Le rein pris en main - L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 251 du 01/07/2009

 

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Comment généraliser l'éducation thérapeutique du patient dialysé ?

Au gré d'initiatives prises sur les lieux de soins, l'éducation thérapeutique fait son chemin auprès des insuffisants rénaux chroniques. S'il sait pourquoi il doit respecter des règles d'hygiène et un régime alimentaire stricts, le malade accepte mieux sa pathologie et observe davantage son traitement. Lui permettre de devenir plus autonome dans la prise en charge de sa dialyse, c'est dédramatiser l'acte et l'encourager à devenir acteur de sa santé.

Disparité des pratiques

Cependant, comme il a été souligné lors des 31es sessions de l'AFIDTN (1), la disparité des pratiques nuit à l'éducation thérapeutique dans les centres de dialyse. Si certaines unités sont engagées dans ce processus depuis des dizaines d'années, d'autres n'en sont qu'aux balbutiements. Manque de temps, de formation, difficultés à dédier un poste supplémentaire d'infirmière à cette activité constituent les principaux obstacles.

Au centre du rein artificiel de Tassin-la-Demi-Lune (en banlieue lyonnaise), après une enquête auprès des 238 patients traités par hémodialyse, « nous avons constaté que les personnes avaient une connaissance très imparfaite de leur maladie notamment concernant la surveillance de leur fistule et des règles d'hygiène », rapporte Nicole Laurent, infirmière.

Un groupe de travail, formé par deux néphrologues, six infirmières de dialyse, une infirmière de consultation, deux cadres de santé, une psychologue, une diététicienne et une assistante sociale, s'est alors constitué pour mettre en place un programme d'éducation thérapeutique allant du diagnostic éducatif au contrat de soins.

Soins personnalisés

Dès la consultation de prédialyse chez le néphrologue, l'équipe effectue un travail d'écoute auprès du patient afin d'établir une prise en charge personnalisée et adaptée à son mode de vie. De plus, la psychologue anime une fois par mois un groupe de parole.

1- Les 31es Sessions de l'Association française des infirmier(e)s de dialyse, transplantation et néphrologie se sont déroulées du 3 au 5 juin à Strasbourg.

trois questions à didier borniche, président de l'AFIDTN et vice-président du Conseil national de l'ordre infirmier : « On renforce la composante humaine »

Le rôle des infirmières dans l'éducation thérapeutique des insuffisants rénaux chroniques vous semble-t-il appelé à se développer ?

Avec l'augmentation constante du nombre de patients dialysés et la baisse du nombre de néphrologues qui va s'accentuer ces prochaines années en France, elles sont de plus en plus impliquées. Les infirmières ont une expertise et des compétences qui doivent être reconnues dans le cadre de la réforme LMD. Une expérimentation de transfert de compétences vient d'être menée dans le service d'hémodialyse du CHU de Lisieux. Au Canada, les infirmières d'hémodialyse vont jusqu'à la prescription. Nous devons y réfléchir et nous organiser.

L'éducation thérapeutique suppose une formation spécifique et des moyens...

La formation théorique et pratique constitue un prérequis indispensable. L'éducation thérapeutique du patient est un investissement qui va rapporter gros. Il faut s'en donner les moyens.

Quelles sont les dernières innovations en matière de prise en charge des insuffisants rénaux chroniques ?

[ Après une évolution spectaculaire en trente ans ], nous travaillons désormais davantage sur la composante humaine. Il faut expliquer au patient comment fonctionne la dialyse, lui dire pourquoi il doit limiter sa consommation d'eau... Pour une meilleure adhésion au traitement.