléments. En premier lieu, suite à l'effet d'annonce du blocage consécutif à l'entrée en vigueur de l'avenant sur la régulation démographique des infirmières libérales (1), les personnes intéressées par l'exercice libéral à moyen terme ont accéléré le mouvement.

Ensuite, la diffusion des cartes de la densité infirmière qui faisaient apparaître tout le Sud en rouge parce que surdoté, a sans doute accentué le phénomène. Enfin, la pénurie d'IDE dans les établissements privés et publics nuisant aux conditions de travail des infirmières salariées a provoqué des départs en masse, avec pour effet d'empirer la situation pour celles qui restaient... « et qui partaient à leur tour ! »

Accalmie en vue ?

Ce que les infirmières libérales du Sud sentaient venir, et craignaient, est donc observé aujourd'hui. « Par contre, je pense qu'il n'y aura que très peu d'installations pour la suite de l'année et qu'un certain nombre d'infirmières redeviendront salariées, analyse David Guillon. D'ailleurs, la plupart n'auraient pas démissionné, mais semblent avoir uniquement réduit leur temps de travail à 20 % par sécurité... ou par solidarité pour les collègues qui restaient dans les services ».

1- Depuis le 18 avril 2009, le principe d'une arrivée pour un départ s'applique dans les zones surdotées. Parallèlement, les infirmières bénéficient de mesures incitatives à l'installation en zones sous-denses. Ces mesures s'accompagnent de revalorisations tarifaires pour toutes les IDE libérales.