Les malaises - L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009

 

urgence

Conduites à tenir

Quels qu'en soient les symptômes, la recherche des causes est incontournable.

DÉFINITION

Le malaise se définit par des sensations mal définies à type de faiblesse générale, de dégoût, de nausées et de vertiges.

- La lipothymie est une impression de perte de connaissance, accompagnée d'une sensation d'angoisse, de pâleur, de sueurs, d'acouphènes et de troubles de la vision.

- La syncope peut précéder la perte de connaissance (perte de connaissance qui durera moins de trois minutes) ou rester isolée. La symptomatologie est riche et variée : fatigue extrême, brouillard visuel, acouphènes, étourdissement, oppression respiratoire, palpitations, sueurs...

- La perte de connaissance se caractérise par une absence totale de réponse à une stimulation verbale ou physique. Elle dure au minimum trois minutes.

BILAN

Attention, un malaise peut induire un traumatisme (ex. : accident de la voie publique suite à une douleur thoracique). À l'inverse, un traumatisme peut engendrer un malaise (ex. : malaise vagal suite à une douleur intense de fracture). Dans tous les cas, on recherchera une cause et on ne se focalisera pas sur un ou des symptômes !

On peut s'aider du bilan pour orienter la typologie du malaise :

- On recherchera le motif de l'appel (perte de connaissance, convulsions...).

- On relèvera l'âge et le sexe du patient.

- On examinera : la conscience (Glasgow, signes neurologiques en foyer), la ventilation (cyanose, FR (1), amplitude et régularité, SaO2), la circulation (pouls, TA des deux bras, électrocardiogramme), la glycémie, la température, une pâleur...

- On recherchera des douleurs ou des plaintes (localisation, intensité, type).

- Pour le malaise proprement dit, on demandera depuis quand il est apparu, comment (prodromes, symptômes), dans quelles circonstances (alcoolisation, effort, repos, à jeun...), est-ce la première fois ? et y a-t-il des antécédents et/ou des traitements en cours (observance) ?

- Y a-t-il une traumatologie associée (morsures de langue, plaies, fractures...) ?

ACTION À MENER

- Effectuer le bilan ci-dessus.

- Demande de renforts si besoin.

- Dans tous les cas, allonger la victime. Si elle est inconsciente, effectuer la libération des voies aériennes et la mise en PLS.

- Administrer de l'oxygène si besoin.

- Si vous êtes en présence d'un arrêt cardio-respiratoire : réaliser une réanimation cardio-pulmonaire.

- On peut aussi surélever les jambes afin de mobiliser le sang vers les organes nobles et assurer une précharge suffisante (surtout lorsque l'on est en présence d'une hypotension artérielle).

- Une position antalgique peut être proposée (si douleur thoracique ou difficultés respiratoires : position demi-assise ; si douleurs abdominales : jambes repliées...).

- Prendre en charge les traumatismes associés.

- Selon votre mode et lieu d'exercice, une thérapeutique pourra être mise en place, par exemple la pose d'une voie veineuse périphérique et l'administration du médicament qui vous aura été prescrit.

MALAISE VAGAL

Se caractérise par un facteur déclenchant « émotionnel », douloureux, orthostatique ou mictionnel. Des prodromes annoncent le malaise avec des sensations de types nausées, sueurs, flou visuel... Les signes les plus courants sont l'hypotension, les sueurs et la bradycardie. La position couchée, jambes surélevées, améliore nettement les symptômes.

MALAISES D'ORIGINE PSYCHOGÈNE

Ils se caractérisent par l'apparition du malaise en présence de témoins, avec plus ou moins de théâtralité ; une symptomatologie à type de spasmophilie (hyperventilation, angoisse et paresthésies) ou de perte de connaissance (à ceci près que la victime résiste à l'ouverture des paupières et/ou évite la chute de son propre membre supérieur sur le visage...).

ÉPILEPSIE

La prise en charge thérapeutique ne sera pas la même (introduction ou non d'anticonvulsivant) face à un patient en crise ou en post-crise. Dans le cas d'un épileptique connu, il sera intéressant de se renseigner sur l'observance du traitement et sa phase (ajustement ou traitement de fond). Bien sûr, on recherchera les signes classiques mais non systématiques de morsure du bord latéral de la langue, d'écume au bord des lèvres, de cyanose, de perte d'urine et de phase post-critique avec fatigue persistante.

AVC ET AIT

Les accidents vasculaires cérébraux et la pathologie tumorale s'accompagnent exceptionnellement de syncopes. Le bilan recherchera des troubles de la conscience ou de la parole (aphasie) associés à des signes de localisation (paresthésie, hemiparésie, hémiplégie...).

ORIGINE CARDIAQUE

Qu'il soit d'origine mécanique obstructif, angoreux, rythmique ou conductif, le malaise « cardiaque » doit toujours faire l'objet d'un monitorage cardiaque (scope, PNI, ECG, SaO2). La recherche d'antécédents, de traitements et d'un suivi cardiologique est importante pour établir une anamnèse aussi complète que possible.

1- Quelques sigles... AIT : accident ischémique transitoire ; AVC : accident vasculaire cérébral ; FR : fréquence respiratoire. PLS : position latérale de sécurité. PNI : pression non invasive ; SaO2 : saturation en oxygène.

Bibliographie

- « Les malaises du point de vue du cardiologue », Pierre Mélon, Urgence pratique n° 87, mars 2008.

- « Prise en charge d'un malaise avec ou sans perte de connaissance aux urgences », François Bertrand, Urgence pratique n° 82, mai 2007.

- « Perte de connaissance en médecine préhospitalière », Richard Domergue, Urgence pratique n° 55, novembre 2002.

- « Malaise, lipothymie, syncope, perte de connaissance », de Bernard Grosbois (http://www.med.univ-rennes1.fr/resped/ cmg/malaise.html).