Une ville sur le qui-vive - L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 253 du 01/10/2009

 

Grippe A(H1N1)

Actualités

Santé

Pour les municipalités, anticiper la pandémie grippale requiert une solide organisation. Le point à Montrouge (92) avec Anne Belheur.

Élue de Montrouge, vous en êtes la maire adjointe déléguée à la santé et au personnel. La ville se prépare-t-elle depuis longtemps à la survenue d'une pandémie ?

En 2006, nous avons déjà eu la chance de réaliser un exercice de simulation de la grippe aviaire, qui avait été très bien organisé. Pour une commune de 45 000 habitants comme la nôtre, qui emploie environ 1 200 agents, cela signifiait plusieurs choses. Le port de masques FFP2 et de combinaisons par certains agents, et la mise au point d'un plan de continuité de l'activité des services communaux pendant une pandémie. Cet exercice extrêmement rigoureux s'est effectué à taille réelle.

Ainsi, quand le risque d'une nouvelle pandémie (cette fois-ci avec le virus H1N1) s'est fait sentir, nous avons réaménagé ce plan en fonction de la nature du virus. Nous avons donc allégé certaines des procédures du plan précédent, car le H1N1 est moins pathogène. Même si on anticipe un grand nombre de personnes malades, cela va s'étaler sur cinq à six mois, et cela signifie que pas plus de 20 % des effectifs seront touchés au même moment.

Concrètement, quels moyens mettrez-vous en place ?

Nous ne gérons ni les écoles ni les collèges-lycées, placés sous l'égide de l'Éducation nationale. La préfecture réfléchit à des équipes mobiles de vaccination qui pourraient intervenir dans les écoles. En revanche, au niveau des crèches par exemple, nous disposons de 300 collaborateurs mobilisables. Le plan de continuité des services est la colonne vertébrale du plan, et est adapté en fonction des projections.

Notre mission sera de faire fonctionner un centre de vaccination intercommunal avec Châtillon (2), selon les recommandations des pouvoirs publics. Les centres de vaccination seront des espaces vastes, dépendants des communes. Les centres de santé, de leur côté, resteront dédiés aux soins. Le centre aura une capacité de vaccination de 360 personnes toutes les quatre heures par une équipe soignante. Quatre équipes de quinze personnes chacune se relaieront. Elles seront composées d'un tiers de personnel administratif, et de deux tiers de soignants avec, a priori, une importante proportion d'infirmières.

Dès que nous recevrons les vaccins, qui n'ont pour l'instant pas encore reçu l'autorisation de mise sur le marché, nous avertirons la population. Les centres de vaccination devraient être opérationnels à partir de la fin du mois de septembre. Nous avons déjà reçu les masques fin juillet.

Quel est votre sentiment à propos de cette pandémie éventuelle ?

Le plan s'affine un peu plus chaque semaine, selon les informations que nous recevons. Je pense que les pouvoirs publics ont raison de s'organiser car ce virus est comme sur une autoroute, puisqu'il ne rencontre pas de barrière immunitaire. Même si nous parvenons à éviter une pandémie, je pense que c'est une bonne répétition générale et que nous pourrons tirer des enseignements de cette organisation.

Existe-t-il d'autres questions de santé que vous souhaiteriez prioritairement prendre en charge, hormis le virus H1N1 ?

Je souhaiterais mettre en place une consultation de dépistage de l'insuffisance rénale chronique afin que les personnes concernées puissent être prises en charge à temps et ne soient pas obligées d'aller en dialyse. J'aimerais aussi étendre le parc de défibrillateurs au parc HLM de la ville. Enfin, je voudrais pouvoir faire vacciner gratuitement les jeunes filles de Montrouge contre le papillomavirus.

1- Chef-lieu de canton situé dans les Hauts-de-Seine, juste au sud de Paris.

2- Ville voisine de Montrouge.