pédiatrie
Conduites à tenir
L'intoxication chez l'enfant est une urgence fréquente avec près de 50 000 cas par an en France. La tranche d'âge de 1 à 5 ans est la plus exposée car ces enfants sont portés vers « l'exploration », portant tout à leur bouche, sans conscience du danger.
La petite enfance est l'âge de prédilection des accidents d'ingestion de substances toxiques : de par son développement physique, psychomoteur et affectif, l'enfant court un certain nombre de dangers en relation avec sa croissance corporelle, l'acquisition de son autonomie, le besoin d'imitation et les conduites d'opposition qui le conduisent à des comportements à risque s'il échappe à la vigilance de l'adulte. Quelle que soit sa classe sociale, le petit garçon est plus exposé que les fillettes aux accidents d'ingestion, mais aussi à tous les autres accidents domestiques. Heureusement, dans la majorité des cas, l'adulte est témoin de l'intoxication accidentelle, et la quantité de produit ingéré reste faible.
En dehors des intoxications à caractère familial (intoxications alimentaires ou inhalation de gaz toxique comme l'oxyde de carbone), la pathologie varie selon les produits toxiques que l'enfant trouve à sa portée.
Les médicaments représentent plus de la moitié des intoxications, spécialement chez les plus jeunes. Les produits incriminés sont les remèdes destinés à l'adulte, utilisés quotidiennement, et donc laissés à disposition par commodité : seulement un foyer sur 4 possède une armoire à pharmacie placée en hauteur et fermée à clef... malgré la connaissance des risques ! Les médicaments le plus souvent retrouvés sont les anxiolytiques et antidépresseurs (plus de 30 % des cas) ; les antihistaminiques ; les antipyrétiques ; les tonicardiaques ; les contraceptifs ; les sirops pour affections ORL et les produits à usage externe comme les pommades, collyres et lotions. Cependant, la gravité reste modérée car l'intervention rapide de l'adulte empêche l'absorption massive du produit : l'hospitalisation concerne un quart des enfants pour une durée de moins de 48 heures.
Moins fréquentes, les intoxications ménagères représentent un quart des ingestions accidentelles. Certains produits sont avant tout irritants pour la paroi digestive mais peu dangereux : l'eau de javel diluée, les produits de lavage à la main.
Les caustiques sont beaucoup plus nocifs, étant corrosifs à cause de leur forte acidité ou alcalinité : il s'agit des déboucheurs de canalisations, des produits décapants ou détartrants, des détachants pour le linge et des lessives en machine. Les dérivés pétroliers (solvants) sont particulièrement redoutables, ainsi que les substances à base d'alcool éthylique (boissons) ou méthylique (combustibles) car leur absorption détermine des effets secondaires à distance.
Les produits cosmétiques ont une toxicité modérée, sauf s'ils contiennent les substances ci-dessus mais les savons et liquides lavants comportent un risque pour les voies respiratoires par leur pouvoir moussant asphyxiant.
Les substances chimiques de nombreux végétaux possèdent des principes actifs (utilisés en pharmacologie) responsables de réactions allergiques, d'irritations digestives, de troubles cardio-vasculaires ou neurologiques. Leur toxicité est variable selon la plante concernée et l'ampleur du contact : frottement, mâchage ou ingestion.
Parmi les plantes d'intérieur, le dieffenbachia picta et le poinsettia sont les plus connues.
Il faut se méfier au jardin du laurier-rose, du muguet, des pois de senteur ainsi que de la plupart des baies. Une liste des plantes toxiques est disponible dans la plupart des pharmacies ou sur Internet (1).
Elle est extrêmement variable et dépend du toxique, de la quantité ingérée, de la sensibilité au produit, de la proximité d'un repas, du délai écoulé depuis la prise...
À cause de la voie d'introduction, les premiers signes sont souvent digestifs : salivation, nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales ; mais aussi allergiques avec réaction locale du type oedème.
Puis l'absorption gastro-intestinale entraîne des signes neurologiques, viscéraux et hématologiques, ce qui explique la difficulté à retrouver la cause de l'intoxication si l'ingestion est méconnue.
> NE RIEN FAIRE sans un avis médical du centre antipoison régional ou des services d'urgence ; ne pas faire boire.
> Donner l'âge et le poids de l'enfant, le nom du produit et la quantité supposée avalée, l'heure probable de l'absorption et du dernier repas, l'état clinique de l'intoxiqué.
> En fonction de ces données, il sera décidé soit une surveillance simple (produit ou dose non nocifs), soit une consultation médicale pour évacuation gastrique après vomissements provoqués, sur indication précise, si la substance peut être évacuée sans majoration des lésions.
> Dégager les éventuels résidus de la bouche et coucher l'enfant en position latérale de sécurité (PLS).
> Alerter le Samu et observer les fonctions vitales : respiration, battements cardiaques.
> Pratiquer le bouche à bouche et le massage cardiaque en cas d'arrêt cardio-respiratoire.
Rien ne remplace la surveillance de l'adulte, complétée par une rigueur sans faille sur la mise hors de portée de toute substance potentiellement dangereuse à proximité des enfants.