La varicelle - L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009

 

pathologie

Conduites à tenir

Maladie éruptive la plus fréquente chez l'enfant de 3 à 14 ans, la varicelle peut présenter des complications et des formes graves, en particulier chez l'adulte.

DÉFINITION

L'agent viral de la varicelle est le VZV (virus varicelle-zona). Ce virus de type 3 du groupe herpès provoque une maladie éruptive très contagieuse se développant par épidémies, surtout à la fin de l'hiver. La période d'incubation dure environ quatorze jours.

La contamination a essentiellement lieu par la voie aérienne (par l'intermédiaire des sécrétions respiratoires) puis, au moment de l'éruption, par contact direct avec les lésions cutanées.

La contagiosité est extrême deux à quatre jours avant l'éruption, et s'étend jusqu'au stade de croûte des vésicules, qui survient en cinq à sept jours.

L'immunité acquise est définitive ; elle protège contre une nouvelle contamination mais n'empêche pas le virus, qui persiste à vie dans les ganglions rachidiens à l'état latent, de ressurgir à l'occasion d'un stress physique ou psychologique, sous forme de zona (cf. cahier de formation de L'Infirmière magazine n°244, cours, p. III).

ÉPIDÉMIOLOGIE

En France, sur 700 000 cas recensés chaque année, 95 % atteignent l'enfant de moins de 14 ans et 5 % l'adulte, chez qui la varicelle prend des formes plus graves par l'étendue de son éruption et la survenue plus fréquente de complications.

Le taux d'immunisation élevé de la population après l'âge de 15 ans explique la rareté de la primo-infection chez la femme enceinte. Mais dans ce cas, la transmission au foetus, avant la 21e semaine de la grossesse, est responsable d'une varicelle congénitale avec atteinte neurologique, oculaire et cutanée. Le risque de varicelle néonatale, sous une forme grave généralisée, survient si la mère déclare la maladie dans les jours qui précèdent ou qui suivent l'accouchement.

L'hospitalisation de 3 300 malades par an et la survenue de décès malgré cette prise en charge doivent faire relativiser l'idée selon laquelle la varicelle serait une maladie bénigne.

TABLEAU CLINIQUE

L'affection débute par des signes d'infection virale non spécifique avec fébricule, rhinite et toux. Puis, après un début fréquemment situé sur le thorax et la racine des cheveux, l'éruption cutanée typique recouvre tout le corps, y compris le cuir chevelu et les muqueuses, par deux à trois poussées successives, faisant coexister des boutons d'âges différents.

L'évolution est caractéristique : de petites taches rouges disséminées se transforment en papules, puis en vésicules remplies de liquide clair, qui se troublent et s'assèchent en quelques jours, laissant apparaître une croûte qui tombe au bout d'une semaine. Ces lésions, très prurigineuses, peuvent engendrer des cicatrices indélébiles en cas d'excoriations répétées.

COMPLICATIONS

La plus fréquente est la surinfection des lésions, favorisée par le grattage ou des traitements inappropriés. Une antibiothérapie permet de limiter l'extension d'un impétigo cutané ou, plus rarement, d'une infection généralisée à type de septicémie.

Parfois, des atteintes neurologiques transitoires sous forme d'encéphalite touchent le sujet sain de tout âge. Elles régressent spontanément sans séquelles.

Les complications pulmonaires touchent plus souvent l'adulte, soit par invasion du virus, soit par surinfection bactérienne.

Chez les sujets immunodéprimés, une forme grave de varicelle peut toucher tous les organes.

TRAITEMENT

Généralement, un traitement symptomatique de quelques jours suffit dans les formes simples :

- Désinfecter avec un antiseptique local, après une douche rapide. Ne pas appliquer de talc spécifique pour ne pas ramollir les croûtes, ce qui serait facteur de surinfection et de cicatrices.

- Chez le petit, renforcer les règles d'hygiène des ongles, protéger au besoin les mains, et diminuer la démangeaison par la prescription d'un antihistaminique par voie générale.

- Pour le traitement de la fièvre et/ou de la douleur, l'Afssaps (1) recommande de ne pas utiliser d'anti-inflammatoires non stéroïdiens à cause du risque de complications cutanées sévères, ni d'aspirine qui pourrait favoriser la survenue d'un syndrome de Reye associant une encéphalite et une atteinte hépatique.

En cas de complications, les surinfections doivent être traitées aux antibiotiques.

Un antiviral, l'aciclovir, est prescrit par voie veineuse au cours de l'hospitalisation des sujets présentant les formes graves.

Pour le moment, le traitement systématique per os par l'aciclovir n'est pas recommandé en absence d'études finalisées sur son effet dans la prévention des complications.

VACCINATION

Le vaccin antivaricelleux est un vaccin à virus vivant atténué, commercialisé depuis 2004. Le Comité supérieur d'hygiène publique recommande la vaccination seulement chez les sujets sans antécédents de varicelle ou dont la notion de maladie est douteuse :

- les adultes dans les trois jours qui suivent l'exposition à un sujet ayant déclaré la maladie. La vaccination est efficace dans 90 % des cas ;

- les professionnels de santé hospitaliers : les étudiants de première année, l'ensemble du personnel des services accueillant des patients à risque d'affection grave (immunodéprimés ou maladies infectieuses, gynéco-obstétrique, néonatologie, pédiatrie) ;

- en extra-hospitalier, le personnel exerçant auprès de la petite enfance et les services de protection maternelle et infantile ;

- dans les familles avec sujet à risque de forme grave, favoriser la vaccination des proches.

1- Afssaps : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.

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