Objections à l'injection - L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009

 

Grippe A (H1N1)

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De nombreux soignants pourraient refuser de se faire vacciner.

Alors que 94 000 doses de vaccin ont été commandées par le gouvernement français pour un montant d'un milliard d'euros, et à la veille du début des premières campagnes de vaccination contre la grippe A(H1N1), des voix de professionnels de santé s'élèvent pour inciter à la prudence, voire au refus d'y participer.

Effets secondaires ?

Les résultats d'une enquête menée par l'Espace éthique de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), réalisée du 27 juillet au 6 septembre 2009, révèlent que 9,6 % des 4 600 professionnels de santé interrogés « sont sûrs de ne pas se faire vacciner ». Et près d'un tiers (28,6 %) ne sont « pas sûrs de l'option qu'ils prendront ». Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a quant à lui adressé un questionnaire début septembre à plus de 12 000 infirmières. Sur les 2 074 répondantes, 63 % refusent de se faire vacciner. 11 % n'ont pas encore pris leur décision.

Les réticences sont largement liées aux incertitudes sur les effets secondaires de l'adjuvant associé au vaccin. Carmen Kreft-Jaïs, chef du département de pharmacovigilance de l'Afssaps, a reconnu fin août que l'on ne disposait encore que de peu de recul sur l'utilisation à grande échelle de ces vaccins pandémiques. Les détracteurs d'une campagne de vaccination de masse rappellent qu'en 1976, lors d'une épidémie de grippe H1N1 aux États-Unis, 532 cas de syndrome de Guillain-Barré ont été identifiés sur 48 millions de personnes vaccinées. Vingt-cinq décès seraient attribuables au vaccin.

La réticence des soignants à se faire vacciner contre la grippe n'est pas nouvelle. On estime à un peu moins d'un tiers le nombre de professionnels de santé qui se vaccineraient chaque année. Pourtant, c'est sur la notion de protection collective des malades les plus fragiles qu'il s'agit de débattre, et non sur celle de protection individuelle du soignant. Pour faire écran à toute poursuite éventuelle, les laboratoires américains bénéficient depuis le 15 juin d'une immunité juridique accordée par le gouvernement des États-Unis dans le cadre de la législation sur les urgences publiques, qui inclut la pandémie grippale.

En France, les autorités sanitaires travaillent actuellement à l'organisation du dispositif de vaccination qui sera mise en oeuvre de manière collective dans des centres ad hoc. Certains préfets (tels ceux de Paris, d'Amiens ou de Montpellier) ont décidé de faire appel aux volontaires parmi les professionnels de santé, y compris les retraités, afin d'organiser une campagne de vaccination « de masse ».

Les tests continuent

Les autorisations de mise sur le marché des vaccins devraient arriver à la mi-octobre. La commissaire européenne à la Santé, Androulla Vassiliou, a déclaré le 16 septembre que la vaccination était un « élément essentiel de la stratégie de l'Union européenne dans la lutte contre la pandémie ». Souhaitant rassurer tout le monde, l'Organisation mondiale de la santé a déclaré que les tests d'innocuité et d'efficacité devraient continuer même après le début des campagnes de vaccination.