Des adultes en alerte - L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009

 

Prévention

Du côté des associations

En vingt-trois ans, plus de 500 personnes ont suivi à Valence une formation d'adultes-relais, de façon à améliorer la prise en charge des conduites à risques chez les jeunes.

Ils ont entre 13 et 25 ans, et traversent des situations difficiles : fugues, toxicomanie, violences, tentatives de suicide, anorexie, alcoolisme, difficultés scolaires... Face à la montée en puissance de ces problèmes, la municipalité de Valence a souhaité agir, dès 1986. « Nous avons formé un réseau précurseur d'adultes-relais », raconte Sylvaine Boige-Faure, qui soutient l'initiative depuis ses origines. Elle est aujourd'hui médecin et directrice du centre communal d'action sociale. « Notre politique de prévention s'appuie sur deux axes majeurs, explique-t-elle. Être capable de déterminer les signes de crise. Et rendre les adultes qui croisent ces jeunes plus compétents en matière de prise en charge. »

Troubles et normalité

Pour ce faire est né, en 1988, le Point relais Oxygène. Un lieu d'écoute, d'accueil et d'orientation, anonyme et gratuit, animé par deux psychologues cliniciennes. « Auprès des jeunes, nous conduisons près de mille entretiens psychologiques individuels par an, explique Fabienne Moulon, sa coordinatrice. Le service est fréquenté pour moitié par des jeunes, et pour un tiers par des parents. Nous conseillons aussi des professionnels ou des bénévoles d'associations qui s'interrogent sur tel ou tel cas. Nous devons discerner si nous sommes face à de réels troubles pathologiques ou non. Car certains phénomènes d'opposition sont normaux : l'adolescence n'est pas une maladie ! »

À quelles formes de violences sont-ils confrontés ? « Il existe des adolescents "tyrans", maltraitants envers leurs parents. D'autres adolescents, à l'inverse, se plaignent du contexte familial : manque de parole, humiliations verbales, alcoolisme de l'un des parents... Certains jeunes exercent une violence contre eux-mêmes : ils se scarifient, se lancent dans des bagarres, se mettent à consommer des drogues... En préventif, nous essayons de désamorcer le fond de colère qui est en train de se cristalliser en eux. Mais ce n'est possible qu'avec les gens qui veulent bien en parler... Dans tous les cas, nous reformulons le problème et essayons d'y apporter une réponse adaptée, sur les plans socioculturel, thérapeutique, médical ou psychologique. »

« On voit ici tout l'intérêt de travailler en interdisciplinarité », rebondit Sylvaine Boige-Faure. Chaque année, une psychologue du Point relais Oxygène anime un cycle de formation de sept jours qui, de 1986 à 2008, a été suivi par 530 personnes. Plus précisément, on dénombre 16 % de bénévoles d'associations, 13 % d'animateurs formateurs, 12 % de personnel de l'Éducation nationale, 11 % d'éducateurs, 9 % d'assistantes sociales, 8 % d'agents municpaux. Les professionnels de santé (infirmières scolaires et libérales, personnel hospitalier, médecins et pharmaciens) comptent pour 20 %.

Maillage étendu

De nombreuses autres professions sont représentées : prêtres, psychologues, service de tutelle, conseillères conjugales, habitants de quartier... Cette diversité permet de varier les approches. Si un adulte- relais rencontre un adolescent en difficulté, il peut amorcer lui-même une prise en charge s'il en a la compétence, ou l'adresser au Point relais Oxygène, ou encore le renvoyer vers d'autres professionnels du réseau.

Confiance mutuelle

« Durant la formation, reprend Sylvaine Boige-Faure, nous ne proposons pas de formule magique ! Mais les différents intervenants apprennent à se connaître et à se faire confiance. Par exemple, un policier ne doit pas se mettre à jouer au foot, mais il peut apprendre à mieux respecter le travail d'un éducateur... et vice-versa ! Attention : un réseau ne se décrète pas. Ce sont ses membres qui doivent avoir l'envie de le faire vivre et de partager leurs connaissances. »

Car les clignotants d'alerte s'allument dans de multiples sphères : baisse des résultats scolaires, absentéisme, isolement, rejet, avant l'anorexie, la plongée dans des violences... « Si aucun adulte de leur entourage ne réagit, l'adolescent ira toujours plus loin, constate Sylvaine Boige-Faure. La réponse aux problèmes est plurielle : elle passe par la prévention, la répression, le soin, la solidarité, l'éducation... Il faut parfois tout faire à la fois ! »

Après leur cycle initial de formation, les nouveaux adultes-relais sont invités à des rencontres d'échanges au Point relais Oxygène. À leur demande, ce dernier peut intervenir dans des débats organisés sur le terrain. Des conférences thématiques sont également programmées chaque trimestre. Enfin, chacun est invité à relater ses expériences dans le journal biannuel La Ficelle.

Contact

Direction municipale des affaires sociales et de la santé publique

1, place Louis-Le Cardonnel 26000 Valence. Tél. : 04 75 79 22 11 dassp@mairie-valence.fr

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