Deux poèmes - L'Infirmière Magazine n° 252 du 01/09/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 252 du 01/09/2009

 

Vous

Vécu

Courbés par tant de mots...

Parfois nous en restons courbés !

À n'en plus pouvoir marcher

Et on lâche... des noms d'oiseaux

En hurlant.... par grand flot

Touchés dans notre fierté

Par derrière ! c'est localisé !

Comment échapper à ces maux !

Se redresser, un défi !

Qui ne soulage, on avait compris !

D'un dos exprimant ses douleurs

Par trop de charges et de valeurs

Refoulant et chargeant cette colonne

Comme un porte-manteau qui harponne

Nos guenilles lourdes mais précieuses

Charger de nos mots tus, nos pensées souffreteuses

S'accrochant pèle-mêle, en déséquilibre

Ainsi, en scène de l'expression libre

Ressemblant finalement à un arbre à souhait

Dont jamais personne n'osera évoquer l'effet !

Des voeux accrochés au gré des fées,

En conscience de tout ces non-dits,

Ravalés et enfouis trop souvent pour éviter les ennuis,

Ou la délicatesse de cacher sa propre détresse

Invisible, sauf aux yeux des déesses

Décrochant des lectures explicites

Dans une prose sans principes

Décidément, il argumente l'expression !

Exigeant finalement une décompression

Afin de nous redonner toutes nos capacités !

Stature et statut... obligé !

Dans la parade de cette société

Se montrer droit, pas emprunté !

Dans toute notre entité

Pour continuer sans trop d'embruns

Dans la déroute de notre destin

Sommes-nous prêts à accueillir un mot magique

Allégeant cette lombalgie symbolique ?

Enfin... mourir !

Quand l'angoisse te hante comme un fantôme

Errant de haut en bas dans ton corps atone

Se nourrissant de ta chair en lambeaux

Elle te conduit doucement au tombeau

Non, elle ne fait pas de bruit

Sournoise, elle provoque l'oubli

Ton silence hurle au désespoir

Ta mémoire n'ouvre plus ses tiroirs

Remplis de souvenirs que tu croyais imprimés

À jamais, comme cette lettre d'amour égarée

Que tu récitais jadis par coeur, dans ton coeur

À présent sec et même en pleurs

Les sentiments te sont aussi épargnés,

La loi des hommes en humain t'a oublié

Tu ne respires que dans l'orage de tes tempêtes

Des houles, des gouffres ou le vide t'attire ; en fait !

Pas celui des falaises d'où l'horizon reste abstrait

Nul besoin de clichés pour décliner

Dans tes nausées, tes vertiges et tes fossés,

Ils te suffisent à sombrer dans l'agonie

Tu exultes dans des oppressions à l'infini

L'amorce d'une exécution involontaire

Sans indemnité journalière

Trop tard pour faire opposition

Devant l'ampleur de tes émotions

Elles s'expriment dans tes déchirements

Tes cris, tes effondrements

Mais seul toi les entends

Ton courage, ta volonté ? en absence

L'imagination ? toujours en substance

Louable au détour des dérives délirantes

Nourrissant une écriture expirante

De ce malaise évoqué

De cette finitude exposée

Tu n'as plus la force de vieillir

Sans plus jamais te mentir

Personne pour te retenir

Ni même l'avenir

Une mort programmée

Le passage obligé

Pour ne plus souffrir

Il ne te reste qu'à choisir

L'ultime trajet à t'offrir

Enfin... mourir.