D'hier aux lendemains - L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009

 

Contraception

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Santé

La contraception d'urgence au lévonorgestrel est désormais bien implantée en France, mais quelques difficultés d'accès persistent.

Dix ans après son lancement, la contraception d'urgence médicamenteuse peut se flatter d'un certain succès : 450 000 unités de NorLevo ® sont délivrées dans l'Hexagone chaque année en pharmacie, dans les plannings familiaux et certaines infirmeries scolaires sans qu'aucun effet indésirable majeur ait été observé.

Méconnaissances

L'efficacité du contraceptif d'urgence au lévonorgestrel est reconnue par l'OMS. Les études n'ont pas montré d'incidence négative sur la contraception régulière des femmes. Pourtant, en France, une grossesse sur trois reste non désirée, alors que les deux tiers des femmes qui tombent enceintes inopinément utilisent une méthode contraceptive. « C'est qu'elles ont une mauvaise notion de la prise de risque, précise Élisabeth Aubény, gynécologue et présidente de l'Association française pour la contraception. L'idée selon laquelle le risque de grossesse serait circonscrit autour du 14e jour du cycle est à combattre. Tout rapport doit être protégé si on ne veut pas d'enfant. » L'ensemble des professionnels de santé devrait donc améliorer les informations transmises. « Il revient aux médecins de spécifier par écrit la conduite à suivre en cas d'oubli de pilule », souligne Jean Lamarche, membre du conseil de l'ordre des pharmaciens.

L'efficacité du contraceptif d'urgence semble aussi méconnue. « Le surnom de "pilule du lendemain" lui a joué un mauvais tour », poursuit le pharmacien. La contraception d'urgence médicamenteuse est en effet le plus efficace dans les douze heures qui suivent le rapport à risque, mais elle atteint aussi 85 % d'efficacité dans les 48 heures et encore 58 % dans les 72 heures.

Coût, réticences...

D'autres insuffisances ont été relevées du côté de l'école : « Toutes les infirmières scolaires n'en disposent pas, précise Jean Lamarche. Nombreux sont les parents d'élèves ou les administrations qui s'y opposent. » Sa prescription serait trop strictement encadrée. « Nous ne pouvons délivrer ce contraceptif qu'en cas d'extrême urgence, en l'absence de médecin à proximité et en cas de détresse caractérisée », précise Béatrice Tajan, secrétaire nationale adjointe du Syndicat national des infirmiers-infirmières éducateurs de santé (Snies). Des notions difficiles à apprécier.

Se pose également le problème du coût : « Dans mon infirmerie, je n'ai qu'un budget de 300 euros par an pour tout le petit matériel et les médicaments, précise Élisabeth Raymond, présidente du Syndicat national autonome des infirmières en milieu scolaire (Snaims). Chaque dépense compte. »

Confidentialité

De nombreuses infirmières envoient donc les jeunes filles se procurer la pilule salvatrice ailleurs. « En milieu urbain, nous les orientons facilement vers des pharmacies ou des plannings. En milieu rural ou semi-rural, c'est plus compliqué : il est difficile de garantir la confidentialité quand il n'existe qu'une seule pharmacie dans le village. » Enfin, des officines rechignent aussi en raison du délai de remboursement par la Sécurité sociale.

Dates clés

- Avril 1999 : autorisation de mise sur le marché du NorLevo ® en France.

- Mai 1999 : délivrance autorisée sans ordonnance.

- Mars 2001 : décret autorisant la délivrance en situation d'urgence par les infirmières scolaires.

- Janvier 2002 : décret autorisant la délivrance anonyme et gratuite pour les mineures en pharmacie.