Un « planning-car » en campagne

« Si tu ne vas pas au planning, il ira à toi »... Ce pourrait être le slogan du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), qui s'est équipé en Auvergne d'un outil d'information nomade : un camping-car ! Prévu pour desservir la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, le Cantal et l'Allier, il change de département tous les trois mois. « C'est le conseil régional qui l'a acheté et qui s'est engagé à couvrir ses coûts de fonctionnement pour une première période de trois ans, jusqu'à fin 2009 », explique Sylvie Ferreira, conseillère conjugale auprès de l'association. « Notre réseau couvre déjà bien les villes, grâce à ses antennes fixes. Mais nous souhaitions toucher davantage les campagnes. C'est ce que nous pouvons faire maintenant grâce à ce "planning-car" : il a été décoré par une artiste, de manière à être facilement reconnu et repérable. »

Lycée agricole

Ce midi, par exemple, le planning-car s'est arrêté sur le parking du lycée agricole des Combrailles, à Saint-Gervais-d'Auvergne (Puy-de-Dôme). « Nous sommes venus sur l'invitation de l'infirmière scolaire, précise Sylvie Ferreira. Les élèves savent qu'ils peuvent monter à bord s'ils veulent des renseignements en matière de sexualité, de contraception, de maternité, ou encore de problèmes de violence dans les rapports amoureux... »

« Le nouveau truc »

Et visiblement, ça marche, comme le prouvent les visites qui s'enchaînent... Dont celle d'un groupe de six demoiselles, priées de s'installer sur la banquette arrière. Elles voudraient savoir « où l'on peut faire le test du sida ». Sylvie Ferreira leur détaille les possibilités. Ont-elles d'autres interrogations ? « Oui, est-ce que le nouveau truc, la contraception par implant, ça fonctionne bien ? Ça ne fait pas grossir les seins ? » D'autres questions concernent la pilule (« Est-ce grave si on l'oublie ou si on ne la prend pas à heure fixe ? Pourquoi certaines sont remboursées et d'autres pas ? »).

À la fin de leur visite, elles repartent avec de la documentation et des préservatifs. Sont-elles satisfaites de cette consultation ? « Oui, le camping-car est un lieu intime, discret. On n'aurait pas osé demander ça à l'infirmière du lycée, de peur que ça se sache... Et puis, c'est mieux que les réponses que l'on trouve sur Internet car là, nous sommes sûres de la validité des informations. »

« La sexualité est un sujet encore tabou, constate Sylvie Ferreira. Mais les jeunes ruraux sont moins gênés pour en parler que les jeunes citadins. Malheureusement, comme ces derniers, ils ont beaucoup de relations sexuelles non protégées : leur génération ne se sent pas concernée par le sida ! Je vois aussi des jeunes filles qui ont peur d'une grossesse non désirée. On a conservé les toilettes du camping-car pour pouvoir pratiquer des tests urinaires à bord... Parfois, on parle d'IVG. Mon rôle est d'orienter ces jeunes, de les accompagner dans leur prise de décision. »

Réseaux d'adultes

Le camping-car vise aussi les adultes. « Au marché de Saint-Gervais-d'Auvergne, j'ai parlé de ménopause et de contraceptifs féminins », explique Sylvie Ferreira. L'association profite de ses déplacements pour essayer de créer des réseaux d'adultes-relais. Le premier a vu le jour à Ambert (Puy-de- Dôme). Des permanences sur la sexualité sont désormais organisées au point d'information jeunesse. « Un public de tout âge peut s'y rendre, commente Sylvie Ferreira. À l'usage, cependant, on s'aperçoit que ce sont les 15-20 ans qui sont les plus demandeurs d'informations. » Le lieu fonctionne grâce à un groupe local d'une douzaine de personnes. Parmi les bénévoles se trouvent par exemple la sage-femme et l'assistante sociale de l'hôpital d'Ambert, un conseiller pédagogique d'éducation, ou une infirmière scolaire à la retraite. L'ouverture d'une autre permanence dans les Combrailles est envisagée... et l'astucieux planning-car pourrait bien faire des émules : « D'autres régions semblent intéressées par notre expérience », assure Sylvie Ferreira.