Vivre l'instant présent... - L'Infirmière Magazine n° 255 du 01/12/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 255 du 01/12/2009

 

Alzheimer

Du côté des associations

Depuis 2005, l'association France Alzheimer Aloisir accueille, dans un « esprit club » chaleureux et convivial, les personnes au stade précoce de la maladie.

christian est bénévole ; il mime des deux mains un battement d'aile. « Rossignol de mes amours... », fredonne avec entrain une animatrice. Bienvenue à France Alzheimer Aloisir ! À Villeurbanne, deux fois par semaine, le cercle Marcel-Brunot héberge en ses murs cet atypique accueil de jour, émanation de France Alzheimer Rhône.

Une douzaine de personnes, au stade précoce de la maladie, viennent y partager, durant une journée, une série d'activités. « Généralement, explique la psychologue encadrante, Sophie Vital Durand, nous démarrons par la lecture du journal. L'année et la date les ancrent dans le réel. Quant à l'actualité, elle les renvoie à des liens avec l'extérieur ou à leurs souvenirs... » S'ensuivent, en groupe, selon la saison et la météo, des jeux stimulant la mémoire, des sorties à pied, des séances de ping-pong, pétanque ou piscine, chant, diverses activités manuelles...

premier maillon

« Ici, explique Nicole Néel, l'initiatrice du projet, actuellement administratrice de France Alzheimer Rhône, nous recevons des gens valides, qui prennent plaisir à participer et à communiquer. La stimulation passe essentiellement par le groupe. Je suis aussi persuadée que le rire, l'humour et l'affection leur font du bien... Dans les premières années de leur maladie, certains patients ont en effet tendance à se replier sur eux-mêmes et à déprimer. Ils ne peuvent, par exemple, plus participer à leur habituel club de belote, parce que leur mémoire les trahit. Des amis s'écartent d'eux... France Alzheimer Aloisir leur offre une première prise en charge, dans un esprit "club", au sein d'un milieu ouvert. Les repas ont, par exemple, lieu au restaurant collectif. Et, une fois par mois, les adhérents du cercle Marcel-Brunot invitent notre groupe à partager leur thé dansant. »

stimuler la mémoire

Démonstration : débarrassant avec prestance les messieurs de leur canne, Nicole Micand n'a pas son pareil pour les entraîner dans la danse ! Après une carrière d'infirmière, passée dans des services très divers, elle est devenue animatrice du club Aloisir. « Au démarrage de mon atelier de gymnastique douce, se souvient-elle, certains étaient incapables de lever un bras... Maintenant, ils suivent tous les mouvements, ils sentent à nouveau leur corps. Il faut maintenir leur mémoire corporelle et sensorielle, jouer sur l'odeur, la vue, le toucher, l'équilibre et sur ce qu'ils ont su faire dans le passé, puisque la maladie s'attaque d'abord à la mémoire la plus récente... Tout en veillant à ne pas les angoisser, ni les mettre en difficulté. »

Les différentes activités se déroulent avec un si grand naturel et dans une telle joie de vivre que ce n'est qu'en demeurant un long moment avec eux qu'on s'aperçoit progressivement de certaines petites « attentions » qui entourent le groupe. Ainsi ces nombreux rappels de l'emplacement des toilettes, ces verres étiquetés aux noms de chacun...

En outre, la psychologue se rapproche de ceux qui demeurent davantage isolés, ou prend soin de ne laisser que deux feutres à la disposition d'une dame qui semblait paniquer en s'en voyant attribuer une vingtaine... Sans parler de Christian qui, avec une patience infinie, tâche éternellement de calmer l'angoisse d'un participant, anxieux de savoir si son épouse viendra bientôt le chercher...

prérarer la transition

« Nous préparons aussi leur sortie du club », reconnaît à ce propos Nicole Néel.

« Quand ils deviennent trop irritables ou monopolisent l'attention de l'équipe, nous aidons leur famille à leur trouver une autre structure, davantage centrée sur un accueil individualisé. Nous essayons de lisser le plus possible la transition, sur une période d'un à deux mois. Je me souviens, par exemple, d'un monsieur qui n'a accepté de rentrer en institution qu'à condition de pouvoir continuer à partir en vacances avec ses enfants et de revenir parfois ici, à son club. »

« Cette expérience m'a appris deux choses, conclut Nicole Néel. J'ai constaté qu'au stade précoce de la maladie, les gens possèdent encore de très fortes capacités à stimuler et même à développer. C'est ce à quoi nous entendons nous employer, sans abandonner l'esprit de convivialité qui nous caractérise. »

France Alzheimer Aloisir fonctionne 4 jours par semaine, sur deux sites différents du Rhône, à Villeurbanne (cercle Marcel-Brunot) et à Dardilly.

L'accueil de jour est placé sous la responsabilité de Bertrand de Vaux.

Téléphone : 06 45 90 31 66.

Contact

France Alzheimer Rhône

5, place d'Ainay,

69002 Lyon

Tél. : 04 78 42 17 65

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