La fièvre monte au Sud - L'Infirmière Magazine n° 252 du 01/09/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 252 du 01/09/2009

 

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Le virus de la grippe A (H1N1) traverse son premier hiver dans l'hémisphère Sud. Premières leçons de ce qui nous attend peut-être.

Argentine, brésil, chili... l'amérique du sud essuie depuis juin les plâtres agressifs du nouveau virus de la grippe. Rapportée à la population, c'est l'Argentine qui détient le record de mortalité. Après les premiers cas, détectés en mai, les morts s'y sont vite comptés par centaines (1), plongeant le pays dans la psychose. Au mois de juin, l'Argentine a recensé + 400 % de tableaux grippaux par rapport à juin 2008, s'étonne Daniel Stamboulian, épidémiologiste argentin, spécialiste des maladies infectieuses.

Puis, à partir de juillet, l'épidémie a amorcé un ralentissement. Avec près de 70 % des cas, la tranche des 5-49 ans est la plus touchée. Les symptômes ? Forte fièvre, très violente céphalée qui peut parfois faire penser à une méningite, mais aussi « nausées et vomissements que nous ne voyions pas dans la grippe saisonnière », relève le scientifique.

Panique

La mauvaise communication des autorités argentines a joué un rôle non négligeable dans la panique qui s'est emparée du pays, estime Vilma Savy, directrice du Centre national de la grippe, en contact permanent avec l'OMS. « Un point presse quotidien donnait le nombre de cas confirmés et le nombre de morts sans aucun élément de contexte », en oubliant par exemple de préciser que le nouveau virus de la grippe avait presque entièrement supplanté le virus saisonnier, à hauteur de 85 % des cas en Argentine, et jusqu'à 99 % dans le petit pays d'à côté, l'Uruguay, selon les spécialistes.

S'il est encore trop tôt pour dire laquelle des deux grippes tue le plus, ce qui apparaît déjà évident, c'est qu'elles ne tuent pas les mêmes personnes. « Je suis très frappé par la mortalité des jeunes gens, des femmes enceintes, et des personnes sans facteur de risque », confie le Dr Stamboulian. « Mais je suis aussi très frappé par la bonne réponse des patients au traitement précoce par oseltamivir », qui, rappelle le médecin, demeure l'outil thérapeutique fondamental jusqu'à l'avènement du vaccin pandémique, annoncé pour l'automne.

Étudiants en renfort

Se posera alors un autre problème, celui de l'organisation de la vaccination de masse. « En l'état actuel des choses, en Argentine, les ressources humaines ne sont absolument pas suffisantes pour vacciner les millions de gens que l'on se propose d'immuniser », alerte Daniel Stamboulian. D'autant que les infirmières, en tant que femmes, sont particulièrement concernées par les désordres que provoque la nouvelle grippe : si elles sont enceintes, elles doivent être écartées des sources potentielles de contamination, et si elles ont des enfants en bas âge, elles se retrouvent coincées lorsque les écoles ferment, comme ce fut le cas en Argentine, où les vacances scolaires ont été avancées pour l'occasion.

À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle : l'idée a été lancée d'offrir une formation accélérée aux étudiants en médecine et en soins infirmiers pour grossir les rangs des professionnels aptes à vacciner la population dans des délais raisonnables.

1- Le 22 août, on déplorait 439 décès liés au H1N1 en Argentine.