« Génération prévention »

Leur stand de prévention est toujours situé stratégiquement : proche des accès, pour être mieux repéré sur les milieux festifs. L'espace est « ludique et interactif » et propose de tester des lunettes de simulation d'ébriété ou un jeu sur le cannabis...

Avenir et Santé, association présente dans sept régions (1), entend mener « une démarche de prévention positive », comme le souligne Florence Urvois, la coordinatrice prévention de l'antenne de Nantes. Son credo ? « La prévention par les jeunes pour les jeunes ». « Nous ne sommes pas là pour les culpabiliser, mais pour les aider à se responsabiliser, à prendre les bonnes décisions qui leur éviteront de courrir des risques personnels et d'en faire prendre aux autres », précise-t-elle.

Identification

Lors des galas étudiants, en boîtes de nuit, pendant des manifestations culturelles, cette jeune association, créée il y a dix ans par des étudiants de pharmacie de Lyon, met en avant un dispositif innovant qui repose avant tout sur la présence de bénévoles. « Quand on est entre jeunes, c'est plus facile de faire passer l'information sur les risques associés à l'alcool, estime Marjolaine Blandin, 21 ans, une des 24 bénévoles de l'antenne nantaise. Il y a une identification au bénévole possible. » Par la proximité de l'âge bien sûr, mais aussi par le biais de son expérience récente. « J'ai connu des soirées un peu arrosées, même si j'ai toujours été dans une consommation raisonnée... », raconte Marjolaine. élodie Morvan, 23 ans, est venue à Avenir et Santé car elle avait une « sensibilité » sur la question. « Je ne consomme pas d'alcool, précise cette jeune femme qui effectue son service civil volontaire. Mais, j'ai toujours été la première à être attentive quand l'un de nous reprenait le volant. »

Alcool, cannabis...

Bien entendu, le vécu de chaque bénévole influence son engagement et sa manière d'aborder les situations. « Au début de mon engagement, se souvient élodie, j'ai été surprise de constater qu'on a beau argumenter pour faire prendre conscience des risques, certaines personnes refusent de laisser leur voiture ou même le volant à un ami. Il n'est pas évident de comprendre pourquoi on peut préférer prendre un tel risque ! »

Voilà ce qui fait la force et l'originalité d'Avenir et Santé : être une « association de terrain », « concrète », utilisant différents outils pour « s'adapter aux jeunes »... Ce positionnement clairement revendiqué sur leur site Internet (2) doit favoriser l'approche d'un public parfois réticent dès lors qu'une action de prévention est le fait de professionnels de santé. « Les jeunes d'aujourd'hui forment une génération prévention, estime Florence Urvois. Elle est tout à fait consciente des risques, mais, malgré tout, une partie d'entre elle au moins a besoin de tester ses limites et de prendre des risques. En n'étant pas moralisateurs, en allant sur les lieux festifs et en formant au préalable nos bénévoles, on offre la possibilité d'aborder avec d'autres jeunes toutes les questions liées à la consommation d'alcool, de cannabis et autres drogues, ou à la sexualité. »

Service d'addictologie

Avenir et Santé veut être complémentaire des actions déjà existantes. En Loire-Atlantique, par exemple, elle s'est implantée à la demande de la préfecture, au moment de la signature du plan alcool entre l'État et la ville de Nantes. Aujourd'hui membre du comité technique de ce plan, l'association a signé une convention avec la ville pour coordonner le volet étudiant de ce dispositif. Dans ce cadre, elle travaille avec les organisateurs de soirée pour les former à la prévention et à la réduction des risques, et mettre en place des actions de prévention : une offre de boissons adaptée avec un écart de prix significatif entre boissons alcoolisées et non alcoolisées, mise à disposition d'eau, présence de matériels comme des éthylotests et des préservatifs.

Par cette démarche, Avenir et Santé met en place un dispositif de première intention qui permet d'orienter au besoin les jeunes les plus en difficulté vers d'autres structures comme la Maison des adolescents, le service d'addictologie du CHU ou le Triangle, un centre spécialisé de soins aux toxicomanes.