L'Infirmière Magazine n° 256 du 01/01/2010

 

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Suppressions de postes, heures sup' à gogo, bouleversement des plannings, fermetures de services... la colère monte à l'AP-HP.

Les salariés de l'ap-hp sont au bout du rouleau et dénoncent des normes de sécurité non respectées dans les soins. Ils l'ont fait savoir par une conférence de presse le 11 décembre devant le siège de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. « Nous en sommes à la troisième purge : plus de 2 500 postes en 2008, plus de 700 postes en 2009, et bientôt 1 100 postes en 2010. Et on nous a annoncé 4 700 autres postes d'ici 2014. Nous ne connaissons que le projet médical global, nous n'avons pas d'informations de la direction hôpital par hôpital, note Rose-May Rousseau, secrétaire générale de la CGT-APHP. Sous couvert de modernisation, c'est une restriction des soins touchant les plus précaires qui est organisée. »

Colère des médecins

L'hôpital Ambroise-Paré (92) a entamé une grève le 23 novembre dernier pour dénoncer le manque permanent d'effectifs. Le 2 décembre, le personnel des urgences de l'hôpital Tenon (75) a rejoint le mouvement et déclaré : « Avec 25 infirmiers sur 42 [l'effectif normal du service], les moyens humains et matériels sont insuffisants compte tenu de la charge de travail croissante. La qualité des soins et la surveillance des patients sont remises en cause quotidiennement. »

À l'heure où nous écrivions, les urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou (75) étaient en grève depuis le 14 décembre, tout comme le service de neurochirurgie de l'hôpital Henri-Mondor (94) depuis le 16, et un préavis était déposé dans le service de médecine interne de Bicêtre (94). À Saint-Louis, les personnels de la crèche étaient en grève pour réclamer les effectifs suffisants pour respecter les normes de sécurité.

Pas moins de 904 signatures, qui sont autant de menaces de démissions, ont été réunies par la pétition de soutien à Pierre Coriat, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP.

Bernard Granger, l'un des responsables du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP), a précisé lors de l'assemblée générale du 15 décembre que parmi ces 904 signatures, on comptait « 31 présidents de comités consultatifs médicaux sur 37, 118 chefs de pôle sur 175, et 426 chefs de service ». Une motion votée quasiment à l'unanimité a approuvé l'engagement du président et du vice-président de la CME, des présidents de CCM et des chefs de pôle à démissionner « si des emplois de soignants médicaux et non médicaux sont supprimés sans justification médicale ».

Suicides au sein du personnel

De nombreux suicides et tentatives ont tristement marqué l'AP-HP ces derniers mois. Voici quelques-uns des cas signalés par les syndicats.

- Juillet 2008 : suicide d'une cadre de 34 ans à l'hôpital Bichat.

- Juin 2009 : tentative de suicide d'une infirmière de l'hôpital Saint-Louis.

- 13 septembre : suicide d'un interne anesthésiste de Lariboisière, âgé de 32 ans.

- 9 octobre : tentative de suicide d'une infirmière de l'hôpital Robert-Debré.

- Début décembre : tentative de suicide d'un agent de centre hospitalier René-Muret (Sevran, 93).

Source : syndicats de l'AP-HP.